Business

Business: La Libye c’est cette année ou jamais !

Les opérateurs marocains ont maintenant plus que jamais intérêt à se positionner sur le marché libyen. Ce dernier est demandeur de savoir-faire dans des domaines où les Marocains ont des cartes à jouer. Des marchés dans des secteurs comme la finance, la construction, la logistique, l’industrie, … sont à prendre.


2
013 sera une année décisive pour les Marocains qui veulent investir en Libye. «Tout se jouera au cours de cette année, car la Libye va démarrer sérieusement sa reconstruction», avertit Mohamed Es-Saadi, président du Conseil d’affaires Maroc-libyen. C’est donc le moment où jamais de se positionner. Il ne fait nul doute que le marché libyen est très convoité par les  grands groupes des puissances économiques. Ce ne sont pas moins de 200 milliards de dollars de projets d’investissement programmés en Libye. Le Maroc peut facilement  prétendre à près de 2 milliards de dollars. «Quand on sait que l’on exporte difficilement 20 milliards de dollars, je peux vous assurer qu’avec la Libye on peut augmenter ces exportations de 10%», affirme le président du Conseil d’affaires maroco-libyen.

Partir avec un grand groupe européen ou américain

Toute la question est de savoir comment le Maroc peut-il prendre une part sur le marché libyen. «Nous conseillons aux Marocains d’aller dans les bagages des grands», lâche Mohamed Es-Saadi qui est également Vice-président de l’ASMEX. En fait, Es-Saadi fait un clin d’oeil à une démarche d’exportation novatrice : s’associer avec des Européens ou Américains pour investir les marchés libyens. Il ne faut pas se leurrer, bien que les Marocains aient une bonne expertise dans plusieurs domaines, des fois, ils leur manque la taille critique. 
En plus, mieux vaut s’associer à des géants qui ont des références et une expertise indiscutable que de subir leur concurrence. Une stratégie bien ingénieuse et sûrement novatrice. «Nous essayons de nous positionner sur des marchés colossaux», explique Es-Saadi qui ajoute que cette démarche ne peux qu’avoir des avantages. A part le fait de s’assurer d’être parmi les grands, cette démarche permettra aussi aux entreprises marocaines de gagner en savoir faire et en transfert de technologies.

Les entreprises européennes, quant à elles, trouveront  leur compte dans ce modèle de prospection, car les Marocains ont une meilleure connaissance du marché et des habitudes culturelles libyennes. Plus encore, le Maroc a très tôt réussi à se créer de solides relations avec les nouvelles instances libyennes au pouvoir. Une possibilité intermédiaire est envisageable. Les filiales marocaines iraient à ’assaut du marché libyen avec l’appui des maisons-mères. Quoi qu’il en soit, c’est un partenariat win-win que propose le Maroc à ses partenaires.

Un accord d’un milliard de dollars

Tout l’enjeu est de définir concrètement les secteurs où les marocains peuvent se battre. Dans un pays comme  la Libye où tout reste à faire, il ne faut surtout pas avoir les yeux plus grands que le ventre. Pour ne  pas commettre l’erreur de vouloir tout faire, l’ASMEX a saisi la visite d’une délégation libyenne en marge d’un Salon organisé par le ministère de l’Industrie pour signer un accord de partenariat  avec la Fédération des Chambres de commerce  et d’industrie libyenne.

«Cet accord met les jalons d’un cadre général de partenariat basé sur quatre pôles», explique Mohamed Es-Saadi. Le premier pôle concerne le volet financier au sens large du terme. Les libyens veulent s’inspirer du système financier marocain. Dans ce sens, un rapprochement  entre les banques des deux pays n’est pas exclu. Mais pas seulement. Les banques commerciales marocaines, peuvent également enrichir le système bancaire libyen de leurs expériences. Attijariwafa Bank et la Banque Populaire sembleraient être les deux banques qui s’intéressent de près à ce marché. Le deuxième pôle coiffe le secteur logistique (air, mer, terre). A  ce niveau les possibilités de partenariat sont énormes.  

Exemple à l’appui, «Royal Air Maroc peut faire bénéficier les deux compagnies aériennes libyennes de son savoir-faire», lâche le président du Conseil d’affaires maroco-libyen. Plus encore, ces deux compagnies, Afriqiyah Airways et Libyan Airlines, disposent
d’une grande flotte qui aura besoin d’une mise à niveau. Une opportunité à saisir pour le secteur de l’aéronautique marocain. Aussi, les opérateurs du secteur du transport routier peuvent décrocher de grands marchés. La guerre a détruit presque toute la flotte et n’a pas épargné les routes et autres infrastructures. Ce qui nous mène au troisième pôle : la Reconstruction.  «Il s’agit  d’accompagner nos frères libyens de l’étape del’ingénierie jusqu’à la livraison », explique Es-Saadi. Identification des besoins, établissement des cahiers des charges, réalisation des travaux, reconstruction,… autant de phases du processus où les marocains peuvent faire valoir leur savoir-faire.

Les cabinets d’ingénierie marocains ont beaucoup gagné en maturité, profitant de l’expertise européenne. Les sociétés de bâtiment et travaux publics, ou encore celles de la fabrication de matériaux de construction sont tout aussi concernées. «Sincèrement,c’est le pôle sur lequel nous tablons le plus», confie notre source. Le quatrième et le dernier pôle est celui de la coopération des deux pays sur le marché africain.  Cet accord vise un milliard de dollars d’échanges entre les deux pays dont la moitié concerne l’exportation de pétrole et dérivés d’hydrocarbures vers le Maroc. Il faut attendre le gouvernement définitif Tout ceci prendra un peu de temps pour se débloquer en attendant que le climat politique en Libye se stabilise davantage. Cependant, rien n’empêche qu’il y ait des choses très urgentes à réaliser. L’habillement militaire, par exemple. Mine de rien, les  marocains ont une importante expertise à faire valoir dans le domaine.

D’ailleurs, des entreprises marocaines habillent les soldats de l’OTAN et  même la police newyorkaise! Pour faire connaitre le savoir faire marocain en la matière, les responsables n’ont pas hésité à faire venir des grandes pointures de l’armée libyenne à la rencontre de ces opérateurs. L’électroménager et l’agroalimentaire sont deux secteurs qui n’ont   pas besoin d’attendre pour prospecter et même, pourquoi pas, s’installer en Libye. Le bémol de la Sécurité «On veut partir à l’assaut de la  Libye, mais le volet sécuritaire nous bloque», confie un opérateur. En effet, la sécurité reste un facteur décourageant… mais pas pour tous.  

«Je suis allée, seule, en Libye pour prospecter, et alors que les hommes d’affaires tunisiens étaient encadrés et aidés par leurs instances diplomatiques, nous les Marocains sommes seuls face aux risques qu’il y a», raconte une femme d’affaires qui n’a pas manqué  de rappeler au chef du gouvernement présent aux ssises de l’export, qui ont eu  lieu à Skhirat en décembre dernier, que la diplomatie économique marocaine est  presque inexistante! En plus des efforts fournis par le secteur privé, l’administration devrait penser à mettre en place une diplomatie plus active. En attendant que de  nouveaux marchés soient concrétisés entre le Maroc et  la Libye. Les opérateurs qui étaient déjà présents sur le marché libyen du temps de Kadhafi reprennent doucement le cours de leurs  business. ■

 
Article précédent

Levi’s au Maroc, c’est fini

Article suivant

Les Marocains continuent de consommer en 2013