Interview

“Notre stratégie de développement est ambitieuse”

Arnaud Le Foll, Directeur général de Total Maroc

C’est le 11 mai courant que Total Maroc, qui a obtenu le visa du CDVM pour son introduction en bourse, a ouvert une partie de son capital à l’actionnariat public. L’objectif étant pour la filiale marocaine du groupe Total de renforcer son ancrage dans le tissu économique local et de poursuivre ainsi sa stratégie d’expansion à travers le Royaume. L’occasion pour Arnaud Le Foll, Directeur Général de Total Maroc, de revenir plus en détails sur les motivations de cette opération boursière et de lever un coin du voile sur les principaux chantiers à plus ou moins courts termes qui attendent l’opérateur pétrolier.  Propos recueillis par David Jérémie

Challenge : Votre actualité aujourd’hui, c’est l’introduction de Total Maroc à la Bourse de Casablanca. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Arnaud Le Foll : Notre groupe a une stratégie de développement ambitieuse sur le continent africain depuis une quinzaine d’années et est pleinement convaincu du potentiel de ces marchés dans toutes ses composantes. Il nous paraît important d’avoir dans les pays dans lesquels notre implantation est forte, un ancrage très affirmé tant au niveau régional que local, tout en y associant notamment des investisseurs de type institutionnel, voire privés, des particuliers, nos clients et nos propres salariés. C’est une stratégie de constitution d’alliés objectifs dans les différents pays dans lesquels nous sommes présents et qui nous semble d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui, nous demeurons la seule filiale d’une major pétrolière internationale opérant dans le Royaume et, de manière générale, en Afrique. Cela nous donne un certain nombre d’obligations de résultats en termes de performances, de fiabilité et de confiance que nous devons à nos clients. Mais cette performance sera d’autant mieux perçue que nous y associerons l’environnement économique dans lequel nous évoluons.

Qu’adviendra-il des fonds générés par cette entrée en bourse ? Serviront-ils à financer votre politique de développement dans le Royaume ?
 
L’entrée en bourse se fait par cession d’actions et non par augmentation du capital. Si tel était le cas, l’argent frais aurait pu être injecté de nouveau dans nos programmes d’investissements, mais en l’occurrence Total Maroc n’en a pas besoin. Nous sommes à ce jour, en mesure de financer par nos propres moyens l’ensemble de notre plan d’investissement et de piloter la redistribution des dividendes que nous avons présentés dans le cadre de la note d’information. Cette entrée en bourse s’effectue par cession d’actions ; c’est donc le groupe Total qui vend 15% du capital qu’il détient dans Total Maroc. Cet argent sera intégré à tous les flux de financement du groupe qui investit massivement entre 10 et 20 milliards de dollars chaque année.

Quel bilan faîtes-vous globalement, de l’activité carburants et lubrifiants de Total Maroc à fin 2014 ?  
Si l’on s’en tient à nos résultats sur les cinq dernières années, nous sommes satisfaits des chiffres enregistrés. Nous avons progressé en termes de parts de marché, notamment sur plusieurs de nos produits phares comme l’essence, le diesel, le jet fioul, le GPL et les lubrifiants. Cela constitue pour nous une performance économique appréciable, car sur un marché tel que celui des carburants qui exige beaucoup d’investissements, il faut précisément pouvoir déployer des budgets considérables pour avoir des croissances rentables, à même de donner des résultats concrets. Bien que nous étions déjà à des niveaux raisonnables de l’ordre de 15 à 18 %, notre satisfaction à fin 2014 est d’avoir réussi notre pari consistant à augmenter nos parts de marchés.

Quelles est votre appréciation, s’agissant de la libéralisation des prix des carburants ? Va-t-elle impacter de façon négative les prix à la pompe ?

Aujourd’hui, l’ensemble du marché doit obéir aux mêmes règles en termes de fixation des prix, mais ces règles ne sont pas forcément adaptées à tous les types de clientèle. C’est le cas notamment, de la clientèle industrielle et professionnelle qui, en fonction de ses propres cycles d’affaires, peut avoir des exigences spécifiques que nous, opérateurs pétroliers, ne pouvons pas satisfaire aujourd’hui. Je pense qu’il faut percevoir cette libéralisation des prix comme une opportunité. C’est l’occasion pour nous, opérateurs, d’innover par exemple en matière de typologie de produits et d’intensifier nos recherches en la matière au bénéfice du consommateur.

Hormis cette entrée en bourse, quels sont les grands chantiers qui vous attendent dans le Royaume ?  

Nous poursuivons la rénovation complète de notre réseau de stations-services. C’est un chantier que nous avons entrepris il y a de cela deux ans et qui devrait se terminer l’année prochaine et qui coïncidera avec les 90 ans de Total Maroc. Afin d’augmenter nos parts de marché, nous poursuivons le développement de notre réseau avec l’arrivée de nouvelles stations services en zone périurbaine, rurale et aussi sur les autoroutes. Et puis nous souhaitons accompagner la croissance de la bouteille de gaz et pour cela, nous devons poursuivre notre politique d’investissements pour des bonbonnes neuves en vue de capter cette croissance. S’agissant de notre dispositif logistique qui constitue le cœur de la rentabilité de notre métier, nous devons veiller à ce qu’il soit toujours à niveau par rapport à la croissance de nos ventes, mais aussi en termes de standards de sécurité. 

 
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