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Enfin, un nouveau départ pour l’IGF : confiance n’est pas contrôle

Rupert Joy, ambassadeur de l’Union européenne au Maroc et Mohammed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances.

Symbole de la discrétion et  force d’attaque du ministère de l’Economie et des finances en matière d’audit, de vérification et d’évaluations des politiques publiques, l’IGF vient  de vivre un moment historique  avec la clôture de son jumelage avec les inspections générales des finances française et portugaise  et sous la supervision et le financement de l’Union européenne. par Driss Al andaloussi

Depuis plus de deux années et après plus de 50 années de travail dans le calme et la discrétion malgré les tempêtes liées à certains gros dossiers ayant défrayé la chronique judiciaire de notre pays, l’IGF va intégrer le cadre des hautes institutions de contrôle des pays « développés. La qualité de son travail sera évaluée avec les mêmes normes que les administrations ayant un haut degré de qualité de service (ISO). Le ministre de l’Economie et des Finances ,le ministre délégué au Budget , l’Inspecteur général des finances et Secrétaire général du ministère , l’Ambassadeur de l’Union Européenne et les représentants des ambassades de France et du Portugal, ainsi que d’autres personnalités ont tenu à rendre hommage à la qualité et à l’objectivité de cette haute institution de contrôle et ont tous souligné la nécessité  de la renforcer en moyens humains et matériels . Les responsables politiques de notre pays et les partenaires extérieurs et notamment, les institutions financières internationales ne cessent d’appeler à adapter les textes qui régissent  l’IGF pour une adaptation aux nouvelles tâches qui lui ont été assignées.  

Une volonté royale pour l’audit, le suivi et l’évaluation des politiques publiques

SM le Roi Mohammed VI a mis en relief la nécessité stratégique de l’évaluation des politiques publiques dans son discours du 20 Août dernier. Les chantiers ouverts par le souverain et tous les projets sectoriels  doivent atteindre leurs objectifs à travers un suivi rigoureux et une évaluation continue, régulière et surtout professionnelle. L’IGF a, d’ailleurs, été mis dans le dernier dossier concernant la CGI dès le déclenchement  des missions d’audit et de vérification. Les nuits des inspecteurs des Finances sont parfois faites d’investigations, de recoupements, d’examen de conformité et leurs jours d’examen de la matérialité. Ecrire un rapport et lui faire subir la procédure contradictoire est une garantie d’impartialité et d’objectivité. Les « mal aimés » des administrations publiques et des établissements et entreprises publics sont, par ailleurs, respectés pour la qualité de leurs travaux. Certains juges des grandes affaires financières leur réservent un grand respect et reconnaissent leur technicité. A l’achèvement du projet de jumelage, des dizaines d’inspecteurs ont été formés aux meilleures  bonnes pratiques européennes et disposent grâce à un travail auquel ils ont grandement participé, d’un grand nombre de documents formant les référentiels en matière d’audit ,d’éthique et de déontologie.  

Les grandes réformes ont besoin de l’évaluation des politiques publiques 

Le Maroc, qui s’est inscrit dans la réforme profonde et calme a besoin de ses institutions et de leurs performances. Le citoyen a besoin de connaitre l’aboutissement des actions ayant engagé l’argent public et a grandement besoin de ne plus voir des responsables s’enrichir par le seul fait d’avoir été au contact d’une dépense ou d’une recette publique. Les institutions de contrôle sont, plus que par le passé, stratégiques pour l’avenir  de notre pays. 

Le Chef du gouvernement et ses prédécesseurs, les ministres et les partenaires financiers du Maroc ont tous appelé à revoir les textes qui régissent l’IGF et le statut de ses membres. Demain commencera   la présentation du dahir, du décret et des différentes décisions qui consolideront  le rôle de l’IGF dans  sa longue marche pour la moralisation de la gestion de la dépense publique et pour donner un sens réel à la réédition des comptes.

 Prenant la parole durant la séance de clôture du jumelage  de l’IGF marocaine avec les IGF française et portugaise. L’inspecteur général  français s’est adressé à Mr Boussaid dans des termes pleins de signification : 

Monsieur le Ministre, une inspection générale vous apportera trois avantages que vous ne  retrouverez pas ailleurs :

– Tout d’abord, une qualité exceptionnelle de ses membres. Cette qualité peut être atteinte dans d’autres structures publiques ou privées mais rarement dépassée ; en tout cas, vous ne trouverez nulle part ailleurs une telle homogénéité de la qualité ;

– Ensuite une réactivité exceptionnelle. Une IGF est capable à la demande de son ministre de se mobiliser immédiatement et dans un délai de trois mois de lui remettre une analyse que les meilleurs experts ne pourront contester ; elle le fera en allant du particulier au général, en alliant le micro et la macro, en passant de l’étude de dossiers individuels à l’analyse des fondamentaux. L’IGF est seule à disposer d’une telle palette d’interventions au service de sa réflexion ;

– enfin vous êtes assuré de la discrétion de l’IGF, alors que les autres structures qui pourraient intervenir concurremment le feront pour alerter, voire tancer le ministre et, se prenant pour les premiers moutardiers du pape, s’épanouissent d’autant mieux que le retentissement public de leurs travaux est grand. C’est sans doute le déchirement le plus grand de l’inspecteur des finances que ce vœu de silence, mais il l’accepte car c’est un des éléments fondateurs de son métier. 

 
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