Dossier

Le soleil entrera dans nos réseaux électriques : Noor

Jusqu’à présent, nous avons fait des rayons de soleil qui inondent notre pays un moyen pour attirer des touristes, pour faire sécher certaines récoltes agricoles et pour générer quelques kilowattheures d’électricité à travers des petits panneaux photovoltaïques. Depuis 2009, c’est une autre vision qui est venue pour donner un sens et une carte de route à notre politique énergétique et notamment, à celle qui utilise l’inépuisable lumière naturelle du soleil.

Le développement durable n’a de sens, que lorsque les projets et programmes créent la richesse et les emplois sans détruire l’environnement. Il est durable par la méthode d’exploitation et par la nature de la ressource utilisée. L’énergie renouvelable ne produit pas que l’énergie, elle crée des filières de métiers, elle distribue des revenus et permet de transformer des régions arides en pôles de développement économique. Ouarzazate a de beaux jours très ensoleillés devant elle…

Le territoire ne sera pas en dehors des actions de NOOR
MASEEN a, dès le début du projet, travaillé sur une conception intégratrice du territoire et des populations. Il ne s’agit pas de l’implantation d’une centrale isolée, mais de la création d’un pôle économique qui a des dimensions sociales et un plan construit autour de la recherche développement, de l’innovation technologique, de l’incubation des PME et du networking. Les activités du développement local vont renforcer les liens entre la ville et son grand projet à travers les infrastructures routières qui vont désenclaver plusieurs villages autour du site Noor, la création des emplois pour les jeunes de la région et le renforcement du tissu des services sociaux de santé et d’éducation à travers notamment, les colonies de vacances. Les activités agricoles vont bénéficier de la dynamique locale que génèrera Noor.
Aujourd’hui, le Maroc dispose de sa première ferme de production avec 160 MGW. La deuxième phase portera sur deux projets (Noor II et Noor III) avec une capacité de 350 MGW. La technologie utilisant des capteurs cylindro-paraboliques sera maintenue au niveau de cette extension. Les financements ne poseraient pas de problèmes et ce, dans la mesure où beaucoup de bailleurs de fonds ont manifesté leur intérêt et que MASEEN a déjà levé 17 milliards de DH.

Une vision Royale à long terme
Rappelons-nous des termes du message royal du 6 mars 2009, lors des premières assises nationales de l’énergie «…Partant de Notre vision à long terme, où sont intégrées les tendances et les mutations de la situation énergétique mondiale qui s’esquisseront au cours des prochaines décennies, Nous plaçons la sécurité d’approvisionnement, la disponibilité de l’énergie ainsi que la préservation de l’environnement en tête de nos préoccupations.» Le Souverain a rappelé lors du sommet sur les objectifs du millénaire tenu en septembre 2010, son attachement au développement humain durable «… notamment à travers l’utilisation optimale des nouvelles technologies propres »… et le lancement «d’un plan-pilote d’énergie solaire et un projet intégré d’énergie éolienne, grâce auxquels le Maroc pourra, à l’horizon 2020, satisfaire 42 pc de ses besoins énergétiques, à partir des sources d’énergie renouvelables et propres.» Le suivi Royal de l’ensemble des composantes de cette stratégie a renforcé la qualité des objectifs à atteindre. Le bouquet énergétique marocain sera à dominante « renouvelable » à l’horizon 2030 avec 52%.

Un pilotage stratégique garant de l’efficacité
Cette nouvelle accélération devait s’accompagner d’une redéfinition de l’édifice institutionnel devant piloter la nouvelle vision en matière énergétique. Les acteurs doivent s’intégrer dans un moule commun pour éviter la recherche des performances individuelles au lieu des performances institutionnelles. Le pilotage a un rôle primordial dans la maitrise des rythmes de réalisations et c’est pour cette raison, que SM le Roi a privilégié unifier le commandement de la bataille des énergies renouvelables. C’est désormais MASEEN qui pilotera l’ensemble de ces énergies (solaire, éolien et hydroélectrique). Cette transformation impliquera une restructuration de cette institution qui a mené avec succès le premier projet du programme Noor. L’ONEE aura un seul interlocuteur pour recevoir et transporter l’énergie produite par les différentes centrales «propres». Notre pays est en train de donner l’exemple en marchant vers l’accomplissement de cette mutation structurelle. 52% n’est pas un objectif normal et sa réalisation sera une réelle avancée pour notre économie. Heureusement que nous ne trainons pas beaucoup de structures à ressource fossile dont l’amortissement serait difficile en quelques années.

