Conjoncture

CEDEAO : les opportunités et défis des investissements du Maroc

La volonté d’adhésion du Maroc à la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) présente des opportunités mais également des défis pour le Royaume, notamment en matière d’investissements et de coopération économique, annonce le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) dans sa lettre mensuelle « Maroc Conjoncture » n° 291.

Voici les 5 points forts et points faibles retenus par le Centre dirigé par Habib El Malki.

  • Maroc-Afrique : commerce en développement mais beaucoup reste à faire

Le volume des échanges du Maroc avec l’ensemble du continent africain représente 7% du volume total de ses transactions extérieures (39,9 milliards de DH pour 590,3 milliards de DH) au terme de 2015, contre 4,4% en 1998 (7,3 milliards de DH pour 167,3 milliards de DH). En dépit de cette « modicité », il y a lieu de relever que la dynamique du commerce est plus soutenue à la fois en terme de croissance annuelle moyenne (11,5% avec l’Afrique contre 8,3% pour le reste du monde) qu’en ce qui concerne le coefficient multiplicateur (5,5 dans le premier cas contre 3,5 dans le deuxième cas), précise le CMC.

Avec le retour du Maroc à l’Union africaine (UA) et la perspective d’intégrer la CEDEAO, il est très vraisemblable que ces échanges enregistrent une forte expansion. Mais cette expansion des échanges ne doit pas occulter que le positionnement compétitif du Maroc reste à construire selon que l’on considère les produits échangés ou les espaces sur lesquels ont lieu ces échanges, prévient la même source.

  • Maroc et intégration économique régionale en Afrique : l’approche CEDEAO

Après avoir repris solennellement sa place sur le continent africain au sein de l’UA, le Maroc a créé l’événement en annonçant son désir de parfaire son intégration régionale par une demande d’adhésion à la CEDEAO. Si la présence économique du Royaume était notoirement reconnue dans cette zone, il n’en demeure pas moins que la démarche en a étonné plus d’un… Certains sont inquiets par cette « intrusion », au relent d’agenda politique, d’un pays localisé trop au Nord, pendant que d’autres y voit un soutien logistique aux rapports commerciaux, voire des apports en expertise financière et des échanges de compétences industrielles et agricoles… Promouvoir la qualité de pays observateur, du Maroc, en statut d’État membre est une question qui trouvera réponse à l’issue de la Conférence de l’organisation, prévue au Libéria en juin 2017, rappelle le CMC.

  • CEDEAO : environnement des affaires variable d’un pays à l’autre

Le rapport Doing Business, publié annuellement par la Banque mondiale, fournit des mesures quantitatives  sur la réglementation des affaires dans onze domaines intéressant les activités du secteur privé. 190 économies y sont notées et classées. Dans ce document, les économies dotées d’une réglementation favorable aux affaires occupent les premières places alors que celles qui ont une réglementation défavorable sont classées dans les derniers rangs. Selon la dernière édition de 2017 de Doing Business, les pays de la CEDEAO occupent encore des positions non avantageuses mais gagnent de plus en plus de terrain.

  • Gazoduc Nigéria-Maroc

Le gazoduc Nigéria-Maroc constitue un facteur d’intégration en Afrique de l’Ouest qui insufflera une nouvelle dynamique de croissance dans l’ensemble de la région. Devant couvrir une distance dépassant 6000 km, ce projet qui ferait l’interconnexion des réseaux implantés dans une quinzaine de pays de la région prendrait son point de départ des gisements du Nigéria pour acheminer le gaz naturel jusqu’au Maroc et, de là, vers l’Europe. Si pour le Maroc, cette autoroute gazière servira à la sécurisation de son approvisionnement, l’objectif visé apparaît encore plus ambitieux s’agissant de la région de l’Afrique de l’Ouest. De par sa dimension et son caractère régional impliquant une quinzaine de pays, le projet est appelé à jouer un rôle déterminant dans la dynamique de développement en permettant la création d’un marché intégré de l’électricité, le développement des activités de production, l’attractivité des investissements et la compétitivité sur les marchés d’exportation, précise le Centre.

  • Maroc dans la CEDEAO : quel impact sur l’activité et la croissance ?

Cette volonté d’intégration au groupe régional qui, dans le contexte actuel, a tout l’air d’un aveu d’échec de l’ensemble régional de proximité que constitue l’Union du Maghreb Arabe (UMA), vise à ouvrir au Maroc de nouveaux horions plus prometteurs à travers le développement de ses relations avec les pays subsahariens. L’ensemble régional de la CEDEAO est lié par un accord multilatéral regroupant 15 pays ouest-africains et compte une population totale dépassant 300 millions d’habitants. Avec un PIB consolidé estimé en 2015 à  632 milliards de dollars, cet espace économique occupe  actuellement la 21ème place dans le classement des économies mondiales. L’impact économique de l’adhésion du Maroc à ce groupement régional peut être évalué à travers la dynamique d’exportation. Dans l’éventualité que l’admission du Maroc au sein de la CEDEAO donne lieu à une forte impulsion aux exportations dans la région, l’effet multiplicateur sur l’ensemble de l’activité peut être assez significatif, conclut le CMC.

 
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