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La crise de la FDT, divise l’USFP

Syndicat. En choisissant le clan Fatihi, le bureau politique de l’USFP a officialisé la scission de la Centrale syndicale. Les militants sont en colère. par J.B

Alors qu’il y a un an, le monde syndical se dirigeait vers une unité d’action, la Fédération démocratique du travail (FDT), composante de l’alliance a volé en éclats. Pourquoi ? Pour comprendre la nature du problème, il faut faire l’historique. L’élection au secrétariat général de Mohamed Azzouzi avait été durement acquise. Fatihi, son concurrent d’alors, bénéficiait déjà de l’appui de Driss Lachgar, simple membre du bureau politique en ces temps. C’est Abdelouahed Radi qui avait réussi à sauvegarder l’unité, en rappelant que Azzouzi n’avait la possibilité d’accomplir que deux mandats et que de ce fait, le poste serait vacant au prochain congrès, prévu en 2014. Cette unité de façade a volé en éclats au début de l’été et ce, à un moment où les trois centrales avaient prévu de tenir le même jour leurs conseils nationaux respectifs pour adopter une stratégie de lutte commune. Les soutiens de Fatihi ont posé sur la table, la question du congrès et de la fixation de sa date.

Abderrahman Azzouzi, SG du FDT.

Une réunion avec Driss Lachgar est organisée, chaque partie y développe ses griefs contre l’autre. Mais ce qui, apparemment a raidi les positions, c’est que l’un des lieutenants de Azzouzi a proposé trois principes pour « moderniser » le syndicat :

– Le critère pour la fixation du quota des congressistes doit être le résultat lors des élections professionnelles et non pas le nombre de cartes. Aziz Iwi, patron du syndicat des enseignants se sent visé. Cette fédération a réussi de très mauvais résultats lors des élections des commissions mixtes.

– Que les retraités ne puissent plus être dans le bureau exécutif, ce qui exclut la majorité des patrons de fédérations actuels.

– Enfin, qu’il n’y ait pas de cumul entre le secrétariat général du syndicat et l’appartenance au bureau politique de l’USFP, par respect pour l’indépendance des deux. 

La précipitation suicidaire

Les choses s’enveniment rapidement. Le Conseil national est arrêté parce que Aziz Iwi a fermé la salle qui l’abritait dans les locaux du syndicat des enseignants. Chaque partie convoque un nouveau Conseil national et annonce avoir la majorité et chacune exclut les autres. Puis Fatihi convoque un congrès, se légitime en tant que secrétaire général. Congrès préparé et tenu en quelques jours !

Driss Lachgar et une partie du bureau politique soutiennent Fatihi. D’où l’interprétation que la partie en face serait liée au courant Zaidi. Il n’y a rien de plus faux, mais c’est Azzouzi lui-même qui a créé la confusion en rejoignant le courant.

Maintenant, les conséquences sont là, la scission est consommée et de la pire des manières : violences, attaques contre des rassemblements, accusations de détournement. Or, nous sommes à quelques mois des élections professionnelles. Tout cela entrave la marche de la concertation avec les autres centrales du pays que le parti avait appelées de ses vœux. Les militants sont dans l’incompréhension. D’autant plus que Driss Lachgar lui-même avait affirmé que le parti contiendrait toutes les centrales militantes et que l’ère du syndicat-maison est révolue. Et voilà que les militants Tihadis se retrouvent avec trois syndicats sur les bras, les deux FDT et l’Organisation Démocratique du Travail. Parce qu’ils connaissent les réalités, ils savent que derrière ces déchirements, il y a la défense de rentes personnelles et qu’il n’y a aucune divergence d’une quelconque consistance.

L’interconnexion entre le parti et le syndicat a affaibli le syndicalisme marocain. Le nombre de syndiqués est au plus bas historiquement. Les pratiques électorales, lors des élections professionnelles connaissent un usage massif de l’argent. Dans le cas de l’USFP cette relation est encore plus compliquée, parce que ce parti, durant toute son histoire était miné par des confrontations internes qui se retrouvaient au sein du syndicat et qui étaient alimentées par les dirigeants syndicaux. Les deux cas les plus connus sont Mahjoub Ben Seddik et Noubir Amaoui. Le seul choix pragmatique, dans l’intérêt de la politique et du syndicalisme, c’est l’autonomie des deux sphères et le respect de l’indépendance syndicale. La recomposition des deux champs passe par l’application de ce principe.

Le groupe fédéral au sein de la Chambre des conseillers a exclu Fatihi, dans un développement de cette guerre fratricide. Pourtant, les militants réclament un nouveau congrès unitaire, démocratique, où les affiliés de la FDT choisiraient eux-mêmes leurs instances. C’est une question de survie pour cette centrale. 

 
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