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Audiovisuel : la HACA prend exemple sur le Canada

Dans le cadre d’une première visite du tribunal administratif et organisme de gestion des télécommunications Canadien (CRTC), la HACA prend exemple sur sa gestion. Exception culturelle, promotion de contenu régional et proximité sont les ingrédients de réussite d’un secteur audiovisuel qui souffre de sa proximité avec le voisin étasunien. par Noréddine El Abbassi

Le Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications canadiennes (CRTC) a présenté le cas du Canada aux dirigeants du secteur de l’audiovisuel. Devant un parterre de Directeurs Généraux des chaînes de TV publiques et des radios privées, Jean-Pierre Blais a présenté les spécificités du secteur dans son pays.
A l’image de la France, le Canada a négocié une “exception culturelle”, qui protège le marché local, des diffusions internationales. Ainsi, même par le biais de la TV satellitaire, les chaînes internationales doivent obtenir une licence pour diffuser au Canada. Signe des temps, le Grand Nord a opté pour protéger son industrie locale. D’autant plus qu’une forte proportion de sa population vit près des frontières étasuniennes et donc capte les émissions locales. “Notre avantage pour la TV, c’est que les canadiens aiment du contenu régional, et surtout dans les provinces francophones. Cela donne du contenu très spécifique, difficilement exportable, à l’exception de formats, type la série “Un gars, une fille”. Pour ce qui est de la radio, c’est encore la spécificité qui joue, puisque les canadiens s’intéressent aux informations locales. Ainsi, lorsqu’ils prennent la voiture pour se rendre au travail, ils veulent savoir pourquoi il y a un bouchon et quelle est la météo attendue. Après quoi, ils peuvent écouter Howard Stern s’ils le veulent. Mais ce n’est pas très utile, puisqu’ils écoutent la radio dans leur voiture, le matin et le soir en allant au travail”, explique Jean-Pierre Blais.

Audiovisuel: un manque en politiques publiques

“Spécificité culturelle”. Une expression qui ressort assez souvent, lorsqu’on parle du contenu canadien. Lorsqu’on pose la question de cette approche, Jamal Eddine Naji, DG de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle explique: “nous avons vécu notre diversité de manière instinctive. A 70 km, on change de langage et de culture, tout en restant marocain. Notre diversité doit s’exprimer par nos langues, mais aussi en intégrant des idées modernes, d’universalisme et de tolérance”. Pour lui, l’effort doit se faire sur la formation et l’investissement dans les ressources humaines. Avant de produire du contenu, il faut déjà trouver les gens qui vont le faire. Ce n’est pas possible, lorsque les salaires représentent moins de 10% des budgets. Pour M. Naji, il y a eu un virage, un passage à la création, lorsque par le passé le contenu de l’audiovisuel était de l’ordre de la récitation et de l’élocution.
Mais qu’en est-il de l’amélioration du contenu national, qui reste en dessous des standards? “Je vais citer Jacques Chancel: il ne faut pas donner au public ce qu’il aime mais ce qu’il pourrait aimer. Le Canada a montré qu’il implique les citoyens dans la gestion de sa TV. C’est une logique d’inclusion où l’on prépare les gens à la démocratie, en fécondant des valeurs démocratiques. C’est là où la ligne éditoriale est importante, d’autant plus qu’il est nécessaire d’avoir une politique culturelle, pour créer de la valeur ajoutée dans la production de contenu et initier une dynamique,” conclut M. Naji. Reste que du propre aveu de Jean-Pierre Blais, le Canada exporte peu sa production culturelle. Pour le Maroc, le challenge serait déjà de commencer à consommer ce qu’il produit… 

 
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