Portrait

Entrepreneurs, commerciaux d’élite, DJ

Leurs parcours sont très différents, mais ils ont trouvé des points communs. Ces partenaires ont su profiter de leur complémentarité pour entreprendre et avancer. Par Noréddine El Abbassi

La vie vogue souvent au gré du hasard. Ce sont en effet parfois, de simples rencontres fortuites, qui se révèlent déterminantes quant à l’avenir. Yann et Ghali ont vécu cette «synchronicité», qui les a réunis dans le cadre professionnel, avant d’en faire ensuite, des partenaires, d’un projet commun.
Yann est né en France, en 1968, dans la région d’Orléans. «Je suis un «rat des champs» et non de la ville. Lorsque j’ouvre les volets de la maison de mes parents, je ne vois que des fermes, tout autour, et à perte de vue. Il m’arrivait même, pendant mon enfance, d’aider notre voisin Daniel, à rentrer les bottes de paille», évoque-t-il. Pourtant, il faut préciser que Yann n’est pas fils d’agriculteur, son père étant chef d’entreprise dans le BTP. Il est le cadet des trois enfants de ce couple français, des «notables» de province. Son enfance sera bercée par la musique et sa passion est la batterie, se risquant même à composer des compilations musicales. Son sport favoris est la natation, une tradition familiale. D’ailleurs, sa soeur aînée, en fera sa vocation et poursuivra en sport études. Yann lui-même s’entraîne en semaine et participe souvent à des compétitions les week-ends. Dans le récit de Yann, force est de noter le dynamisme qu’il dégage. Une force verbalisée, qui traduit une «volonté de réussir» marquée.
Ghali est né au Maroc, à Rabat en 1973. Il est le petit dernier d’une fratrie des trois enfants d’un couple, dont le mari est fonctionnaire au ministère de l’Education Nationale, et l’épouse enseignante. La réputation des enfants d’enseignants comme bons élèves, ne se dément pas et Ghali la confirme et ajoute. « Au Maroc, on ne pense qu’aux études et pour les parents, c’est l’essentiel. Etre bon à l’école d’abord et pour le reste, il n’y avait pas grand chose à faire. J’ai été inscrit au basket un moment, mais en général c’était plutôt le football entre amis dans le quartier». Ghali est scolarisé dans le système public: «l’enseignement était bilingue, mais il était de bonne qualité», commente-t-il. C’était avant le naufrage de l’enseignement, lorsque l’Education Nationale avait encore une «âme». Il obtient le Bac, serie Sc Ex en 1991, au Lycée Dar Essalam.

Une formation classique
Entre-temps, Yann scolarisé en France, obtient un Bac Professionnel en 1985 et enchaîne avec un BTS. Ce qui adviendra après le service militaire, encore obligatoire. A ce moment, la formation est de rigueur et ses performances sportives le feront admettre dans une division d’élite, les «bérets rouges». Il compte parmi les parachutistes et nageurs de combat: «c’était très formateur pour la jeunesse. Je pense que tous nos problèmes de manque de civisme proviennent de la suppression du service militaire. Pour ma part, je n’étais pas nageur de combat, mais j’ai eu mon brevet de parachutiste. Je dois dire que j’ai énormément appris. Surtout à me débrouiller et à faire avancer les choses», explique-t-il, encore reconnaissant. Au terme de son service militaire, il passe son BTS Action Commerciale, en tant que candidat libre. Il débute ensuite comme VRP pour une marque de parfum et sa responsabilité couvre 12 départements. C’est alors que son oncle lui fait une proposition qu’il ne peut refuser: implanter la marque de vêtements de luxe Sonya Rykiel en Russie. «Mais lorsque j’en suis revenu, je réalisais que j’avais des «envies d’ailleurs», et que je ne pouvais plus me satisfaire de rester en France», expose-t-il, avec conviction. Il s’envole alors pour les USA, où il se fait engager par Harley Davidson. Il est en charge de la commercialisation des motos de la fameuse marque en Europe francophone et en Allemagne. Il découvre alors le nouveau monde, celui de l’Amérique du Nord. L’occasion également de côtoyer les stars françaises du show-business. Nous sommes en 1993 lorsque Yann débarque au Maroc.
Quant à Ghali, il a passé un BTS en Gestion Commerciale à l’Ecole Française des Affaires avant de s’envoler pour Montpellier, la même année, en 1993. Il use les bancs de l’Institut Supérieur de l’Entreprise où il prépare une maîtrise. Là encore, l’essentiel pour l’époque est de poursuivre les études. Il s’intéresse un temps à la photo, avant de se tourner vers le monde du travail. Son premier emploi étudiant sera dans un hyper marché, du groupe Carrefour. Affecté au «service clients», c’est sur le tas qu’il doit apprendre. Ce qui lui fait dire: «A un client, qui m’avait posé une question, j’avais répondu que je ne savais pas. Mon superviseur qui avait noté la scène, me rappela à l’ordre, précisant que le client était ma première priorité et sa satisfaction primordiale ». L’expérience sera probante, puisque Ghali qui avait retenu la leçon, reviendra, des années plus tard au service client.

La réalité marocaine
Arrivé donc au Maroc en 1993, Yann est décidé à s’intégrer au pays, coûte que coûte. «Contrairement aux USA, j’ai décidé de prendre le Maroc avec tout ce qu’il a. J’ai toujours eu une certaine naïveté, et lorsque je vois la manière de vivre des gens, j’essaie d’en comprendre les ressorts et les motivations. Je m’interdis tout jugement approprié et adapte mon attitude selon le contexte et les valeurs de l’environnement. J’ai donc pris un appartement en colocation avec un ami et me suis rapidement lancé dans le concret», confie-t-il. Il est d’abord employé chez Xerox, une entreprise d’impression reconnue pour son expertise dans la vente. C’est d’ailleurs cette entité qui l’envoie au Maroc. Il s’intègre parfaitement au pays et aux gens. Au bout de quelques années, Yann se convertit: «je ne me suis pas converti pour me marier, c’était ma manière de rendre au pays de ce qu’il m’a donné», développe-t-il. Son épouse sera elle-même marocaine.
Sur le plan professionnel, Yann n’est pas du genre à se complaire dans la routine. En quelque sorte, l’envie de bouger, d’agir. Il décide donc de se lancer dans la formation de vendeur. Il connaît une école de vente, Training Management Conseil (TMC) dont il fonde la filiale Africaine en 2001.
Pendant ce temps, Ghali a participé au lancement de Canal Horizon au Maroc, moment où apparaît la télévision numérique dans le Royaume. Au bout de quelques temps, il intègre Méditel, avant de rejoindre Inwi. Déjà, il mûrissait son projet d’entreprendre à son compte, depuis son entrée chez le deuxième opérateur de télécommunications en 1999. Ce n’est que dix années plus tard, en 2010, qu’il se lance à son compte. Ce sera l’Approche Client. Lui et Yann se connaissent depuis des années, et se retrouvent sur un appel d’offres. L’un propose de la formation, l’autre des audits de service clients et des évaluations de services. Complémentaires, ils décident de devenir partenaires. Ghali est déjà marié depuis six années et son premier enfant a trois ans. Son entreprise sera en quelque sorte son deuxième bébé. «Ghali est venu vers moi un jour en m’expliquant son projet: un label de service clients. L’idée m’a immédiatement intéressé et on a tout de suite exploré les moyens de collaborer ensemble», avoue Yann.
Depuis, Yann et Ghali, se sont associés, dans un Observatoire du Service Client et continuent de travailler en tandem. En fait, une association n’est-elle pas comme un bon mariage: faite de compromis et d’accords.

 
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