Discours Royal

18ème discours du trône : les points forts

À l’occasion du 18ème anniversaire de la Fête du Trône, SM le Roi Mohammed VI a adressé un discours à la nation. Un discours aux messages virulents, forts et clairs. Le résumé des analyses des experts de MFM ayant intervenu dans l’émission spéciale consacrée au Discours Royal.

Mohamed El Khomssi a retenu 5 grands messages véhiculés par le Discours de SM le Roi. Le premier est la grande disparité entre le secteur public et le secteur privé, le premier est rapide est efficace ; ce qui est à l’opposé du deuxième. Le professeur de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès a noté que le Monarque souhaite que les deux secteurs évoluent à la même vitesse et déplore que l’administration retarde le développement. Pour lui, ce discours constitue un facteur d’émulation pour le secteur public pour rattraper le secteur privé. Le premier, regrette SM le Roi, devrait servir de modèle au deuxième, et non le contraire. Parmi les tares de l’administration relevées par le discours, il y a le manque de créativité et d’initiative ce qui a résulté à cette différence de niveaux entre les deux secteurs. Mohamed El Khomssi a donné l’exemple de la lenteur d’adoption des lois. Cela démontre que l’administration est aujourd’hui dépassée par la réalité, note l’expert.

Le deuxième message est la mentalité opportuniste des politiciens qui se cachent derrière le Palais Royal en cas d’échec. Cette réalité est désormais connue des Marocains, comme la souligné Sa Majesté qui a adressé dans ce sens un message direct aux responsables : soit accomplir pleinement son devoir, soit démissionner.

Le troisième a évoqué l’article premier de la constitution concernant la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. Prenant comme exemple les événements de Al Hoceïma, le Souverain a imputé la responsabilité aux partis politiques qui n’ont pas su communiquer efficacement avec les citoyens. S’ils avaient pleinement rempli leurs devoirs, ces événements auraient pu être évités. Autre point soulevé pas le discours, l’erreur préjudiciable d’adopter une approche sécuritaire pour faire face au Hirak. L’idée selon laquelle le Maroc est gouverné par l’appareil sécuritaire est erronée. Au contraire, le rôle des forces de l’ordre est de veiller à la sécurité des citoyens. Or, à Al Hoceïma, les citoyens se sont retrouvés confrontés à l’appareil censé les protéger.

Le quatrième message souligne qu’il n’y pas de distinction entre les régions. L’expert souligne qu’il y a des régions qui souffrent du manque d’infrastructures plus que Al Hoceïma. Cela ne veut pas dire que l’on doit accorder plus d’importance à une région sur une autre.

Le dernier message est le processus de démocratisation dans lequel s’est engagé le Royaume. Ainsi, SM le Roi Mohammed VI a insisté dans son discours que le Maroc a entamé cette transformation et qu’il n’y a plus de retour en arrière. L’expert voit dans ce message un signal fort adressé aux responsables.

Pour sa part, Zahereddine Taybi a retenu que le Souverain a adressé un avertissement au secteur public en mettant le doigt sur les problèmes dont il souffre. SM le Roi, poursuit l’expert, a affirmé qu’il a perdu confiance dans les partis politiques. Que reste-t-il donc au peuple ? Cette interrogation émanant du Souverain devrait pousser les formations à changer de méthode de travail, estime Zahreddine Taybi qui souligne que le Maroc fonctionne suivant deux variables : la vitesse Royale et la vitesse politicienne. Cette dernière profite de l’économie de rente et est gangrénée par les conflits politico-politiques. Le Roi a été clair sur ce point : soit on est capable d’assumer ses responsabilités, soit on démissionne. L’expert a précisé que le Maroc a plus que jamais besoin d’une élite politique cultivée, d’améliorer le développement humain, la santé… Tout cela nécessite la concertation des efforts.

Zahreddine Taybi a aussi retenu que le discours a clairement explicité qu’il faut sanctionner ceux qui enfreignent la loi. Le Roi, ajoute le docteur ès sciences juridiques et politiques, a rappelé qu’il est le garant de l’application de la constitution et protecteur des institutions ; il protège ainsi les citoyens des erreurs des élus et des ministres. Zahreddine Taibi en a conclu que Sa Majesté signifie aux responsables que la démission reste plus honorable que la destitution. Il souligne que le Roi Mohammed VI fait du mieux qu’il peut pour répondre aux doléances des citoyens mais qu’il ne peut pas tout faire. Sinon, quel est le rôle des élus censés servir l’intérêt général, se demande l’expert. La corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes et la déclaration de patrimoine finiront par donner des résultats probants, estime Zahreddine Taybi.

Concernant les partis politiques, l’expert juge qu’après ce discours, il ne leur est plus permis de se soustraire de leurs responsabilités en se retrancher derrière le Palais Royal.  Tout comme Mohamed El Khomssi, Zahreddine Taybi souligne que les événements de Al Hoceïma reflètent cette réalité. Aucun politicien ne s’est exprimé sur le Hirak. Pire, les partis politiques n’ont pas réussi à influencer, persuader et renouveler leurs appareils.

De son côté, Driss Al Andaloussi a soulevé que SM le Roi Mohammed VI a clairement signifié qu’il veille à la séparation des pouvoirs. Mais en cas de manquement, le Souverain ne manquerait pas d’intervenir.

Autre point retenu par l’expert en finances publiques, la comparaison entre le secteur public et le secteur privé. Dans les années 1980, se rappelle Driss Al Andaloussi, les cadres du secteur privé sollicitaient l’assistance de leurs homologues du secteur public. De plus, les grands responsables opérant dans le secteur privé proviennent du secteur public, qui malheureusement est envahi aujourd’hui par les partis politiques.

L’expert a soulevé un autre dysfonctionnement, celui du manque de concertation entre les différents départements ministériels. Driss Al Andaloussi a noté dans ce sens que plusieurs grands projets ont échoué parce que chaque ministère travaille de son côté, sans parler des cadres marginalisés dans chaque administration au profit des fonctionnaires qui gravitent autour du directeur de département.

Enfin, relève Driss Al Andaloussi, comment se fait-il que le directeur du Centre Régional d’Investissement (CRI), censé faciliter la mise en place des investissements, soit le premier barrage à se dresser contre l’investisseur. L’expert prédit qu’une réforme qui visera à dispenser l’administration de la gestion des CRI verra le jour prochainement.

Pour l’expert, le discours a choisi un ton direct et s’est appuyé sur des faits concrets. Cependant, les élus ne sont les seuls responsables. La société civile, les syndicats et les citoyens le sont aussi, estime-t-il.

 
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