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Les solutions taboues pour Bank Al Maghrib

Pour le moment, il n’est pas question d’acheter des Bons du Trésor. Pourtant, on commence de plus en plus à en parler dans les milieux financiers. De même, le Trésor pourrait également réduire la dette intérieure au profit de la dette extérieure.

C

ette semaine, la Banque centrale a injecté quelque 64 milliards de dirhams sous forme d’avance à 7 jours pour soulager le déficit de trésorerie des banques. La Banque Centrale continue de privilégier des solutions qui n’ont qu’un faible impact, comme la réduction récente du taux de réserve monétaire obligatoire qui est passé de 4% à 2%. Pendant ce temps, certaines solutions sont jugées taboues par la Banque Centrale. Parmi celles-ci, il y a notamment l’achat de Bons du Trésor et des mesures pour faire baisser les taux d’intérêts.

Concernant la première solution, c’est un non catégorique qu’oppose Bank Al Maghrib à une telle éventualité. La Banque Centrale estime en effet, que cela équivaudrait à concurrencer les banques commerciales et les autres intervenants en valeurs du Trésor dans leur activité qui a plutôt besoin de se consolider.

Car faut-il le rappeler, l’un des problèmes de la liquidité bancaire, c’est que depuis un peu plus d’une dizaine d’années, le Trésor public ne cesse d’augmenter ses interventions sur le marché local. Mais aujourd’hui, la dette intérieure publique est de l’ordre de 400 milliards de dirhams, alors que la dette extérieure ne représente qu’une petite centaine de millions de dirhams. Avec de tels chiffres, ceux qui voudraient que la Banque Centrale intervienne ne manquent pas d’arguments. Car pour eux, il suffirait d’acheter entre 50 et 80 milliards de dirhams de Bons du Trésor pour apaiser la tension. Il faut noter que si cela devait intervenir, le Maroc ne serait certainement pas le premier à le faire. C’est la Réserve Fédérale américaine qui avait ouvert le bal après la grave crise financière. De même, la Banque Centrale européenne a détenu jusqu’à 220 milliards d’euros de Bons du Trésor public portugais, grec, espagnol ou italien. C’est dire que, l’achat de Bons du Trésor pour une Banque Centrale afin de réguler les marchés est une solution bien admise. Ce qui rend d’autant incompréhensible, la position presque inflexible d’Abdellatif Jouahri.

L’autre solution viendrait du Trésor et uniquement de lui. Car, il suffirait de changer légèrement le rapport entre dette extérieure et dette intérieure pour réduire sensiblement la pression sur la liquidité interne. Le Maroc dispose d’une très bonne signature et toutes ses sorties récentes sur le marché financier international se sont soldées par un vrai succès. Le Trésor devrait alors aller chercher entre 7 à 10 milliards de dollars en devises pour que la Banque Centrale n’ait plus à intervenir périodiquement. Dans le même sens, certaines banques critiquent leurs autorités de tutelle, sans pour autant oser se plaindre ouvertement. En effet, selon certains, il est temps que les appels d’offres du Trésor profitent davantage aux banques ayant plus de facilité à se refinancer à l’extérieur. Evidemment, cela c’est le discours des banques à capitaux étrangers qui peuvent à tout moment bénéficier des fonds en provenance de leurs principaux actionnaires. Il s’agit en l’occurrence de la BMCI, de la Société Générale et du Crédit du Maroc. Evidemment, quand on parle uniquement de ces banques, cela n’est pas pour plaire aux autres banques à capitaux marocains. Puisqu’en réalité, la plupart des autres banques de la place ne sont pas concernées par le problème de liquidité. Seules deux grandes banques auraient réellement d’importants besoins de trésorerie. 

 
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