Actualités

Mosquées vertes, le nouveau programme des Habbous

Grande Mosquée
Hassan II à Casablanca.

Le ministère des Habbous lance un vaste programme pour doter près de l’ensemble des mosquées du Royaume, de l’énergie solaire. Ce programme expérimental, initié en partenariat avec l’ADREE et la GIZ, vise à réduire la facture énergétique des édifices religieux dont les dimensions nécessitent une grande consommation d’énergie pour les éclairer. par S.A.

Avant le lancement du programme expérimental, le ministère des Habous a effectué des audits énergétiques d’un échantillon de mosquées qui ont démontré que dans ce secteur, il y a des marges d’économies qui peuvent atteindre 40%.  Conduite avec l’assistance de la coopération allemande, cette étude a recommandé la mise en place des lampes LED qui réduisent la consommation d’énergie de 70% et l’équipement des mosquées par des panneaux photovoltaïques.
La facture énergétique du ministère des Habbous est de l’ordre de 70 millions de dirhams. Selon les données techniques fournies par la Société d’Investissement Energétique (SEI), l’ADEREE et le ministère des Habbous, une mosquée moyenne consomme près de 90 KWh/jour. Ce projet phare du ministère des Habbous vise à promouvoir l’efficacité énergétique dans les mosquées et concernera à terme, 45.000 lieux de culte dont 10.000 mosquées directement gérées par le ministère des Habbous. Il s’agit donc d’un marché considérable pour l’énergie solaire.

Deux conventions pour concrétiser le projet

La mise en œuvre de ce projet a nécessité la signature de deux conventions. Une première convention de partenariat entre le ministère de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, le ministère des Habbous et des Affaires Islamiques, l’ADEREE et la Société d’Investissement Energétique. L’objet de cette première Convention est de développer des projets d’optimisation énergétique au sein des lieux de cultes marocains.
La SIE contribue à la mise en place d’une solution de financement dédiée et accompagne le ministère des Habbous pour confier les travaux de mise à niveau énergétique à des sociétés de service énergétiques (ESCO). L’ADEREE assurera le conseil technique et ingénierie, contribuera à l’évaluation du potentiel en efficacité énergétique, le respect des normes, la labellisation de certains équipements, la formation spécialisée et l’adaptation technologique.
La deuxième Convention entre la Société d’Investissement Energétique (SEI) et la GIZ, au terme de laquelle la GIZ accorde un don de 500.000 dirhams pour la réalisation de la première mosquée verte.
Le projet pilote concerne la mosquée Assouna qui accueille 5000 personnes, d’une surface couverte de 400 mèttres carrés, en sus du logement de fonction.
Les données de consommation électriques disponibles de la mosquée ont permis d’estimer la consommation moyenne mensuelle de 4040 kwh. Le tarif applicable au KWH est de 1.2741 DH hors charges fixes et hors taxes. Soit un coût de consommation mensuelle estimé à 6000 dirhams.

Un label intéressant l’ensemble des mosquées

Le projet se base sur une approche technologique simplifiée dans une logique de service pour promouvoir un  bâtiment efficace avec  isolation thermique des parois, l’optimisation des gains solaires et de la ventilation et vitrage  performant. Le projet développe également le chauffage solaire d’eau sanitaire, avec un retour à une pratique ancestrale d’approvisionnement en eau chaude par conversion thermique  de l’énergie solaire. Le coût de l’autoproduction d’électricité photovoltaïque est de près d’un dirham le Kwh sur 25 ans. Il s’agit donc de la  mise en œuvre de solutions dans une logique d’économie d’énergie et de réduction des charges de gestion pour le Ministère. Un fonds d’amorçage dédié à la mise en place du programme a été créé, qui s’autoalimente par l’injection des  économies réalisées sur la dépense énergétique.
Ainsi, ce programme permettra de mettre en place un label qui pourra être attribué à l’ensemble des mosquées mises à niveau énergétiquement.
L’objectif de l’initiative du gouvernement et de l’Agence pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE), est de  s’aligner  sur ceux fixés par la stratégie énergétique nationale, à savoir une réduction de la consommation d’énergie de 12% en 2020. Il n’y a donc pas que l’industrie ou le bâtiment où l’on peut économiser la consommation de l’énergie produite à base de fossiles, coûteuse et appelée à devenir encore plus chère dans les années à venir eu égard, notamment, à la volatilité des cours internationaux des hydrocarbures. On peut faire également des économies d’énergies dans les lieux de culte. Rappelons que  l’ADEREE a déjà équipé plusieurs mosquées rurales en solaire photovoltaïque et a réalisé dans la région de Marrakech, une dizaine d’audits énergétiques pour le remplacement de lampes à incandescence et l’installation de chauffe-eau solaires.
Ce programme ambitieux, qui vise, à terme, la réhabilitation énergétique  de toutes les  mosquées, sera déployé en deux phases. La première phase sera axée sur 1.000 mosquées de petite, moyenne et grande taille.
Elle débutera par la réalisation d’un bilan énergétique des mosquées, l’élaboration d’un schéma d’intervention accompagné d’une estimation du coût de l’optimisation énergétique y afférente, qui sera opérée par les ESCO installées au Maroc. La seconde phase consistera à généraliser ce modèle sur l’ensemble du territoire national pour concerner, à terme, 45.000 mosquées.

 

 
Article précédent

Serait-ce la fin du bipartisme en Espagne ?

Article suivant

Dépollution industrielle hydrique : des efforts à faire !