Le Maroc, pays de lumière créatrice de richesses
Notre pays est très bien ensoleillé. La lumière, qui éclaire nos journées, apporte la chaleur à nos corps et à nos cultures, fait aimer nos villes et campagnes aux touristes, va dorénavant fonder une nouvelle relation avec les réseaux électriques de nos différentes régions. «Noor» est un mot qui a une portée très profonde dans la langue arabe. Il permet la transparence, la reconnaissance des voies par les hommes et par leurs âmes et ne peut que se démultiplier pour transformer des terrains considérés comme arides en plusieurs fermes d’où découle l’énergie pour fertiliser, faire marcher les machines et permettre de créer des emplois aussi durables que le soleil. Noor n’est plus un seul projet. Nous avons et nous aurons plusieurs «Noor» dans un avenir proche.
Ouarzazate qui a toujours attiré les étoiles du cinéma, est capable aujourd’hui de faire prolonger la lumière au-delà des studios et demain plusieurs metteurs en scène demanderaient des autorisations de tournage dans la cité « Noor ». Le site est un vrai décor qui ne peut qu’attirer les amateurs des prises d’images qui racontent une pénétration de la lumière même lorsque le soleil se couche.

Une stratégie qui s’insère dans les objectifs du plan d’accélération industrielle : le taux d’intégration
La volonté de doter notre pays d’une politique publique énergétique basée sur l’exploitation des ressources naturelles renouvelables, est réelle. SM le Roi a inscrit cette volonté dans l’action d’investir et a mis en place un cadre institutionnel capable de définir les actions et de les suivre dans le temps et dans l’espace. Toutes les filières sont intéressées par cette politique. Le Plan de l’Accélération Industrielle s’est inscrit dès son lancement, dans une logique de convergence avec le secteur de l’énergie. Tant au niveau de l’éolien que du solaire, il s’agit de réaliser des taux d’intégration de notre industrie orientée vers la technologie énergétique. La dernière adjudication concernant le grand projet des 850 MGW remportée par NAREVA, en association avec SIEMENS et Green Power, a mis l’accent sur l’obligation de mettre en place au Maroc, d’unités de fabrication et d’assemblage des principales composantes des éoliennes, à savoir les tours, les pales, les nacelles, les hubs et autres équipements électriques et électroniques. C’est un défi très important qui marque une volonté et qui nécessite un marché d’une taille économiquement rentable pour les industriels.
Le taux d’intégration dans le cadre du programme Noor, connaitra une évolution progressive significative qui a débuté à 30 % avec Noor I et qui atteindra 40% avec Noor III. La portée de ce taux d’intégration est stratégique pour le pays et ce, dans la mesure où il impactera positivement le positionnement futur sur le marché de la technologie énergétique local ,régional et international.

Noor I est prêt : les lignes de l’ONEE transporteront l’énergie propre Image-2
La première tranche du projet Noor, a connu un rythme d’exécution qu’on peut qualifier de performant. Les mesures d’accompagnement ont fait l’objet d’accords signés le 19 novembre 2012 à Marrakech. La contractualisation de l’achat de l’énergie qui sera produite s’est faite dans le cadre d’un partenariat tripartite regroupant la société du projet, MASEEN et l’ONEE qui durera 25 ans.

 

Le financement de l’investissement : un facteur d’optimisation du prix du kilowattheure
Le grand défi qui devait être pris en compte, a été l’optimisation du prix du kilowattheure. Cette question a trouvé une solution dans le degré de concessionnalité des financements sous forme de prêts et de dons. Le montant de ces financement a atteint environ 800 millions d’euros. C’est un montant auquel l’Etat a contribué par un montant de 2 milliards de DH.
Les éléments qui concourent à l’optimisation, sont liés à la nature de l’amortissement et aux avantages que représente la durée de vie des installations. La concessionnalité des financements représente à elle seule, 20% à 30% du coût par rapport à un financement contracté aux taux du marché. Certains exemples comme celui de certaines centrales solaire en Californie, offrent la possibilité de continuer l’exploitation au-delà des 25 ans . Dans ces cas,
la rentabilité devient exceptionnelle et dépasse les critères qu’on intègre généralement dans les schémas classiques de financement des infrastructures et équipements lourds .

