Société

Retraites Sans Frontières passe au peigne fin le Maroc

Dans un récent guide dédié au Maroc, le site français spécialisé www.retraitessansfrontieres.fr qui avait classé en 2017 la ville d’Essaouira dans le top 5 mondial des villes les plus attractives au monde pour vivre sa retraite, vient de passer à la loupe les avantages et les inconvénients d’une retraite dans notre pays pour un expatrié en retraite.

Si ce support qui fait autorité parmi ses compatriotes, notamment ceux aux cheveux grisonnants, ne nous apprend rien de nouveau ou presque sur les atouts dont est crédité le Maroc et qui se résument principalement en une proximité appréciable de la France, un cadre fiscal avantageux pour les expatriés, un climat ensoleillé et un peuple accueillant et francophone ; il en va tout autrement pour les inconvénients qu’il n’a pas manqué pas d’égrener.

Passons pour la stabilité du royaume qui ne serait « point acquise » car « le régime à poigne ne pourra peut-être pas toujours juguler la grogne » et va encore pour le « système de santé qui laisse à désirer » et qui devrait intimer ceux qui envisageraient de filer une retraite tranquille sous nos cieux à adhérer au préalable à la « Caisse des Français de l’Etranger ». Mais, pardi que certains « moins » identifiés par les rédacteurs de ce guide adressé à des dizaines de milliers d’abonnés sont, à tout le moins, assez interpellateur voire surprenant. A commencer par le point relatif à la circulation automobile (qui vient au troisième rang des inconvénients) à cause de l’« imprévisibilité » de la conduite des marocains ! Rien que cela ! Quant à l’accès au foncier et à l’immobilier, il serait tout simplement risqué car les opérations d’acquisition seraient elles-mêmes « compliquées et semées d’embûches ». Enfin, le contrôle des changes est érigé en sérieux obstacle de réduction de liberté puisque « la devise locale n’est pas librement convertible… et que l’importation et l’exportation de dirhams sont réglementées ».

Tout en étant conscient que le Maroc n’est pas un paradis absolu pour retraités qui n’y trouveraient que des avantages, on est tout de même en droit de ne pas opiner du bonnet à la lecture de certains passages de cette analyse un peu fort de café ! Car si une partie des marocains conduisent, hélas, comme un pied en dehors des autoroutes, il faut tout de même reconnaître que le réseau autoroutier marocain avoisine les 2 000 km et que le nouveau code de la route qui a instauré un système de permis à points a fortement contribué à atténuer les conduites irresponsables ou « imprévisibles ». Quant à l’acquisition d’actifs immobiliers, s’il est vrai que le système de VEFA (Vente en Etat Futur d’Achèvement) n’est pas encore au point au Maroc et serait donc à éviter pour ne pas subir de potentielles mauvaises surprises, il est de bon ton de rappeler aux experts de Retraites sans frontières qu’une bonne partie des 50.000 français installés au Maroc sont déjà propriétaires de leurs maisons… et sans que cela n’ait été, pour eux, un parcours de combattant ! Enfin, pour le régime de changes, les auteurs se sont tout simplement plantés en affirmant que les importations et les exportations sont réglementées, ce qui est faux ou, à tout le moins, tendanciel, car à l’exclusion de certains produits spécifiques requérant autorisation spéciale à l’importation (armes, explosifs, nitrate de soude, pigeons voyageurs…) ou à l’exportation (déchets du papier et carton….), les opérations commerciales entre le Maroc et le reste du monde sont totalement libres. Ce sont plutôt les opérations en capital opérées par des marocains qui sont assez encadrées (et non totalement interdites), ce qui change totalement la donne car cela laisse à un retraité l’entière latitude de rapatrier son investissement à son pays d’origine au cas où il souhaiterait changer à nouveau de résidence fiscale (encore que la majorité des retraités étrangers au Maroc ne sont pas investisseurs mais y vivent uniquement de leurs retraites reçus dans leur pays d’accueil en franchise d’impôts).

Au demeurant, dans un monde où la toile incarnée dans ses différentes composantes (réseaux sociaux, sites spécialisés, forums de discussion) prend une place de plus en plus croissante dans l’accès à l’information et, partant, dans la décision du consommateur (achats, investissements…), les faiseurs d’opinion qui sont loin d’être exemptés d’erreurs, d’approximations ou, carrément, de mauvaise foi ont, désormais, un pouvoir inédit aussi spectaculaire qu’effrayant… et presque sans contre-pouvoir. D’où une certaine vigilance aussi bien de la part d’acteurs privés (qui doivent défendre leurs intérêts) que des pouvoirs publics qui découvrent à leur corps défendant parfois (comme ceux d’un pays comme le Maroc) que la non maîtrise du marketing politique et territorial peut parfois coûter très cher dans un univers de compétition tout-azimut.

 
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