Interview

Michel Alaby, SG du CCAB : « Nous sommes à la recherche d’investisseurs arabes pour le Ferrogrão »

La deuxième édition du Forum Économique Brésil et Pays Arabes (Economic Forum Brazil & Arab Countries) se tiendra les 02 et 03 avril 2018 à São Paulo. Il sera inauguré par Michel Temer, président du Brésil en présence de représentants de la Ligue Arabe. Nous avons rencontré Michel Alaby, secrétaire général de la Chambre de Commerce Arabo-Brésilienne (CCAB), qui effectue une tournée de promotion de l’événement. L’occasion aussi de faire un état des lieux de la situation commerciale entre les deux parties.

Challenge : C’est la deuxième édition du Forum Économique Brésil et Pays Arabes. De quoi s’agit-il ?

Michel Alaby : le Forum vise à créer des opportunités économiques entre le Brésil et les pays arabes, dont le Maroc. Le Royaume peut y exposer ses produits et opportunités d’investissement. Lors de mon déplacement dans le pays, je vais rencontrer plusieurs opérateurs, dont l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) et la CGEM dans l’optique de faire la promotion de ce Forum qui s’étalera sur deux jours ; le deuxième étant réservé aux rencontres B2B. Après l’inauguration, une grande conférence est prévue lors de ce Forum et qui va explorer les scénarios de coopération entre le Brésil et les pays arabes lors des prochaines années.

Quels sont les sujets qui seront débattus lors de cette édition ?

6 panels sont prévus : logistique et infrastructures, sécurité alimentaire, investissement, l’image des pays arabes au Brésil et vice-versa, les marques, tourisme, halal, technologie et innovation et énergies renouvelables. Dans chaque panel, il y aura un modérateur brésilien et un modérateur arabe, ainsi que deux conférenciers brésiliens et deux conférenciers arabes.

Pourquoi organiser ce Forum ? Est-ce pour suivre la tendance des forums régionaux (Forum d’Investissement Chine-Afrique par exemple) ou bien il y a un réel besoin aujourd’hui ?

Je crois qu’il y a un besoin aujourd’hui d’organiser ce Forum. On remarque une augmentation des échanges commerciaux entre les deux parties ces dernières années. En 2016, les exportations brésiliennes vers les pays arabes ont totalisé 13,5 milliards de dollars contre 6,6 milliards de dollars d’importations. L’idée est d’accroître davantage ces échanges. D’où le thème du Forum : construire le futur.

Qu’est-ce que vous espérez de ce Forum cette année ?

Nous nous attendons à recevoir 500 participants : 300 hommes d’affaires brésiliens et 200 arabes. Bien sûr, nous désirons qu’ils fassent des affaires. Chaque panel sera clôturé par des recommandations qui baliseront le terrain pour la prochaine édition.

Le Brésil est la 8ème puissance économique mondiale et elle deviendrait 5ème d’ici 2050 selon les spécialistes. Que peut-il apporter aux pays arabes et vice-versa ?

Le point fort du Brésil est la sécurité alimentaire. Le pays peut fournir de la nourriture pour le Monde. Par exemple, les récoltes des céréales ont atteint cette année 220 millions de tonnes. De plus, nous disposons de plus de 200 millions de têtes de bétail et produisons plus de 300 millions de tonnes de poules/an. Nous investissons massivement dans les infrastructures et dans les énergies renouvelables. Concernant les pays arabes, le Brésil peut bénéficier de leurs engrais, pétrole, gaz, énergie… Le Brésil est en train de remplacer les énergies fossiles. Pour ce faire, il s’appuie sur l’éthanol produit à partir de la canne à sucre et du blé.

Vous venez de réaliser une tournée dans 5 pays du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Koweït) pour promouvoir les investissements au Brésil. Quels sont les sujets que vous avez discutés ?

Les discussions ont porté sur l’énergie, le transport et le ferroviaire. Aussi, sur le Ferrogrão, un grand projet qui vise à construire un chemin de fer de 1 142 km au Nord du pays depuis la région céréalière du centre ouest directement vers le port de Miritituba sur la rive droite de la rivière Tapajós. Ce partenariat entre le gouvernement et les fonds d’investissement requiert un investissement de 12 milliards de dollars. Nous sommes à la recherche d’investisseurs arabes pour ce projet. Nous avons aussi discuté des pistes de privatisation de plusieurs entreprises comme celle de l’électricité, des ports…

Que pouvez-vous nous dire sur les échanges commerciaux entre le Brésil et les pays arabes de ces dernières années ?

Ils sont perpétuelle croissance. En 2016, les exportations brésiliennes ont augmenté de 18,6% et les importations de 23,5%. Concernant le Maroc, les exportations se sont appréciées de 25% et les importations du Royaume de 32%.

Quels sont les produits échangés entre les deux parties ?

Le Brésil exporte le sucre, la viande, le poulet, l’huile minérale, le soja, le blé et les produits chimiques qui représentent 70% des exportations brésiliennes vers les pays arabes. Le Brésil importe des pays arabes le pétrole et les phosphates qui représentent 99,7% des importations.

Qu’en-est-il du classement des partenaires commerciaux arabes du Brésil ?

L’Arabie saoudite occupe la première place, suivie des Émirats arabes unis, de l’Égypte et du Maroc. Les 22 pays arabes constituent le 4ème partenaire commercial du Brésil.

 
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