Blog de Jamal Berraoui

Grandeur d’âme par ( Jamal Berraoui )

Elle est pédiatre, camerounaise d’origine, française de nationalité et c’est une grande, une très grande dame. Elle n’a à son actif aucune avancée scientifique majeure, mais elle a dépassé tous les codes de l’humanisme. Son fils a été lynché par un groupe de jeunes, suite à une bagarre banale. Elle n’est pas dans le pardon. « Pour pardonner, encore faut-il identifier les coupables, or, il n’y a que des victimes dans cette affaire ».

Dans un livre, elle explique que son fils, Kevin, s’était converti à l’Islam, qu’il jeûnait le Ramadan, qu’il respectait les cinq prières, mais qu’il n’était en rien extrémiste. « Il était bon, tous ses professeurs louaient sa correction ». La dame, protestante de foi, refuse de lier la mort de son fils à sa conversion. Elle va plus loin « je lui ai dit plusieurs fois que j’adhère à sa foi qui appelle à la tolérance, au respect, à la solidarité. Cet Islam là, moi aussi j’y adhère ».

Le procès des meurtriers, 14 jeunes dont deux mineurs au moment des faits, s’ouvrira dans quelques semaines. Ils sont suspectés, poursuivis pour le lynchage de deux jeunes Kevin et Soufiane. La mère de Kevin ne veut pas de vengeance, elle veut juste comprendre. Elle va plus loin, elle espère que ceux qui ont battu à mort son fils, renieront la violence et s’accrocheront à la vie. Elle veut que ceux qui ont tué son fils, réussissent leur vie et soient heureux.

J’ai pleuré face à ce discours, parce que nous nageons en plein délire haineux, que des centaines d’humains meurent chaque jour, parce qu’ils sont nés sunnites, chiites, chrétiens ou juifs et rien d’autre.

Voilà une dame, protestante, qui a respecté le choix de son fils et qui l’a même valorisé quand il s’est converti, qui préfère lutter contre les manques de la société, plutôt que de crier vengeance, qui, enfin prie pour les assassins de son fils, parce qu’ils sont jeunes, que la vie mérite d’être vécue et qu’ils ne sont à ses yeux que des victimes d’une société qui ne fonctionne pas.

Il y a dix ans, ou peut être plus, l’un des dirigeants du mouvement « La paix maintenant » a perdu sa fille dans un attentat. Il est venu à la télé pour dire que la mort de sa fille le renforce dans ses convictions de paix, en précisant que c’était sa fille unique. A ce niveau, nous sommes face à des êtres uniques, qui mettent l’humanisme au dessus de leur douleur, et il n’y a pas plus douloureux que de perdre son enfant. Aucun prix Nobel n’a donné une telle leçon aux être humains. Chapeau bas Madame.

 
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