La compétitivité de l’énergie solaire est en train de se réaliser
La question de la compétitivité de l’énergie solaire est une question qui dépend d’abord de la volonté politique et de la politique publique qui la traduit en projets et programmes. Notre pays a donc fait le choix volontariste d’alléger le poids de la charge de l’investissement par des mécanismes de négociation des taux d’intérêt et des délais d’amortissement, pour transformer le coût de départ en une opportunité pour opérer les équilibres financiers dans le circuit «production, transport et distribution » et permettre ainsi, d’intégrer un élément de péréquation à travers le coût du financement de l’investissement. Les autres éléments de la rentabilité résident dans les composantes liées à la quantité du rayonnement solaire, du rendement des installations et de la solidité des équipements et partant, de la durée de leur amortissement. Le facteur de charge qui est utilisé pour mesurer le décalage entre la production effective et la production thermique maximale est très favorable au Maroc. Les différences entre ces deux productions atteignent environ 11% en Allemagne et 24,6 aux états unis. La localisation des installations et l’impact des variations climatiques sont déterminants dans le décalage entre les facteurs de charge enregistrés dans les différents pays. Notre pays présente tous les ingrédients qui peuvent réduire le facteur de charge à son niveau le plus bas. Un autre facteur milite pour le choix du Maroc dans ce domaine. Il s’agit de la lutte acharnée entre les différents producteurs des cellules photovoltaïques dans le monde. Le dumping fonctionne à plein régime dans ce secteur et provoque chaque année des faillites de sociétés. Comme toutes les technologies, l’industrie des cellules photovoltaïques continuera à connaitre un alignement sur les prix des autres technologies sur le marché. Les grands acteurs de ce marché sont en majorité des sociétés établies en Chine et en Inde. Le club mondial du solaire peut compter sur le besoin de ces deux grands pays en matière d’énergie renouvelable et partant, sur leur volonté d’exercer une pression sur les coûts de production industrielle.

L’eau et l’énergie, un rapport qui évoluera vers une économie d’utilisation
La production de l’énergie solaire a besoin d’eau et la proximité du barrage Mansour Eddahbi constitue une opportunité pour le développement des différentes phases du programme Noor. En coordination avec l’ONEE, les quatre centrales pourraient être raccordées à ce barrage. L’utilisation des disponibilités hydriques de la retenue ne dépasserait pas 1% de la capacité annuelle du barrage et n’aurait, en conséquence, aucun impact majeur sur l’alimentation de la ville de Ouarzazate en eau potable. Le refroidissement humide que nécessitera le fonctionnement de Noor I, sera remplacé par un refroidissement à sec pour les centrales Noor II et III. Ce passage technologique au niveau du système du refroidissement à sec permettra selon les données reprises par la BAD, d’économiser 3,6 millions de m3.

Alexis Gazzo, Associé d’EY (ex Ernst & Young), en charge du développement des énergies renouvelables et des cleantechAlexis-Gazzo

Le Maroc s’affirme de plus en plus en destination d’investissement dans le business des énergies propres. C’est le message que le cabinet international Ernst&Young (E.Y) porte dans son indice du mois de septembre dernier sur l’attractivité des marchés des pays concernant les énergies renouvelables (RECAI). Au classement mondial, le Maroc se défend plutôt bien et grimpe de deux places. De la 25ème place en juin dernier, le royaume occupe la 23ème place juste derrière Taïwan et talonné de près par la Thaïlande.

propos recueillis Par adama sylla

Challenge : Ernst et Young (EY) a publié son indice du mois de septembre sur l’attractivité des marchés des pays concernant les énergies renouvelables (RECAI). Le Maroc est au premier rang du classement de l’indice RECAI de la région MENA et 2ème au niveau africain, juste derrière l’Afrique du Sud. Comment expliquez-vous cette performance du Maroc ?
Alexis Gazzo : C’est le résultat à la fois d’un engagement politique fort du Maroc, qui s’est illustré avec le lancement du Plan Solaire Marocain en 2009 et qui s’est traduit ensuite, par des développements législatifs et institutionnels (création de MASEN par exemple) importants. Les appels d’offres qui ont été engagés depuis plusieurs années pour des parcs éoliens et solaires, ont permis également d’inscrire dans des réalisations concrètes cette volonté politique. En quelques années, le Maroc est devenu un marché attractif pour les énergies renouvelables.

