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Phosphates : il n’y a pas de crise

Mustapha Terrab, PDG de l’OCP.

OCP. Les chiffres du 1er semestre pour l’OCP, font état d’une baisse du chiffre d’affaires et du résultat en conséquence. C’est une situation très passagère, déjà dépassée à fin août. La stratégie reste la même. par J.B

Parce que l’OCP est l’OCP, c’est-à-dire un acteur central de l’économie marocaine, la publication de ses résultats financiers semestriels imposée par son recours aux marchés internationaux, suscite l’intérêt de tout le monde. Et ce, d’autant plus que ces chiffres font ressortir une baisse du chiffre d’affaires par rapport aux derniers trimestres et que donc, le résultat net baisse en conséquence logique.
La direction de l’OCP a organisé une conférence téléphonique avec les investisseurs concernés, lundi dernier, permettant à Mustapha Terrab de répondre à quelques questions.
La baisse du chiffre d’affaires est liée à trois facteurs. S’il est vrai que les prix sur le marché international ont un peu baissé, ils sont en train de se raffermir.
L’OCP a en fait subi les aléas de la météo. Le rude hiver a rendu la navigation impossible pendant près de deux mois. L’OCP group avait des expéditions prévues à cette époque. Or, les phosphates et les engrais ont une saisonnalité de la demande. Les clients se sont reportés sur d’autres fournisseurs géographiquement moins impactés par la météo. Enfin, l’OCP vend en dollars, or, depuis janvier la monnaie US connaît un glissement face au dirham de près de 6%.

Agilité commerciale

Le top management de l’OCP ne montre aucune inquiétude. Bien au contraire, il affiche une confiance absolue dans l’avenir, d’autant plus que déjà à fin août une partie du retard a été rattrapée. Et nous l’annonçons en exclusivité, un contrat important va être signé dans quelques jours avec un grand pays de l’Afrique de l’Est. L’on sait que depuis plusieurs mois, l’OCP était en contact avec le Kenya et l’Ethiopie, c’est donc l’un de ces pays qui va annoncer la signature d’un contrat ces prochains jours.
Sur l’Afrique, l’OCP a de grands projets. Il propose des produits adaptés au sol du continent que ses ingénieurs ont longuement étudié. C’est un avantage comparatif important vis-à-vis de la concurrence sur un continent dont le développement de l’agriculture est une priorité.
Par ailleurs, les différents investissements à l’étranger ont permis un accès direct aux circuits de distribution. C’est cela qui explique la conquête de parts de marché en Amérique du Nord, alors qu’historiquement, les phosphates marocains n’y accédaient pas.
De la même manière et ce n’est pas insignifiant, le marché national est en plein développement puisque les ventes locales ont enregistré des volumes importants, sans aucune comparaison avec le passé.
La stratégie de l’OCP est très claire : être présent sur les trois compartiments du marché, tout en privilégiant la valorisation sur place. Pour y arriver, il fallait mettre en place les instruments permettant une agilité commerciale maximale. Cela a été fait grâce à un programme d’investissement colossal.
De la même manière, le pipe mis en service permettra des économies financières chiffrées à près de 800 Millions de dh par an, mais aussi de temps. Il n’y a donc ni crise, ni affaissement du marché, juste une conjonction de pépins déjà dépassée, les prévisions pour la fin de l’année étant plus qu’optimistes.
Les ventes de l’OCP se situent depuis quelques années au-delà de 5 milliards de dollars contre 3 précédemment. Selon des connaisseurs du dossier, l’objectif de 10 milliards de dollars pourrait être atteint à l’issue du programme d’investissement en cours. «Ce palier pourra être dépassé de manière pérenne».
Même Abdelilah Benkirane a déclaré que la voiture et l’aéronautique ont dépassé l’OCP en valeur d’exportations. «On aimerait bien, mais c’est faux» rétorque un cadre de l’OCP. «Il faut raisonner en termes de valeur ajoutée, elle est de 80% pour l’OCP, à peine 30% pour l’automobile et cela baisse selon l’Office des changes». Le top management de l’OCP n’est jamais entré dans cette polémique, mais les cadres en font une question de fierté. C’est l’un des atouts majeurs de l’OCP, une culture d’entreprise s’appuyant sur une communication interne aux plus hauts standards et des relations sociales très apaisées parce que l’entreprise croit dans le partage de la valeur créée. 

 
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