Economie

Labos d’analyses médicales : polémique sur les prix

Alors que les gestionnaires de l’AMO cherchent à baisser les prix des analyses médicales qu’ils trouvent plus chers que ceux de la France ou encore de la Tunisie, les professionnels campent sur leur position. PAR HAYAT GHARBAOUI


L
es actes de biologie sont-ils chers au Maroc ? Pour la Caisse  Nationale des Organismes de Prévoyance Sociale (CNOPS), c’est indéniablement le cas. Une affirmation qui n’a de sens que lorsqu’on  compare les prix pratiqués par les laboratoires marocains à d’autres. Pour prouver ces affirmations, la CNOPS a procédé à un benchmarking avec d’autres pays qui ne  sont autres que la Tunisie et  la France. La Caisse a choisi d’évaluer les prix des actes biologiques les plus répandus à l’instar des tests d’hépatite,HIV, Cancers, Cholestérol,  Thyroïde,…  La comparaison des tarifs des 20 actes les plus fréquents ressort que «16 actes parmi 20 sont supérieurs en termes de coût à l’échelle marocaine par rapport à la Tunisie». Quand l’ARN par PCR, analyse  servant à détecter les Hépatites ou le HIV, est facturée à 990 dirhams au Maroc, les Tunisiens ne paient que 444 dirhams. Soit une différence de 546 dirhams. Autre exemple  à l’appui, le Ca19-9. Ce test qui permet de détecter un marqueur très spécifique des cancers du tractus gastro-intestinal est facturé 440 dirhams au Maroc contre 222  dirhams en Tunisie. Même son de cloche pour les examens pour la Thyroïde, THS, T3 et T4. 

Ces derniers connaissent des différences respectives de 141, 86 et 196 dirhams. Qu’en  est-il de la France ? «La comparaison des 20 actes avec la nomenclature française montre aussi des variations. 8 actes sur20 sont supérieurs en termes de coût à l’échelle marocaine par  rapport à la France», s’alarme la CNOPS. Au-delà des charges supplémentaires qu’engendrent dans l’ensemble ces analyses de biologie médicale pour les gestionnaires de  l’AMO, ce sont les citoyens qui n’ont pas de couverture médicale qui sont les plus touchés par la «cherté des prix». Discorde sur les prix  Que pensent les opérateurs de  tout cela ? «On ne peut pas dire que les biologistes appliquent des tarifs élevés car ceux-ci sont fixés par le ministère de la Santé après concertation avec les opérateurs et sont les  mêmes pour les secteurs privé et public», explique Mohammed Omari, président du Conseil des Pharmaciens Biologistes. Selon lui, il n’y a pas lieu de  comparer le Maroc à la France  ou encore à la Tunisie, car les systèmes de santé dans leur globalité sont différents. 

Il ajoute, «bien que ces tarifs soient relativement pas chers par rapport au niveau de vie  des marocains, nous avons déjà concédé une baisse de la valeur de la lettre clé B qui était de 1,34 dirham à 1,10 dirham vu l’importance nationale de ce  chantier de couverture médicale  généralisée. Aujourd’hui, on nous demande de faire plus de concessions alors que la profession passe par une période difficile». Il faut dire que le mode de tarification  des analyses médicales est  spécial. La lettre B qui fait référence à « Biologie » est une clé à laquelle est indexé un code faisant référence à un examen biologique. A ce code,  l’autorité de tutelle affecte un coefficient, qui, une fois multiplié par la valeur de la clé B (1,34 ou 1,1 dirham) donne le tarif final de l’examen. Donc, pour faire baisser les prix d’un  acte précis il faudra baisser son coefficient.

Par contre, si l’objectif est de baisser les prix dans le secteur d’une façon globale, il faut baisserla valeur du B. C’est ce que  demandent les gestionnaires de l’AMO. Or, les représentants du secteur se retrouvent, selon leurs dires, entre deux  feux. D’un côté, l’autorité de tutelle qui leur demande de faire des efforts. De l’autre, les  professionnels qui avancent être à la limite des concessions possibles. D’autant plus qu’on leur demande de faire des investissements supplémentaires pour se conformer  aux mesures du guide de bonne exécution des analyses de biologie médicale (GBEA) figurant dans le texte de loi 12-01 qui régit le secteur. Alors, la baisse aura-t-elle lieu ou pas? Les négociations,  qui durent depuis un certain temps, n’ont toujours pas abouti. Cependant, rien ne pourra se faire tant que les professionnels ne sont pas d’accord. ■

 
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