En termes d’attractivité concernant les énergies renouvelables, quels sont les points forts du Maroc ? Quid des points faibles ?
Les points forts sont les ressources naturelles (vent, irradiation solaire) ainsi que la disponibilité foncière, le cadre législatif et réglementaire qui s’est considérablement renforcé et clarifié, la stabilité géopolitique du pays (et donc un niveau de risque pays acceptable), l’expérience d’IPP et de financement de projet, ainsi que la mise en place de MASEN qui a prouvé sa capacité à conduire des appels d’offres pour des centrales de grandes capacités.
Les points faibles portent sur les subventions aux énergies fossiles, notamment en gaz naturel, qui limitent la pénétration de systèmes de solaires PV résidentiel ou solaire thermique. Les infrastructures (réseau de transport électrique, routes) peuvent aussi limiter le développement des énergies renouvelables dans certaines zones. Enfin, la qualification de la main d’œuvre locale peut également limiter les opportunités de faire appel à des sous-traitants locaux.

En quoi le projet «Noor 1» qualifié comme la plus grande centrale solaire et qui sera inauguré ce jeudi 4 février, pourrait renforcer l’attractivité du Maroc dans le domaine des énergies renouvelables ?
C’est la démonstration que les annonces faites par le Maroc en 2009 ont été suivies d’effets et que la volonté affichée de développer les énergies renouvelables se concrétise. C’est aussi une indication que les autorités marocaines sont en mesure de conduire ce type d’appels d’offres et d’accepter des structures tarifaires qui sortent des cadres habituels.

Pensez-vous que les autres projets qui sont en train d’emboiter le pas à Noor1, vont considérablement renforcer prochainement le classement du Maroc ?
Oui, c’est certain

Le Maroc ambitionne de couvrir 52% de ses besoins d’énergie en utilisant des technologies d’exploitation des énergies renouvelables à l’horizon 2030. Pensez-vous que c’est jouable ?
C’est envisageable en incluant un mix diversifié de technologies, dont l’hydro, le solaire résidentiel, etc. Cela implique également de renforcer la gestion du réseau et des interconnections.

Les experts marocains évoquent que la centrale Noor est probablement la centrale CSP la moins chère du monde. Qu’en pensez-vous ?
C’est en effet le cas à ma connaissance. Il faut mettre cela en rapport avec le fait que ce projet a bénéficié de conditions de financement exceptionnelles, puisque la dette est essentiellement apportée par des bailleurs de fonds à des conditions extrêmement favorables.

Qui est Alexis Gazzo ?
Diplômé d’HEC et titulaire d’un DEA en économie de l’environnement, Alexis Gazzo fait partie de l’équipe cleantech & sustainability d’EY en France. Depuis 15 ans, il assiste des grandes entreprises, PME, administrations ainsi que des institutions financières internationales (Banque Mondiale, BEI, etc) dans la définition et dans la mise en oeuvre de leur stratégie d’investissement autour de la transition énergétique. Basé en France, il est également fortement impliqué dans l’appui au développement de projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique en Afrique du Nord, au Moyen Orient et en Afrique du Sud. C’est également lui qui coordonne la relation entre les équipes d’EY France et la Banque Mondiale. Il intervient comme expert dans de nombreuses conférences internationales et a piloté plusieurs publications sur les énergies renouvelables (Global Ocean Energy, Value of Wind energy policies…).

 

Centrale solaire d’Ouarzazate : vers l’indépendance énergétique du Maroc

Challenge a braqué son objectif sur la centrale thermosolaire Noor 1 aux 500.000 miroirs paraboliques de 12 mètres de haut. Le chantier de la centrale de160 MW dont nous vous livrons les photos, a coûté autour de 1 milliard d’euros. Le Maroc doit couvrir 52% de sa capacité électrique installée avec des énergies renouvelables d’ici à 2030. L’évolution du chantier Noor 1 en images.

 

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