Portrait

Ex-footballeur pro, pédagogue passionné

Il tient plus du mentor que de l’enseignant. Pour ce sportif international reconverti dans l’enseignement, ce métier a été une passion qu’il a communiquée à toute sa famille. Ensemble, ils ont fondé le groupe d’écoles Zniber Expertise, alors qu’Amine poursuivait une carrière dans l’enseignement supérieur privé. Par  Noréddine El Abbassi

Ce sont les rêves brisés de footballeur, qui ont fait de Amine Zniber, l’excellent pédagogue qu’il est devenu. Comme beaucoup de personnes amenées à travailler avec des jeunes gens, la formation supérieure passe certes par la compétence, mais également et fondamentalement par une grande humanité. Rencontrer Amine Zniber, c’est rencontrer un Severus Snape, qui aurait grandi au delà de sa souffrance ou peut-être à cause d’elle, pour devenir plus humain. Il sera plus une sorte de grand frère, un mentor pour les élèves, qu’un professeur austère et sec et qui pousse néanmoins à la performance. Revers de la médaille,  quitte à briser les jeunes entre ses mains.
Amine Zniber est le deuxième d’une fratrie des trois enfants, d’un couple de fonctionnaires. Si la famille vit à Rabat, Amine voit le jour en 1970 à Mohammedia, au hasard d’ un déplacement de la famille. Son enfance, il la passe à Rabat : “on dit souvent qu’il n’y a rien à faire à Rabat. Mais c’était faux. Je garde d’excellents souvenirs de la capitale où on pouvait étudier et en même temps, trouver le temps de s’éclater”, tient-il à préciser. Pendant toute la discussion, il garde le ton de la confidence, comme si son passé était mûrement médité, et qu’il vous prépare à connaître les étapes à venir.
Son enfance gardera à jamais l’empreinte du football. Très jeune, il évolue déjà dans l’équipe militaire des FAR, au temps de sa gloire, et où il participe en tant que gardien de but. Il deviendra même joueur international, et dispute sa titularisation à ce poste, à des grands noms, tels le grand joueur “Brazi”. Les années de plomb, elles, passent sans encombre. Ce qui n’empêche pas Amine d’avoir un regard lucide sur cette époque: “A Rabat nous étions choyés. Il suffisait par exemple, d’avoir une plaque d’immatriculation de la capitale, pour circuler  partout, sans contrôle tatillon”, développe-t-il.

Replis sur les études après une blessure

Mais si Amine ne vit que pour le foot, ses parents ne voient pas sa passion d’un bon oeil: “ils me rappelaient sans cesse que tant que j’avais de bons résultats, j’avais leur bénédiction pour pratiquer mon sport favori. Mais dès lors que mes notes seraient mauvaises, je ne serais plus joueur”, se remémore-t-il, dans un accent de sincérité, comme sera empreinte toute sa confidence. Sa scolarité suit son cours normal, et il poursuivra ses études en France, après l’obtention de son baccalauréat. Ce sera dans une ville de province, à Limoges plus précisément. Mais le drame arrive lorsqu’il se blesse: “Une luxation de l’épaule, mal soignée, qui plus est, brise une carrière. Mais mes parents avaient pris soin d’insister pour que je poursuive mes études, en parallèle de ma formation de joueur international. J’avais déjà un DUT en Comptabilité et Gestion financière. J’ai donc continué dans cette voie”, explique-t-il, avouant un pincement au coeur, chaque fois qu’il avait l’occasion de regarder ou d’assister à un match de football. Mais il laisse ses regrets, au “vestiaire” en quelque sorte, et s’adonne entièrement à ses études. Il intègre l’enseignement en 1991, d’abord comme responsable financier à l’Ecole de Commerce Privée, ESG, dans la foulée, il sa marie en 1994, pressé d’entrer de plain pied dans la vie “adulte” avec la naissance de son fils l’année suivante. 1995 verra la naissance du deuxième de ses quatre enfants. Ce sera ensuite une autre école de commerce privée, l’ESIG, en 2001, soit dix années, après son entrée dans le monde de l’enseignement supérieur privé. Ce n’est qu’en 2005 qu’il est promu justement, Directeur de l’ESIG de Casablanca. Tout le long de cette expérience, il développe son goût pour la pédagogie: “le grand plaisir de ce métier est de voir des étudiants, parfois troublés ou en échec scolaire,  mais qu’on arrive à sauver et avoir plus tard, des postes de responsabilité et une vie de famille épanouie”, laisse-t-il échapper, non sans émotion.

Un passage dans le conseil, puis retour à l’enseignement

Arrive 2007, l’année du virage. Amine travaille alors sur des problématiques de mise à niveau de l’enseignement, dans le cadre du programme MEDA II, financé par l’Union Européenne. Amine Zniber est alors appelé à collaborer autant avec les instances européennes, que les ministères marocains concernés. Il  sillonne le Maroc de long en large, pour former, conseiller, et d’une façon générale, de se pencher sur le secteur de la formation: “C’était une expérience enrichissante. On apprend à connaître le Maroc, mais aussi à connaître l’état de l’enseignement dans son ensemble, une fois sorti de l’axe Casa-Rabat”, analyse-t-il, dans un commentaire, néanmoins discret, sur la démission de l’Etat, en matière de formation. Amine travaille également pour la SCAM, un fonds d’investissement de la banque Société Générale, qui prospecte le domaine de l’enseignement. C’est aussi à ce moment qu’il est approché par le groupe Sup Info, qui prépare l’ouverture de son école au Maroc. C’est que Amine Zniber a plusieurs casquettes. Depuis créateur d’entreprises, à Directeur des Ressources Humaines pour créer l’école “from scratch”. Nous sommes en 2008 lorsque Sup Info Casablanca ouvre ses portes. L’année suivante, c’est le tour de l’antenne de Rabat. L’année d’après, sa carrière dans l’enseignement universitaire prend son envol. Il sera titulaire de la chaire “Contrôle de Gestion et Diagnostic Financier”, à l’Université Hassan II. “Depuis 1991, j’ai vu 23 promotions sortir des bancs de l’école. Et ça me touche toujours de voir de nouveaux étudiants commencer leurs études”, confie-t-il. Encore une fois, on le perçoit plus comme un modèle, qu’un “prof” proprement dit, et cela, des milliers d’étudiants peuvent le confirmer…

 
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