Enseignement supérieur

L’accompagnement fait encore défaut

Entrepreneuriat.  Financement, manque d’accompagnement… L’entrepreneuriat au Maroc souffre de plusieurs maux. Sur les 28.000 entreprises créées en 2013, pas moins de 5000 ont été fermées. par Roland Amoussou

La problématique du chômage des jeunes est une préoccupation majeure au Maroc. Il faut savoir qu’il y a entre 12 à 13 millions de jeunes (18-34 ans) qui créent 28.000 entreprises chaque année. En 2013, sur les 28.000 entreprises créées, il y en a au moins 5.000 qui ont été fermées, pour cause de faillite. La croissance du taux de défaillance des entreprises au Maroc, est six fois plus importante que le taux de création d’entreprise, qui est en stagnation ces trois dernières années. L’entreprenariat souffre donc d’un sérieux problème. Le financement et le manque d’accompagnement sont les principales causes pointées du doigt. «On l’oublie souvent, mais l’accompagnement représente un axe très important », rappelle Karim Benjelloun, gestionnaire de fonds d’investissement pour les PME. Intervenant dans l’un des panels ayant marqué la 7è édition du colloque X-Maroc, tenu à Casablanca le 21 avril, il a estimé qu’il est nécessaire, aujourd’hui, de mettre en place un écosystème pour l’accompagnement des PME.

Des incubateurs pour accompagner les TPE

Pour Hicham Serghini, Directeur Général de la Caisse Centrale de Garantie, il faut d’abord réussir à inculquer la culture de l’entreprenariat aux Marocains. Selon lui, le problème qui se pose, aujourd’hui, réside dans le fait que le secteur bancaire marocain n’est pas encore taillé pour traiter les projets nécessitant de petits prêts. Or, ce sont ces petits prêts (300.000 DH, 400.000 DH, etc) dont les petites entreprises naissantes ont souvent besoin pour soutenir leur activité au début. Du coup, cette couche d’entrepreneurs se retrouve sans soutien financier. «Mais je pense qu’avec tout ce qui est en train d’être mis en place, dans les cinq prochaines années, le secteur bancaire va pouvoir répondre à cette problématique», a estimé Hicham Serghini. Le patron de la CCG préconise également la mise en place d’un fonds d’amorçage public, qui aura un rôle très important à jouer. «Grâce à nos centres d’affaires régionaux, lorsque la banque rejette le dossier de quelqu’un, alors que ce dernier estime que son dossier est bon, et qu’il croit en son projet, il peut s’adresser à la CCG, qui pourra l’aider à se financer », a ajouté Hicham Serghini. En clair, dans ce cas de figure, la Caisse Centrale de Garantie prend le dossier de la TPE en main, et joue les facilitateurs. De son côté, l’ancien ministre, Ahmed Réda Chami, exhorte le gouvernement à voir l’entreprenariat comme une priorité économique. «Aujourd’hui, il n’y a pas encore cette vision », a-t-il déploré. Il recommande la mise en place d’une agence «Maroc Entreprenariat», qui serait l’intermédiaire entre le monde de l’entreprenariat et les pouvoirs publics et le secteur bancaire. L’autre axe concerne les incubateurs. Pour les participants du pannel, certaines grandes entreprises devraient davantage épauler des TPE qui vont évoluer dans leur giron, selon leur business model. Un rapprochement entre l’université et l’entreprise est également préconisé pour stimuler la R&D, afin de faire de l’innovation un vrai levier de croissance pour la PME marocaine.

 
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