Entreprises & Marchés

Cosumar : le fuel à l’origine de la baisse des marges

Depuis près de deux ans, les prix du fuel sont à un niveau relativement élevé, de sorte que les gains enregistrés dans le programme d’optimisation ont été sans effet. Le management de la Cosumar n’arrête pas de rappeler qu’à ce rythme, les investissements peuvent être compromis.

M

ohamed Fikrat ne rate pas une occasion de le rappeler : la forte hausse du prix du fuel est synonyme d’une augmentation de ses coûts de production. On en est arrivé au point où la rentabilisation des investissements déjà réalisés est compromise. De plus, les futurs investissements tant au Maroc qu’à l’international devront attendre.

Pour le moment, il s’agit de sortie régulière du président directeur général de la Cosumar au niveau de la presse nationale. Mais, on devine que cette forte croissance des prix, mais aussi la fin de la subvention commence à l’agacer.

Car faut-il le rappeler depuis juin 2012, les prix du fuel ont progressé de plus de 56%. Leurs poids dans le coût de revient de Cosumar ont atteint 25%. Cela a fait baisser les marges de l’entreprise de 10% à 15%. Il faut dire que la production de sucre à partir de betterave est nettement plus consommatrice de fuel que celle à partir de la canne à sucre.

Mohamed Fikrat, DG de Cosumar.

Cependant, la canne prend jusqu’à 18 mois après l’emblavement avant les premières récoltes. C’est ce qui fait que même la subvention de 6000 dirhams/ha de canne à sucre n’est pas suffisamment convaincante pour les producteurs.

Face à ces résistances, il n’y a pratiquement rien à faire pour le sucrier. Néanmoins, la Cosumar a entamé des mesures d’optimisation qui lui ont permis de réduire sensiblement l’utilisation de fuel. Les économies réalisées seraient de l’ordre de 30% des quantités de fuel consommées dans l’usine de Casablanca. De plus, l’amélioration du taux de couverture des besoins par la production locale a contribué à augmenter la marge opérationnelle. Ainsi, en 2013, malgré une quasi-stagnation des quantités écoulées, le résultat d’exploitation s’est légèrement amélioré de 1,7% à 993 millions de dirhams.

Mais, au-delà des efforts réalisés sur les charges, il faut également rappeler que la structure du chiffre d’affaires a changé au profit de l’export. En effet, l’arrivée de Wilmar dans le tour de table a certainement permis d’accéder à de nouveaux marchés à marge plus significative. De plus, le travail effectué avec les filiales dans l’amélioration des performances continue à donner ses fruits. D’ailleurs, l’évolution des résultats de la seule maison mère, Cosumar SA, le montre à souhait. En effet, en social, le résultat d’exploitation enregistre un recul de 13%  à 740 millions de dirhams. Il y a eu d’une part l’impact du ralentissement de l’activité de raffinage, mais également l’alourdissement des dotations d’amortissement à la suite des investissements de l’année précédente.

C’est également au niveau de la maison-mère que le renchérissement des charges sociales s’est le plus fait sentir. De sorte que les gains enregistrés dans l’exploitation de Sidi Bennour ne sont plus perceptibles. Au final, le résultat social de Cosumar a reculé de 20 % pour s’établir à quelque 582 millions de dirhams.

Ainsi, à l’échelle du groupe, le résultat net part du groupe subit une forte baisse du fait notamment de la non-récurrence des produits de cession d’actifs qui se montaient à 160 millions de dirhams. La capacité bénéficiaire est en baisse de 14% à 629 millions de dirhams.

S’agissant de l’avenir immédiat de Cosumar, une baisse des prix du fuel n’est pas à l’ordre du jour, ce qui ne fera que peser sur la production nationale nette, réduisant le taux de couverture des besoins en sucre.

Quoi qu’il en soit, pour l’heure aucune baisse des prix du fuel n’est à l’ordre du jour. Ce qui laisse penser qu’un retour à l’amélioration des marges n’est pas d’actualité. La Cosumar compte sur l’Etat pour que des mesures soit prises afin de l’accompagner dans le redressement de ses résultats.   

 
Article précédent

African Banker Awards 2014 : Attijariwafa bank et BMCE Bank en lice

Article suivant

Vers un monde sans cash ?