Blog de Jamal Berraoui

Laissez l’histoire aux historiens par ( Jamal Berraoui )

C’était le meilleur ami de Bouabid, qui l’appelait « Bob ». Si Mohamed Lahbabi a été dirigeant du Tihad par la simple volonté de Si Abderrahim. Il n’a jamais eu d’impact au niveau de l’organisation, il n’y a pas une seule région qui se réclamait de lui. Il était membre du bureau politique, parce que Bouabid avait énormément d’estime pour lui. L’homme est d’une intégrité absolue et il y a trente ans, il apportait des idées intéressantes. Il s’est laissé piéger par la presse et il dévoile le côté comploteur des Tihadis face à Hassan II. Je ne conteste pas les souvenirs d’un homme qui était aux premières loges, quand je n’étais qu’un jeune militant exalté.

Il y a quinze ans, j’ai écrit un papier sous le titre « Régicides et après » que le grand, le très grand Abdelkrim Lamrani avait traduit et publié sur les colonnes d’Al Ahdath.

Je suis sincèrement convaincu que nous sommes en train de polluer l’environnement politique, par ces révélations tardives, qui ne représentent que les souvenirs d’individus, donc nécessairement partiels. Le drame, c’est qu’il n’y a même pas un effort de contextualisation de la part  des journaux qui publient ces mémoires ou prétendues mémoires.

Ce n’est pas en assemblant les interviews de Kadiri, d’Aherdane, de Lahbabi, que nous allons écrire l’histoire de ce pays. J’ai été outré de voir des larbins de Basri, reconnaître qu’ils ont joué les serveurs chez lui, tout en affirmant qu’ils lui tenaient tête.

Il y a un monsieur, qui a la particularité d’être un historien de métier. Il s’appelle Moussaoui El Ajlaoui. Je sais, parce que j’étais témoin oculaire, qu’il a recueilli des dizaines d’heures d’enregistrement sonore de la part des acteurs, réels, de l’histoire du Maroc indépendant.

Homme de parole, il n’a rien publié parce qu’il s’est engagé à ne rien publier, tant que des protagonistes sont encore vivantes. Je respecte cet engagement, mais je crois qu’il y a réellement urgence.

Quel effet attend-on auprès d’un jeune de 20 ans qui apprend que les Tihadis ont comploté avec l’armée, un conseiller du Roi, contre Hassan II ? Dit comme cela, ce jeune ne peut que rejeter toute l’histoire. Par contre, si on lui explique que face à la répression, à l’Etat de non-droit, des militants ont exploré toutes les voies, y compris celles peu louables, pour changer de régime, on serait plus dans la vérité. Le Tihad a donné des centaines de martyrs dans une histoire complexe. Ils méritent plus de respect.

 
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