Société

Affaire Fayçal Kimia : spolié avec la complicité d’un membre de sa famille

La spoliation a plusieurs visages, mais dans l’affaire Kimia, les spoliateurs avaient pour complice un membre de la famille de la victime. Toute la lumière n’a pas été faite sur cette affaire, même si elle a été jugée.

«Ba’ouha ou hiya fouk dahrek”! Voilà une expression populaire qui, au départ s’apparentait à une plaisanterie et qui dans le cas qui nous concerne, ressemble plutôt à un cauchemar. C’est qu’en effet, Faycal Kimia qui disposait, en son nom propre, de deux bien immobiliers, s’est retrouvé du jour au lendemain totalement dépouillé. Autant la maison où il vivait que la villa qu’il possédait “avaient changé” de propriétaire, par un tour de passe passe, que seuls “des spécialistes”  de la spoliation sont capables de réaliser en déjouant toutes les procédures de protection d’autrui. Le drame en question prend une autre dimension  quand on apprend que c’est un membre de sa propre famille qui aurait été l’artisan principal de l’arnaque. Cette affaire est de celles qui font perdre tout espoir en la solidarité familiale, si ancrée dans la mémoire des marocains. Un effet d’une certaine mondialisation? Ou tout simplement les choses de la vie, dans ce qu’elle a aussi de cupide et de mesquin.

Cette affaire  Faycal Kimia peut se résumer par une simple succession de manquements-certes graves- dans le respect des procédures requises en la matière. C’est d’autant plus grave, que le pays est engagé fermement dans l’affirmation d’un Etat de droit. Le respect de la loi s’applique à tous et sans exception aucune. Dans d’autres contrées plus avancées, la question ne se pose même pas. Il est vrai qu’au Maroc, on a tendance parfois à s’accommoder de certains arrangements qui, souvent sont mineurs mais qui peuvent ouvrir la voie à des abus inacceptables. C’est bien là un travers des marocains qui, au lieu de limiter les rapports strictement professionnels où chacun doit se limiter à accomplir son travail, tout son travail, mais seulement son travail, le “chantage affectif” est encore de mise dans certains cas. Une femme fraude dans le tram? Elle essaie alors de s’en tirer à bon compte et fait appel à une argumentation du genre : “ferais-tu ça à ta mère, à ta soeur?” Le propre des règles, c’est qu’elles s’appliquent à tous, quelle que soit la position sociale de la personne considérée. Dès lors  que l’on introduit l’exception, on ouvre la voie à des dépassements aux conséquences, potentiellement imprévisibles. Fayçal Kimia vivait paisiblement dans sa maison, et a hérité d’une villa. Il a suffi qu’un membre de sa famille dispose  d’une photocopie d’un supposé acte de vente datant   de plusieurs années. Ce sera le document fatal sur lequel s’appuiera le jugement qui le dépossèdera de sa maison. Mais la “manoeuvre” de dépossession  ne s’arrêtera pas là et notre interlocuteur relate la suite du plan funeste qui tente à le priver de ses biens. Après la maison, ce sera le tour de la villa dont il était propriétaire par héritage. Dans le second cas, la spoliation sera plus “élaborée” et utilisera le subterfuge d’un supposé acte de vente notarié. 

Victime du manque de rigueur

On imagine le combat de Fayçal Kimia, le dos au mur. Il est obligé de cesser toute activité pour se consacrer à cette affaire, qui le dépossède de tout son patrimoine et le met à la rue. Le voilà complètement démuni et manque de moyens de défense. Il doit quitter une maison où il est né, où il a grandi, où il s’est marié, où il a enfanté, et où il a habité à ce jour. C’était en 2011. Depuis, il n’a cessé d’arpenter les couloirs de différentes administrations. Il s’adressait aux commissariats de police, à la  Conservation Foncière et  bien entendu à la Justice. Il était convaincu que son droit finirait par lui revenir, mais comment y parvenir? D’ou cette quête, tous horizons. Lors de cette mésaventure, il perdra un ami à un moment où le témoignage de ce dernier aurait été capitale. Faycal Kimia s’interroge encore sur la disparition tout à fait inopportune de cet ami, qui justement l’avait informé au départ de son infortune. A -t-on sous estimé la portée du décès d’un témoin, dont le timing de la disparition arrivait à point nommé pour certains? Lorsqu’il y a mobile, on pourrait demander enquête, ne serait-ce que pour lever les soupçons…

La justice humaine a toujours été partout lente et a besoin de beaucoup de temps et de documents pour y voir clair. C’est le prix de la sérénité. Fayçal Kimia a fini par récupérer entièrement l’un de ses biens. Certes, la maison qu’il habite est encore hypothéquée sans qu’il sache les tenants et les aboutissants d’une telle disposition. On se demande quelle banque procéderait à une telle hypothèque, dans une situation pour le moins aussi complexe  que celle évoquée. 

Faycal Kimia a néanmoins eu raison d’avoir lutté pour récupérer ses droits.  Pas totalement, il est vrai. Peut -il prendre à son compte cette célèbre affirmation de Henri Lacordaire «Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit».  

 
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