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Mohammed Boumediane, l’as de la cybercriminalité

Le nom de Mohammed Boumediane ne vous dit peut être rien, et pourtant cet entrepreneur est cité en exemple en France. Franco-marocain natif de Meknès, le jeune homme de 28 ans est à la tête de l’une des plus importantes sociétés spécialisées dans la sécurité web. Créée en 2011 à Montpellier en France, Ziwit travaille aujourd’hui avec les géants du secteur de l’informatique comme Google, Oracle ainsi que des entreprises du Cac 40. Mohammed Boumediane se confie à Challenge.ma.

 

 

Comment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans la sécurité web ?

Les nouvelles cyber-menaces ne viennent plus de nos ordinateurs, les antivirus sont donc inefficaces face à la migration des données et technologies dans le Cloud. L’utilisation du SaaS (les logiciels qui ne nécessitent aucune installation et sont utilisables depuis un navigateur) et du piratage informatique m’ont poussé à revoir la façon de sécuriser les données et les systèmes d’information. On m’a toujours dit que le meilleur moyen de se défendre était d’attaquer alors je l’ai appliqué en inventant la sécurité offensive.  Auparavant, on attendait que les hackers, les virus et les logiciels malveillants nous attaquent pour se défendre, maintenant avec HTTPCS les systèmes sont tous les jours testés et corrigés. Cela aboutit à des systèmes inviolables, sécurisés avant que les vulnérabilités ne soient exploitées. En assurant un très haut niveau de sécurité aux données de leurs internautes, les systèmes clients (sites web, sites e-commerce, applications métier …) qui utilisent HTTPCS deviennent plus fiables.

 Vous travaillez avec Google et Oracle. Comment les avez-vous convaincus ?

Je dois admettre que le facteur chance a joué en ma faveur. Dans ma vie d’entrepreneur, j’ai fait de très belles rencontres. D’ailleurs, c’est en grande partie grâce à un ancien ministre français que j’ai décroché le contrat d’Adobe. J’ai, en effet, rencontré les responsables d’Adobe lors d’une visite à San Francisco, aux Etats-unis, avec une délégation française, et j’ai pu les séduire avec notre scanner HTTPCS. Ensuite, ces derniers ont contacté ORACLE.

Votre prochain objectif est l’introduction en bourse de Ziwit en France ou aux Etats-Unis. Quelles sont vos appréhensions ?

J’ai peur et ce pour plusieurs raisons. Le marché a une vision à court terme alors que jusque-là Ziwit a développé une approche long terme. Tout cela a un coût car les investissements en recherche et développement sont très importants. Mais je pense que l’introduction en bourse est nécessaire car nous avons de beaux projets qui doivent être réalisés rapidement afin de garder l’avantage technologique et continuer à dominer le marché. Nous avons un business modèle qui a déjà fait ses preuves auprès d’un potentiel marché beaucoup plus important.

Financial Times va consacrer un documentaire à votre entreprise qui sera diffusé sur plusieurs chaînes américaines. Quel est votre sentiment ?

Je ne vous cache pas que c’est une véritable fierté. C’est un hommage aussi à toutes les personnes qui ont toujours cru en moi et m’ont soutenu.

Les entreprises marocaines sont-elles conscientes du danger des cyberattaques ?

Nous travaillons avec plusieurs entreprises marocaines. Des leaders du e-commerce au niveau national, ou encore des partenaires stratégiques tels que des agences web ou des consultants en NTIC. Ils font appel à nous afin de sécuriser leurs données internes, celles de leurs clients ou internautes. Ceux qui font appel à Ziwit ont compris que la sécurité c’est comme les sauvegardes, quand vous en avez besoin c’est qu’il est déjà trop tard.

Les universités marocaines disposent-elles de formations spécialisées en cybercriminalité ?

Oui, d’ailleurs nous travaillons avec l’Université Mohammed V de Rabat, et je peux vous dire qu’ils ont une formation très complète, à la hauteur de nos exigences.

Quel entrepreneur vous inspire ?

J’en ai plusieurs, mais pour n’en citer qu’un seul je dirai Mohed Altrad, qui a reçu le Prix mondial de l’Entrepreneur de l’Année 2015. C’est un montpelliérain comme moi ! C’est une personne que j’admire, simple et aimable. Mohed Altrad est parti de rien pour devenir aujourd’hui un très grand patron. entrepreneuriat est une vraie aventure où l’inconnu domine et le risque prime. Et le meilleur entrepreneur, c’est celui qui minimise les risques en étudiant l’inconnu.

Selon vous entreprendre quand on est jeune, c’est un avantage ou un inconvénient ?

Être jeune est un énorme avantage. Vous avez plus de force, plus d’envie et surtout moins de responsabilités personnelles. Vous partez de zéro alors au pire vous ferez du surplace et au mieux vous réussissez !

Un conseil pour un jeune entrepreneur ?

Sois responsable et honnête avec toi-même avant de l’être avec les autres. Ta réputation doit être inébranlable, car ta réussite attirera les jaloux et les racontars. Ta force ne pourra t’emmener loin que si tu es bien entouré, aide les autres à réussir et donne de toi même. Tu te créeras ainsi un réseau de personnes qui si elles réussissent entraîneront avec elles.

 
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