Dossier

«Le SIAM est devenu au fil du temps, un hub international»

Malgré les contraintes, la politique visant à moderniser l’agriculture enregistre des succès et s’inscrit surtout dans la durée, le stratégique.

Challenge : Le Siam est entré dans la phase de consolidation et s’inscrit dorénavant dans la durée. Quels sont les facteurs qui font que le Salon a pu acquérir sa notoriété auprès de ses partenaires et dans le paysage international agricole ?

Jaouad Chami : 2013, l’année de tous les records ! Des chiffres en hausse, qui valent à cette édition spéciale de surfer sur les données clés. On ne peut rêver vitrine plus précieuse pour les producteurs, Le premier Salon du Royaume chérifien et d’Afrique a acquis un statut de référence et garde tout son prestige.  Le SIAM, un événement, un concept, un lieu et un message accélérateur et un facilitateur pour une dynamique commerciale encore plus intense  s’emploie à en optimiser les répercussions et les retombées, notamment économiques. Le SIAM se bonifie en étant une courroie  de transmission qui impacte un secteur vital. Une alchimie qui aura, sans nul doute, contribué au franc succès salué par les professionnels.

L’édition 2013 a été une réussite attestée autant par les chiffres clés que par les articles de journaux et félicitations reçues. Le SIAM reste une tribune privilégiée de communication  pour le secteur agricole au Maroc et à l’International et un émetteur de solutions. Les facteurs clés résident dans la qualité de relations basées sur la transparence et l’écoute qui se sont tissées tout au long des 8 précédentes années, et s’imposent  pour cette 9ème édition comme consécration de résultats de continuelles améliorations faites par correction des constats de points négatifs et suite à des recommandations constructives année après année. Pour mémoire, les balbutiements et le niveau des premières éditions.

Jaouad Chami , Commissaire général du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM)

La volonté première était de professionnaliser une expertise marocco-marocaine, au cœur d’enjeux de développement d’une plateforme de communication, de promotion et de formation stratégique pour un secteur représentant 15% du PIB national et employant la moitié de la population active dont 80% en milieu rural.

Le Salon est géré comme une structure économique et sociale qui regroupe des moyens humains, matériels, immatériels et financiers, qui sont combinés de manière organisée, où a été privilégié le relationnel avec pour objectif la satisfaction clients, visiteurs et partenaires.  Par son écrin historique particulier, par les thématiques pertinentes choisies, en filigrane du Plan Maroc Vert , selon les sujets d’actualités abordés et rehaussées par les invités d’honneur. 

Le SIAM se repositionne une fois de plus au top Africain et concourt à l’avancée du secteur agricole. Ceci se traduit par un programme et des réunions de travail tout le long de l’année. Ce bilan très positif fait que nous avons toujours plus de partenaires et d’interlocuteurs intéressés, un calendrier pré Salon  dédié aux réunions de travail avec toutes les institutions ayant trait au secteur agricole, associations, fédérations, groupements, grands groupes et chambres de commerce extérieur et conseillers économiques des ambassades. 

C : Quelle évaluation pouvez-vous faire de l’évolution du niveau et de la qualité des participants durant les sessions précédentes du SIAM ?

J.C : Pour cette 9ème édition, plus de 1200 exposants sont attendus et plus de 50 pays participants, avec des listes d’attente, ce qui conforte la notoriété. Une trentaine de conférences, et plus de 1 000 000 de visiteurs attendus sur les 9 pôles thématiques structurant le Salon. Avec en vedette un pôle terroir, fil rouge de cette édition. La plus value pour l’agriculture au Maroc n’en sera que d’autant plus palpable.

Sur une superficie de plus de 170 000 m² avec une configuration ingénieuse et un redéploiement pour la visibilité stratégique des stands et un confort certain des visiteurs, le SIAM a mis en place  une procédure d’accès pour assurer la sécurité des biens et personnes.

Nous abordons une phase marquant la maturation. Le soutien des sponsors dans un projet pérenne, la confiance des exposants nationaux et internationaux  qui se traduit par un taux de fidélisation de plus de 85%,   accru par à une demande d’augmenter de superficie pour se maintenir au niveau , voire améliorer leur design, montre l’attachement à ce grand événement  Au final, un beau Salon dont le saut qualitatif, facteur déterminant du succès, contribue ainsi à rehausser l’esthétique de l’exposition et à valoriser l’événement. 

