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La méthodologie peut faire gagner Meknès

El Amri représentant Capital consulting.

Il y a dans notre histoire récente, des exemples de villes qui connaissent des processus de déclin et ce, malgré toutes les potentialités culturelles, historiques et économiques dont elles disposent. L’exemple de Meknès est éloquent dans ce domaine. Boufekrane et son eau historique et limpide, Moulay Abderrahmane ben Zidane et son « ITHAF », Lafkih el Mannouni et ses bibliographies et le Sultan Moulay Ismail et son empire, ne méritent pas que la ville qu’ils ont choisie comme demeure et lieu de vie reste loin de l’activité économique et culturelle, alors qu’elle est au centre du Maroc et de ses richesses. La géographie a choyé Meknès. Volubilis, Ifrane, Boufekrane, la plaine fertile du Saïss, le massif de Zerhoun et l’éternel olivier sont autant de richesses que de moyens pour donner un sens à l’action du gestionnaire de l’espace. par Driss Al Andaloussi

Il faut changer de méthode et avancer

C’est pour se déconnecter de la logique de l’attentisme, que des hommes animés par la grandeur d’un projet se sont réunis pour réfléchir à donner un sens à l’évolution d’une ville qui veut devenir grande. C’est aussi dans un langage scientifique et prospectif que les animateurs de la troisième journée, organisée à Meknès du 9 avril, ont parlé du projet de développement de cette ville. Les discours habituels à usage politique ont laissé la place au langage des chiffres et du benchmarking. Les villes qui ont donné un autre sens à leur existence ont eu des responsables qui ont  identifié les sources des problèmes et qui ont adopté des plans réels, réalistes  et ambitieux.
Rappelant les efforts entrepris depuis le lancement en mars de l’initiative de faire participer l’ensemble des Meknassis à leur projet de développement, le Wali Kadri a inscrit le dernier « workshop » le 9 avril dans une logique de finalisation des démarches, pour aller en avant vers des projets concrets et pouvant réellement changer l’existant économique, touristique et culturel et  le transformer en source d’énergie nouvelle pour un «Grand Meknès » ouvert sur son environnement et pouvant offrir à tous, les opportunités de valoriser les richesses.

Mohamed Kadri, Wali de Meknès.

Des experts qui ont parlé aux Meknassis avec une fibre meknassie

 Les experts présents ont parlé un langage loin des présentations « marketing » qui glorifie les offres de services qu’ils ont l’habitude de faire. Ils ont offert des conclusions de leurs expériences à travers le monde en matière de développement des villes et des métropoles. De jeunes marocains imbibés par la culture et les contraintes de l’organisation des pouvoirs de décisions « chez nous », ont fait des lectures riches en enseignements sur les facteurs de réussite des autres. Beaucoup de villes ont été invitées à la démonstration. Elles étaient, pour la plupart, européennes comme Amsterdam ou Montpellier, se situant dans deux continents (Europe et Asie)  comme Istambul ou américaines du sud, comme Rio. Ces experts ont représenté de grandes maisons de l’expertise internationale et marocaine. Il s’agit de McKenzie (représenté par Youssef Tazi Lamzalek et de Mourad Toufiki) ,de Valyans Consulting (représenté par Hicham Laaraki) et de Capital consulting dont le représentant Al Amri a brillamment exposé les contraintes et les opportunités qui doivent soutenir la mise en place d’un plan de développement  et a enrichi le débat en matière des nouvelles formes de financement des projets et des différentes composantes d’un développement urbain rationnel et tourné vers l’avenir.
Les exemples de succès en matière de gestion des villes et de leur développement, ont tous le même point de départ. Avoir un rêve et se doter de moyens pour le transformer en réalité. La gouvernance locale et régionale, est la seule voie qui mène vers la concrétisation des « vœux et des rêves ». Faire adhérer le citoyen au rêve ou, pour être plus concis, au projet  ne peut être garanti sans une vision qui intègre l’accès généralisé aux services de base, aux loisirs, à la culture, à la promotion sociale et à un logement décent. Ces volets du quotidien citoyen doivent  être assis sur une amélioration de l’environnement des affaires et bien cibler les secteurs porteurs. La gouvernance est un concept qui est devenu essentiel dans l’appropriation par les citoyen de leur avenir. La vision, le projet, les capacités de gestion et la prise en compte des moyens et des acteurs « nouveaux » de la scène de développement sont primordiaux. Ce n’est pas toujours le budget de l’Etat et partant, la contribution fiscale citoyenne qui doit faire le développement. Le partenariat public-privé, les sociétés de développement local et tous les autres montages de financement, doivent être mobilisés pour faire avancer les projets. Beaucoup d’exemples ont été donnés pour décrire le succès de certains projets en matière de gestion de l’espace urbain. Le transport, les parkings, l’animation culturelle sont autant de secteurs qui peuvent générer l’innovation par les nouveaux procédés de la gestion de la chose publique. Les contraintes politiques et culturelles et parfois « très politiciennes ou ancrées dans l’ignorance » créent des réactions de rejet de la transformation sociale et économique. Développer une ville n’est pas qu’un projet à portée locale. La croissance économique mondiale est, selon un des experts intervenants, portée à hauteur de 50% par les villes. 400  villes situées dans les  pays émergents seront les socles  de la croissance en 2020 et plus de 70 % des entreprises mondiales proviendraient en 2025, de ces  pays.

