Portrait

Une « e-gourou » lance sa startup

Elle est entrepreneure, financière et a déjà publié un livre sur l’entreprenariat. Sans avoir atteint les 30 ans, cette native de Fès a déjà un CV « étoffé ». De Hong Kong à Dubaï en passant par Paris, cette e-entrepreneuse surfe sur la vague de « l’uberisation » et des « dot com » et part à la conquête du Monde.  

On ne le rappelle pas assez: « la valeur n’attend point le nombre des années ». A 30 ans à peine, Marya Benzakour a déjà un CV, que beaucoup lui envieraient. Certes, elle vient d’un milieu « privilégié », fille d’un couple d’architectes, mais c’est également à son « propre mérite » qu’elle doit sa réussite. Et sa réussite est « étincelante ». Après une carrière dans la finance, elle a écrit un livre sur l’entreprenariat et lancé sa propre startup. Cookiz.me, une plateforme « uberisée », de réservation de cours de cuisine en ligne et de voyages culinaires. Gourmets, et « chefs » peuvent ainsi se retrouver, pour partager cette passion de la cuisine. « C’est réellement une mode en ce moment. Mais en fait, mon idée est née lors de mon passage à Dubaï. J’ai appris différentes choses, et à me mesurer les nouveaux « challenges ». D’ailleurs, ma passion c’est plus la cuisine « saine », comment manger en respectant son corps tout en préservant l’environnement », explique-t-elle simplement, avec cette « fraîcheur » de jeune femme « battante ».

Elle est née en 1988, à Fès. Deuxième des trois enfants d’un couple d’architectes, elle vit une vie « classique » d’un enfant des années 80. « Nos jeux d’enfants étaient très simples, des jeux de société, principalement. Nous n’étions pas du tout une « génération internet ». J’ai été inscrite au Centre Culturel Français de Fès, et la lecture était l’une de mes occupations majeures », se remémore-t-elle. Marya vit de  «belles années » et fait partie de cette génération de Marocains qui vivent la « transition », dans un Maroc « apaisé » et « tourné vers l’avenir ». La gauche est au pouvoir, feu Hassan II avait composé avec son opposition qui est « aux affaires ». En somme, « l’avenir s’annonce radieux ». Marya, elle, n’en a pas conscience, ni de sa chance, ni de ce qui se passe autour d’elle, comme si Fès était une « bulle » épargnée. « Mes amis et moi savons que nous avons eu de la chance de grandir dans une ville de dimension modeste et dont on profitait des nombreux avantages qu’elle offrait. Nous sommes réellement reconnaissants d’être en « province », avance-t-elle.

Monter à Paris pour les études
Marya est scolarisée dans le système français. Lorsqu’elle arrive au Collège, elle intègre le Lycée Paul Valéry de Meknès, passage obligé pour les élèves de la Mission française, puisque la scolarité dans la capitale spirituelle s’arrête à la troisième. « Avec du recul, on se rend compte qu’il a été réellement formateur de quitter sa famille dès la classe de seconde et d’avoir vécu en internat. On apprend à se débrouiller, et il y avait réellement une ambiance « bon enfant » au Lycée. On s’entraidait beaucoup, et c’était véritablement un esprit « Colonies de vacances » pendant la semaine, avant de rentrer chez ses parents le week-end », confie-t-elle, toujours empreinte de cet « optimisme » de femme tournée vers l’avenir.

Arrive 2006, lorsque Marya décroche un Bac ES et s’envole pour Paris préparer le concours d’entrée aux grandes écoles de commerce. Auparavant, elle avait découvert son penchant qu’elle qualifie de « passion ». « En seconde, on nous a donné des cours de sciences économiques et sociales. Dès le début, j’ai « accroché » à l’économie et à la sociologie », expose-t-elle. Dès lors, c’est décidé, elle s’orientera vers les sciences sociales. Mais les classes préparatoires ne correspondent pas tout à fait à ses attentes. « Je voulais des études plus « concrètes ». J’ai donc quitté le Lycée Carnot et me suis inscrite à Dauphine, où l’approche était bien plus proche du réel de l’entreprise et de la gestion des affaires. Il fallait que je « touche » à la Finance, au Marketing et au Droit d’emblée », explique-t-elle. Paris est une fête, mais Marya qui est encadrée s’adapte bien à la situation. C’est qu’en outre, elle retrouve sa sœur et la plupart de ses camarades de promotion qui deviennent une « famille ». Elle poursuit ses études, et son désir du concret la mène vers un master en Finance, qu’elle mène en alternance. « J’étudiais une semaine à l’Université, les trois autres semaines j’étais en entreprise. C’était chez Orange, à Paris, dans le Service Financier», développe-t-elle.

Le monde pour « terrain de jeu »
L’expérience est probante, puisque lorsqu’elle décroche son diplôme en 2012, Marya s’envole pour Hong Kong rejoindre une filiale du groupe français de télécoms en Asie du Sud Est. « Hong Kong est réellement une « ville multiculturelle ». Je me suis tout de suite sentie chez moi. Certes, les gens parlent cantonnais, mais souvent, l’anglais également. Il y a beaucoup d’étrangers, d’expatriés de tous horizons », pointe-t-elle, avec cette « vivacité » qui la caractérise. Au bout d’une année et demi, Marya rentre à Paris : « J’avais le désir de mener une carrière parisienne. C’était une nécessité », explique-t-elle. Elle retrouve ses sœurs et ses amies et commence comme analyste financier chez Thomson Reuters. Le groupe d’Informations Economiques et Agence de Presse est alors une référence de la place. A l’image de l’américain Bloomberg, fondé par l’ex-maire de New York. Mais déjà, la « globetrotteuse » a des envies d’ailleurs.

Dubaï semble alors la destination « idéale ». Marya décroche un emploi dans l’Emirat et s’envole, cette fois pour le Moyen-Orient. Changement de secteur, d’emploi et de vie. Marya travaille pour Sanofi-Aventis et découvre une ville aux « mille facettes ». L’expérience dure deux années, au cours desquelles elle découvre le développement personnel, le monde des startup et peaufine son propre projet : « J’écrivais un livre sur l’entreprenariat, plus précisément sur les startup, le « Plan E ». En fait, je relatais mes découvertes au contact de « figures de la e-entreprise » dans le monde. Puis j’ai décidé de sauter le pas et de lancer mon propre portail », avoue-t-elle posément. Depuis 2016, Marya Benzakour travaille sur ce concept qui sera lancé incessamment. « C’est dans l’air du temps, celui de l’« uberisation ». On crée une plateforme pour mettre en relation l’offre et la demande », pointe-t-elle avec assurance. Marya n’a que 29 ans, mais déjà, c’est un « gourou » de l’e-entreprenariat qui attend de se révéler.

Bio express

1988: naissance à Fès
2006: Bac ES au Lycée Paul Valéry  (Meknès)
2012: Master en Finances de l’Université Paris Dauphine
Départ pour Honk Kong chez Orange
2013: Analyste financier chez Thomson Reuters
2015: Cadre financier chez Sanofi Aventis (Dubaï)
2016: fonde Cookiz.me

 
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