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Gérer l’eau… entre le coût de production et la préservation de la ressource

Le Maroc a beaucoup investi dans ses barrages, a mis en place une loi sur l’eau, mais a continué à vivre dans la difficulté face à l’eau. Ce n’est pas seulement dans les caprices de la nature que se trouvent nos problèmes, mais aussi et surtout dans l’acte humain. Notre agriculture continue de dilapider une grande quantité d’eau et nos usines ainsi que nos villes, continuent de polluer. par Driss Al Andaloussi

L’eau souterraine est exploitée en dehors de la loi et les pollueurs sont toujours protégés par le vide juridique. Le ministère délégué chargé de l’eau compte ouvrir un chantier de réforme. Espérons un aboutissement à cette volonté et surtout un lendemain meilleur en matière de gestion de cette ressource vitale pour l’économie …pour la vie.

Une décennie après l’adoption de la loi sur l’eau

Depuis une décennie, le gouvernement a lancé une réflexion sur la gestion de l’eau. Le Maroc est un pays qui est connu par son stress hydrique et par sa politique volontariste en matière de stockage des eaux de pluies. Les barrages dont la construction s’est intensifiée depuis les années soixante-dix ont évité au pays des crises dont les affects auraient été catastrophiques. Mais l’accès à l’eau reste au centre des problèmes de beaucoup de marocains dans le monde rural et notamment, dans les régions montagneuses et désertiques. Le Maroc avait besoin d’une loi pour mieux gérer ses ressources en eau. Un nouveau cadre juridique et institutionnel a été mis en place. Un conseil supérieur de l’eau, du climat et des agences de bassins a été créé. Les concepts d’«utilisateur payeur» et de «pollueur payeur » ont fait leur apparition dans le paysage institutionnel et financier.

Un diagnostic réaliste… reste une politique courageuse

Dix ans après, il semble que les résultats escomptés n’ont été que partiellement atteints. Les insuffisances en matière de gestion, de développement et de la préservation des ressources sont notoires. Le diagnostic fait par les services du ministère délégué chargé de l’eau s’est attaqué à la structure du texte de 1995 et à l’insuffisance des dispositions juridiques pour permettre une action efficace dans la gestion de ce secteur. L’ambiguïté des termes est relevée et l’exploitation des eaux usées ainsi que la protection contre les inondations n’est pas structurée sur le plan juridique. Le diagnostic permet de constater d’autres points de faiblesse, comme la complexité des mécanismes de gestion du domaine public hydraulique et notamment, les autorisations de creusement des puits. Pire encore, le rejet des eaux usées dans la mer, l’assainissement, le dessalement de l’eau de mer, le partenariat public-privé et l’organisation des métiers de creusage des puits restent en dehors de la structure juridique.
Le chantier de la réforme devait s’ouvrir pour pallier les insuffisances et surtout pour faire face à la grande problématique de gestion et de préservation des ressources limitées du pays. En plus de la reformulation des dispositions de la loi pour plus d’homogénéité et de cohérence, les questions relatives aux rejets dans la mer, de la réutilisation des eaux usées et de l’organisation des métiers de l’eau méritent une réflexion profonde pour arriver à un texte et surtout à dégager les moyens pour mettre effectivement en place une police de l’eau.

Qu’avons-nous réalisé en matière de paiement de l’eau

Le diagnostic n’a malheureusement pas fait état d’un bilan financier pouvant faire ressortir les recettes réalisées suite au creusage des puits et à leur exploitation en dehors des contrôles. La pollution est un axe central et très critique. Beaucoup de décharges publiques traditionnelles menacent les ressources souterraines. L’infiltration du lixiviat dans les eaux pourrait les condamner pendant plusieurs décennies. La police de l’eau est plus que nécessaire pour contrôler un secteur qui draine des investissements publics évalués à 20 milliards de DH annuellement.
L’utilisation de l’eau au Maroc, reste prédominée par le secteur agricole avec 90%. L’eau potable ne représente que 9% et les eaux destinées au secteur du tourisme représentent 1%. Le déficit en matière d’accès à l’eau potable dans beaucoup de centres ruraux et de villages, devrait inciter l’Etat à intensifier ses encouragements à l’utilisation des méthodes modernes d’irrigation. Les barrages coûtent chers et les canalisations de transport de l’eau le sont aussi.

 
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