J.C : Le SIAM compte mettre en relief les filières agricoles afin de montrer l’évolution des différentes stratégies et les réalisations enregistrées dans l’exécution des contrats-programmes. Peut-on espérer voir lors du SIAM une transformation de l’image des différentes filières ?

J.C : Le PMV s’appuie entre autre sur une meilleure intégration des filières amont et aval. C’est une occasion rare et précieuse d’aborder les grandes thématiques propres à chaque filière.Le SIAM est un lieu de polyvalence, toutes les filières du monde agricole sont représentées et chacune y trouve son public. Pour le pôle Elevage, par exemple, la configuration des filières a été revue afin de mettre en avant chaque race et donc tout un programme spécifique mis en avant. Les conditions sont propices pour faire avancer les choix puisqu’au SIAM tous les décideurs sont rassemblés. On peut citer le transfert du progrès génétique qui profite aux éleveurs. 

C : Pouvez-vous donner à nos lecteurs une idée de l’impact du SIAM sur les chiffres d’affaires des différents exposants lors des sessions précédentes ?

J.C : Le Salon International de l’Agriculture au Maroc est devenu un événement continental des plus attendus et des plus convoités offrant une plateforme de rencontres et de communication incontournable pour tous les acteurs du secteur agricole. Les statistiques confirment que le Salon poursuit sa croissance et conforte sa dimension sur le podium international. En analysant les chiffres clés des éditions précédentes, on peut constater que le Salon connait un engouement exceptionnel (1060 exposants, 720 000 visiteurs). De plus, plusieurs pôles, tels que le Machinisme, l’Agrofournitures et les Produits du Terroir ne cessent d’engendrer de grandes satisfactions, des résultats record et une dynamique commerciale sans précédent. A titre d’exemple, sur le seul Pôle Machinisme, 35 % du chiffre d’affaires annuel des exposants sont réalisés pendant les cinq jours du Salon, De plus, sur le Pôle Produits de Terroir, plus de 80% du chiffre d’affaires annuel des coopératives et les associations sont réalisés durant l’évènement.

C : Comment le SIAM est regardé par les partenaires extérieurs du Maroc?

J.C : Le SIAM au cours des huit éditions est devenu une plateforme incontournable pour les acteurs du monde agricole nationaux et internationaux. Le positionnement géostratégique du Maroc en fait le portail vers l’Afrique par excellence. Le SIAM est devenu au fil du temps, un hub international permettant aux différents partenaires extérieurs de se connecter et de tisser des relations professionnelles fructueuses, en témoigne le trend haussier du pôle international qui a dépassé les 20% lors de la 8ème édition. Les partenaires extérieurs étrangers considèrent donc le SIAM comme étant une opportunité de mises en relation, de networking et d’exploitation des carnets de clients potentiels.

C : Avez-vous relevé un changement de comportement de l’exposant marocain à l’égard de l’acte d’exposer dans un Salon international comme le SIAM ?

J.C : Le marocain n’avait  pas la culture de la Communication comme elle est ancrée aux Amériques et en Europe, mais lors de ces dernières, plusieurs de nos exposants ont déployé des efforts considérables pour améliorer leur visibilité. Le Salon se place au niveau des expositions les plus connues. Deux exemples frappants illustrant cette amélioration sont :

– Le Pôle Régions, espace incontournable où l’émulation bat son plein avec pour résultat des expositions territoriales qui ouvrent des niches; une esthétique des stands en perpétuelle amélioration, un  contenu attractif, un  programme territorial annuel, des innovations, des rencontres inter- régionales ainsi que les B to B ;

– Le Pôle Machinisme: d’une simple exposition, est devenu une véritable bourse avec des stands haut de gamme, des remises spécial SIAM, une animation par des  personnalités du show biz ; tombola… C’est porteur puisque plus de 35% des CA annuels sont réalisés lors du SIAM.

