Portrait

Entrepreneur, infatigable “crack”

Sous des dehors de “jeune premier” se cache un manager qui a déjà un CV impressionnant. Depuis la Sorbonne à Dauphine, il a fait ses premières armes dans l’industrie, avant de se tourner vers la publicité puis le conseil. Aujourd’hui, son entreprise Néoport vient de remporter le prix des directeurs français des systèmes d’informations, un nouveau coup d’accélérateur pour une start-up marocaine, installée en France. Par  Noréddine El Abbassi

Fayçal est un “prince”, perdu dans une époque où il n’y a plus de “noblesse”. Athlétique, grand de taille, il est de ces hommes qui ont toujours su séduire.  Plus par leur charme et leurs manières policées que par leur physique avantageux. Mais Fayçal Rahily, c’est également une puissance de travail et une recherche acharnée de la perfection. Lors de l’entretien, il révèle une somme considérable de “savoirs pratiques” et d’expériences accumulées. Comme s’il savait le temps compté, il n’est pas partisan de la procrastination. A choisir  entre l’action et les réflexions stériles, il a très tôt fait son choix.
Fayçal, l’ainé d’une famille de deux enfants et d’un père homme d’affaires, est né en 1977, à Casablanca.  C’est dans ce poumon économique du Maroc qu’il grandira, avant de partir en France continuer ses études supérieures. Il se réfère à un père ouvert et curieux, dont il revendique l’héritage de  l’homme qu’il est devenu: “Mes parents voulaient toujours nous initier à tout ce qui nous entourait et qui en valait la peine. A tel point que si nous commencions une activité, par exemple toucher au violon ou au piano qu’une seule fois et ranger l’instrument dans la remise, cela valait la peine, à leurs yeux. De ce fait, mon frère et moi avons pu “expérimenter” beaucoup d’activités. Depuis la peinture à la voile, en passant par bien d’autres”, relate-t-il, le plus simplement du monde. Sa voix, exprime des accents doux, de personnes qui ont appris à composer avec les spécificités des autres. Une manière qui ne manque pas de conviction et éveille des amitiés sincères et suscite des “loyautés indéfectibles”. Celles qui, comme chacun le sait, ne “s’achètent pas”!
Mais tout prince a un château, et c’est dans une vieille maison coloniale du début du XXe siècle, que la famille de Fayçal a posé ses bagages. On l’imagine de style italien avec boiseries craquantes sous le “poids de l’histoire”, un air purifié par le jardin avoisinant et  entourée de murs fermes, en maçonnerie d’époque. “Nos parents voulaient que nous développions des “savoir faire,”, manuels notamment. C’est pour cela qu’ils nous encourageaient à manier des outils “d’artisans”, plutôt que de nous abrutir devant la TV. D’ailleurs, nous n’en avions pas”, explique-t-il, ponctuant ses souvenirs de rires enjoués, d’adulte “sain et épargné par la vie”.