Un plan de développement n’est pas une cumulation de projets… C’est une vision d’abord

Un grand plan de développement d’une ville n’est pas une cumulation de projets, mais essentiellement une vision  avec un pilotage sectoriel et une utilisation intelligente des nouvelles technologies de l’information. Les villes doivent pouvoir s’inscrire dans des schémas de rupture qui dessinent de nouveaux horizons et qui fixent des objectifs rationnels. La force managériale est essentielle dans la maitrise des rythmes de changements des structures. L’exemple de Rio a été cité pour montrer l’importance de la constitution des « forces de frappe » professionnelles. 150 cadres ont été mobilisés pour suivre les projets de cette grande ville du Brésil. L’optique régionale doit être claire et conduire à faire de la coordination un moyen d’optimisation pour atteindre les objectifs communs. Les routes de proximité et les grandes infrastructures peuvent être à la portée de villes pouvant être considérées comme complémentaires dans un cadre géographique homogène.

Meknès détient le record en matière de manque de création d’entreprises

Un des experts a relevé que Meknès enregistre un record négatif en matière de création des entreprises et que cette situation ne peut être changée sans inscrire le développement de cette ville  dans son environnement. Le mouvement de l’urbanisation est irrésistible et rend indispensables des politiques urbaines réalistes et réactives. Nous avions 112 villes et centres urbains en 1960 et  ce nombre est passé à 529 en 2014.
Le chantier vient de s’ouvrir pour le grand Meknès. L’urgence est réelle dans les domaines de la mobilité, de la restructuration du tissu immobilier, de l’action culturelle et de l’animation touristique et surtout, dans le domaine de l’emploi. Les plans de financement sont en phase de montage, mais Meknès attend le démarrage de son plan de développement dans les meilleurs délais. Les équipes semblent animées par un esprit de grande mobilisation et même la communication semble prendre une dimension nouvelle avec des traductions intelligentes des paroles d’experts. La compréhension est essentielle pour l’adhésion des acteurs et ceux-ci ne sont pas tous polyglottes.
Les Meknassis croient en l’aboutissement de leur plan de développement. Les commissions thématiques  et les groupes de réflexion ont travaillé et ont proposé un schéma où l’on distingue l’urgent de ce qui doit être inscrit dans le moyen terme. Les études, les commissions de suivi de l’exécution, les plans de financement avec une composante « imprévus physiques et financiers » et une procédure plus simple, pour ne pas dire dérogatoire à la norme en matière de l’accélération des rythmes de passation de la commande publique contrôlée, sont nécessaires pour réussir la première phase du plan de développement du Grand Meknès.

 
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