Les autres pôles suivent… 

C : Quelles sont vos ambitions pour l’avenir du SIAM et quelle stratégie pour renforcer sa place dans l’échiquier des Salons internationaux de l’agriculture ?

J.C : Comme chaque année, nous faisons au mieux pour valoriser ce secteur si riche. La qualité de l’accueil et des prestations est le cœur de nos préoccupations.

 A voir la révolution entamée cette édition, l’objectif est de se maintenir au top des Salons Internationaux de l’Agriculture en Afrique et devenir pour les pays européens  une plateforme économique sur le continent. 

Avec une diversité des exposants avec plus de représentants continentaux,  un programme de conférences pertinent rehaussé par d’éminents intervenants, et une évolution des  stratégies permettant d’aboutir à des agissements responsables et environnementaux pour une agriculture raisonnée et durable, le SIAM se positionne en tant que concurrent des plus grands par la qualité, la diversité.

C : Quelle place est réservée à l’agriculture traditionnelle et aux coopératives dans le Salon ?

J.C : Le Maroc agricole est connu pour sa diversité climatique, édaphique, végétale, et socioculturelle. A cet effet, le SIAM a toujours ouvert ses portes sur son terroir, ses produits, et ses arts culinaires qui forment l’image dynamique de la diversité de ce legs patrimonial agricole. C’est l’un des potentiels majeurs du Royaume, sur lequel il faut s’appuyer pour rééquilibrer le monde rural et la parité. Pour rappel, les coopératives agricoles représentent la forme prédominante de la structuration de la profession agricole du pays.

En effet, année après année, les produits du terroir étaient davantage présents sur le Salon jusqu’à devenir la thématique de cette édition. L’objectif étant de promouvoir ces produits afin de valoriser les ressources locales utilisées. Ceci participera non seulement à soutenir le système de production, mais aussi à dynamiser le développement rural.  

En 2006, seules 25 coopératives étaient présentes, cette année, plus de 300 coopératives associations, unions d’agriculteurs et  GIE des 16 régions du Royaume, sélectionnées selon des critères très pointus, seront présents. Cela permettra aux visiteurs de découvrir les meilleurs produits du terroir tout en assurant la promotion de la qualité, de l’authenticité, du savoir-faire et de l’innovation territoriale.

Il est à noter que le SIAM encourage la participation des coopératives et des associations par la mise à disposition à titre gracieux des stands et de réserves de stock.  

C : Dans quelle mesure pouvons-nous considérer que le SIAM constitue un support stratégique au Plan Maroc Vert ?

J.C : Le Plan Maroc Vert a été créé pour appuyer et réaliser les différents objectifs de la stratégie nationale sur le plan agricole. A cet effet, chaque année le Salon s’inspire des thématiques relevées par le PMV. Ainsi, après « Développement Durable », « Agriculture Solidaire », « Recherche et Innovation », et « Commerce Agricole » c’est le tour des « Produits du Terroir » d’être à l’honneur pour cette 9ème édition. Toutes ces thématiques sont en effet les fondements des piliers I et II du plan Maroc Vert, qui servent en premier lieu à promouvoir le secteur agricole et à faire progresser la compréhension des enjeux liés à sa matrice. 

C : Une manifestation comme le SIAM nécessite des moyens humains et financiers considérables. Comment arrivez- vous à couvrir les besoins liés à l’organisation ?

J.C : Le Salon International de l’Agriculture bénéficie de rentrées financières variées. Premièrement, les partenaires publics et officiels et les sponsors gold ne cessent de nous soutenir financièrement et institutionnellement. La location des espaces d’exposition, ainsi que la vente de billets d’entrée contribuent aux recettes du SIAM.

Les recettes couvrent convenablement les charges et par conséquent, le Salon n’enregistre aucun déficit.

Concernant les moyens humains, le commissariat se mobilise à recruter des ressources compétentes et expérimentées dans des domaines variés, tels que la communication, l’architecture, l’agriculture et la commercialisation tout en accordant la chance aux étudiants et aux jeunes diplômés de bénéficier de cette expérience si enrichissante.  

 
Article précédent

Grandeur d’âme par ( Jamal Berraoui )

Article suivant

Banquier à Londres, consultant en investissements chinois en Afrique