Sorbonne et Dauphine, le “Grand Chelem” de l’économie

Fayçal qui fréquente le Lycée Lyautey, décroche son bac en 1997. Déjà, il a soif “d’indépendance” et de liberté de mouvement: “A peine les résultats du Bac publiés le vendredi, samedi j’étais déjà en France. Sauf qu’en été, il n’y a rien à faire à Paris. Qu’à cela ne tienne, j’en ai profité pour préparer l’année scolaire, et entamer déjà des stages,” explique-t-il. Et ce cap, il ne le lâchera jamais plus.
Fayçal met un point d’honneur à employer utilement son temps et à developper l’expérience professionnelle. A tel point que son père s’inquiète que son fils  “ne s’écroule devant tant d’efforts déployés”. Mais Fayçal s’avère plus fort, et la “recette” semble lui profiter. “J’avais une moyenne de 15 à la Sorbonne, ce qui m’a valu l’interêt du secrétariat de l’Université, étonné de mes résultat”. Cela m’a encouragé à voir plus grand et à m’inscrire à l’Université, très cotée Dauphine”, explique-t-il, comme un enfant gourmand de “réussite par lui même” et de triomphes éclatants. Mais lorsqu’il intègre Dauphine, c’est le choc: “A la Sorbonne j’étais le meilleur, mais à Dauphine, je n’étais qu’un étudiant parmi tant d’autres. Avec un autre niveau supérieur, il est vrai”, admet-t-il, un soupçon de regret.
Mais loin de se décourager, Fayçal redouble d’efforts et multiplie les stages en entreprise. Il étudie la dialectique avec des étudiants des “grandes parisiennes”, apprend la finance de marché à la Banque de Gestion Privée Indochinoise de Suez et  au Crédit Agricole. Il décroche sa maîtrise de l’Ecole Dauphine et enchaîne avec un Master à la Sorbonne. Dans l’intervalle, Fayçal mène de front sa vie professionnelle et travaille chez Yoplait. Il faudra attendre 2004, pour aborder réellement sa vraie carrière professionnelle. Il est “repéré” par le groupe publicitaire Publicis, qui lui confie ses premières responsabilités. Fayçal sort alors clairement du lot. “Proactivité” est un concept qui commence à peine à poindre en Europe, mais cette qualité qu’il a, le démarque véritablement des autres. Il grimpe rapidement les grades, et occupe un bureau, dont il peut observer la Tour Eiffel depuis sa fenêtre. Il est “on top of the world”, ou du moins de Paris.

Consultant entrepreneur

Mais comme tout grand manager, plus le risque est grand, plus le bénéfice peut être  plus important. Par ailleurs, Fayçal est convaincu que l’on peut toujours monter plus haut, sans  pour autant risquer de se brûler les ailes. D’ailleurs, un cabinet de conseil l’approche pour lui proposer de nouvelles responsabilités, chez Ginini. Fayçal est conscient que c’est le moment  d’un gros “pari sur l’avenir”. “Ginini était alors un petit cabinet de 10 personnes, avec un seul client, mais beaucoup de talents et d’ambitions. J’aurais pu rester ronronner dans un bureau, mais j’ai préféré tenter l’aventure. Aujourd’hui, Ginini est reconnu à  l’International, implanté en Suisse, en Chine, en Turquie, et en Italie. En plus de sa bade en France, naturellement”, analyse-t-il, presque encore étonné de sa témérité de l’époque. Il fallait tout de même beaucoup de courage, pour quitter une grande entreprise très réputée, pour s’investir dans un projet, qui ne repose que sur la motivation et les idées crédibles de quelques fortes personnalités. Mais les rêves, ne sont-ils pas, ce qui forge le monde de demain. Fayçal relèvera d’ailleurs chacun des “challenges” auxquels il sera affronté, et avec brio. A tel point qu’au bout de huit années, marié et père d’un enfant, il caresse tout naturellement une nouvelle ambition, celle de lancer sa propre entreprise.
Fayçal fonde alors Néoreports, une entreprise de services informatiques. Il bénéficie d’un réseau professionnel qu’il aura tissé, et qui l’introduit auprès des entreprises du CAC 40. La recette est un succès, et bientôt, l’entreprise devient internationale. Petit à petit, Néoreports s’impose comme un concept révolutionnaire, mais aussi comme un service qui libère du temps de travail pour les managers. D’ailleurs, Néoreports a été présentée au concours France Entreprise Digitale, une compétition entre les start-up, organisée par l’Association des Directeurs des Systèmes d’Information français. Fayçal Rahily remporte la victoire, cette fois- ci, grâce à ses amis. Mais comme toute réussite, c’est souvent un travail en commun.

Bio Express

  • 1977: naissance à Casablanca
  • 1997: bac ES au Lycée Lyautey
  • 2001: Maîtrise à l’Université Paris Dauphine
  • 2003: Master en gestion des entreprises  à la Sorbonn
                 Entrée dans le groupe Publicis
  • 2005: Manager consultant chez Ginini
  • 2015: fondation de Néoreports

 

 
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