Conjoncture

Deux éminents économistes analysent les opportunités et les obstacles à lever

« En dépit d’une situation mondiale atone, de réelles opportunités s’offrent au Maroc », a affirmé Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank lors de la 15ème conférence du cycle « Echanger pour mieux comprendre », qui a eu lieu Jeudi 28 Janvier 2016, au siège de la banque.

Organisée par la Fondation Attijariwafa bank, cette première rencontre de l’année en cours a eu pour thématique : « conjoncture économique 2016 : quels opportunités à saisir et obstacles à lever? ». Les intervenants conviés sont deux éminents économiques reconnus pour leur expertise et la pertinence de leurs analyses, à savoir ; Larabi Jaïdi, Enseignant-chercheur à l’Université Mohammed V de Rabat et Jean-Pierre Chauffour, Économiste principal pour la région MENA à la Banque mondiale.

Redouan Mfaddel, économiste, juriste et chroniqueur a modéré ce débat au cours duquel Larabi Jaïdi et Jean-Pierre Chauffour ont livré un diagnostic sans concession de la situation macroéconomique du pays. Ils ont mis l’accent sur la proéminence persistante du secteur primaire dans le PIB national, et la contreperformance du PIB non agricole. Toutefois, les deux économistes reconnaissent la pertinence des choix volontaristes effectués par l’Etat, tant au niveau des réformes engagées que des investissements publics réalisés. « Grâce à la constitution du matelas de devises générées par la baisse de la facture pétrolière et des charges de compensation, le moment est opportun de rationnaliser l’investissement public et d’activer les leviers budgétaire et monétaire, deux instruments dont dispose l’Etat», relève Larabi Jaïdi.

Au-delà de la volatilité du taux de croissance, Jean-Pierre Chauffour invite à repenser le modèle de développement économique du Maroc. « Le moment est venu d’évaluer la soutenabilité du modèle de développement des années 2000 basé sur la demande domestique et l’investissement public, et de repenser autrement les politiques publiques ». Pour lui, il faut relativiser l’analyse de la baisse attendue de la croissance en 2016. Il déclare : « La croissance 2015 a été dopée par une récolte céréalière record. Il est donc normal qu’en 2016, ce taux affiche une performance plus modeste. Sauf que le retard pluviométrique risque de le tirer davantage à la baisse, compte tenu de l’importance du poids du PIB agricole ».

A retenir de leurs recommandations ; accélérer le processus de réformes pour tendre vers la transparence, ce qui comprend une lutte plus efficace contre la corruption et une réforme de l’administration, ainsi qu’une décentralisation et une déconcentration de l’Etat avec une accélération de l’autonomie relative des régions. Le Chef Economiste de la Banque mondiale pour la région MENA recommande d’améliorer la formation du capital humain, élément majeur de la transformation structurelle mais aussi de développer les modes de financement alternatifs. Deux autres propositions : tendre vers le régime de flexibilité du taux de change et mettre un terme aux situations de rentes, légales ou informelles, pour améliorer la concurrence.

 
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