Portrait

Médecin, enseignante et entrepreneur sociale

À moins de 40 ans, ce médecin engagé a fait un « home run » parfait qui l’a menée au sommet de la carrière médicale, mais également dans le monde des arts et des lettres.

Il est des vies « sans histoires », telles des longs fleuves tranquilles et loin des drames qui, parfois, émaillent l’existence des Hommes. Celle d’Intissar Haddya est de celles-là. Une vie paisible, un peu comme celle du Dr. Quinn, qui a inspiré sa vocation pour la médecine,dès son plus jeune âge. À une période où l’on joue encore aux poupées, Intissar a choisi d’aider les gens, de trouver une solution à leurs maladies, un soulagement à leurs affections et une guérison quand cela est possible. Fort heureusement, l’époque de la série de Far West diffusée sur 2M est passée, et aujourd’hui, la médecine a d’autres moyens de soigner.

Elle est née en 1981, à Safi. Ses deux parents sont natifs de la même ville. La famille comptera au total trois enfants dont Intissar est l’ainée. Elle est alors une jeune enfant sage, qu’on devine «chanceuse». Elle s’en excuse presque : « Mes parents étaient un couple d’intellectuels. Mon père est enseignant universitaire, en psychosociologie, et ma mère est elle même de formation de psychologue », explique-t-elle. Son éducation doit être certainement très différente de celle des enfants de son milieu. On favorise la communication, l’échange et le débat. Les parents font avancer leurs enfants en les poussant à s’exprimer, à articuler leurs idées, et à exposer leurs points de vue, librement, sans restriction.
Avec un tel background, on devine une petite Intissar « vive » et curieuse, qui n’hésite pas à exprimer le fond de sa pensée. Elle grandit à Rabat, ville où la famille réside et où elle est scolarisée dans le privé, plus précisément à l’école Mohamed Guessous, avant d’intégrer par la suite, l’enseignement public. Ses loisirs font de la lecture la principale occupation, à tel point qu’ on la qualifie de « boulimique littéraire ». « J’ai suivi très jeune les cours de l’École Américaine. J’avais donc accès à la bibliothèque, où la quasi totalité des ouvrages proposés, pour ne pas dire la totalité, étaient en langue anglaise », développe-t-elle. Intissar découvre l’oeuvre de Shakespeare, celle de Stephan Zweig et fait du théâtre. Parallèlement, elle pratique également la danse et s’intéresse au Modern Jazz. Mais c’est de loin, la lecture et l’écriture, qui sont sa passion réelle.

Écrivaine et médecin
Nous sommes en 1998, Intissar n’a que 17 ans, et déjà des milliers de pages sont noircies de ses essais et autres nouvelles. Son père qui la soutient, l’encourage même, à les soumettre à un éditeur : « Il trouvait cela très bien et m’a conseillé de me faire publier. J’ai décroché mon premier contrat avec la maison d’édition de Cambridge. Cette dernière n’ hésitera pas à les intégrer dans l’un de ses manuels scolaires, qu’elle publie. Il y a eu trois éditions à ce jour de ces livres », explique-t-elle, avec une pointe de fierté. Dans son récit, elle a un ton passionné, celui de ceux qui n’ont pas connu de souffrances. Elle est très différente de l’image de l’artiste tourmenté, le poète écorché vif. C’est plus une image de personne équilibrée qui fait face à la réalité du monde, positivement…
Après son Bac, Intissar décide de rester au Maroc, user les bancs de la Faculté de Médecine. Cela lui sera profitable, puisqu’elle passe de classe en classe, sans problème, ni difficultés aucune. Après le concours d’internat du CHU de Rabat, elle suit un stage en néphrologie, à l’Hôpital Necker de Paris, puis ce sera l’enseignement. Intissar décroche son diplôme de médecin, puis de néphrologue. Dès lors, sa carrière connait la consécration, quand elle devient professeur de médecine. Une success story comme il y en a peu. Presque un parcours parfait, puisqu’elle rejoint l’équipe d’enseignants de la faculté de médecine d’Oujda.
Dans l’intervalle, elle s’est mariée en 2006, et l’année suivante verra la naissance de son premier enfant. Sa famille sera au complet en 2014, avec la naissance d’un second enfant. « Mon mari est mon soutien de tous les jours. Il m’encourage à écrire. Parfois, il trouve que je n’avance pas assez vite dans ma production littéraire », révèle-t-elle, sans manifester de reproche. Entre signature de romans et son dernier opus, Si Dieu nous prête vie, Intissar se penche sur la condition de malades des reins au Maroc.Elle aborde des sujets tabous, tels que la greffe des reins, et milite pour une modernisation de la médecine. Dr. Quinn au XXIème siècle, aurait été à son image, avec un bilan sanguin dans les mains, et un scalpel dans l’autre.

Bio Express

1981 : naissance à Safi
1998 : Bac S à Rabat
2010 : Médecin néphrologue
2011 : Professeur de médecine à la Faculté d’Oujda
2016 : Parution de Si Dieu nous prête vie

 
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