Portrait

Trendsetter, manager hyperconnecté

Le projet de la voiture connectée marocaine, chez Chrysler, c’est lui. Hicham El Oufir est entré dans la vie professionnelle par la petite porte, mais à 42 ans, ce manager confirmé a réussi à se hisser à une position dans laquelle il court après ses rêves. Le jeu en vaut la chandelle, puisqu’il construit la légende des TIC au Maroc, et donne des raisons aux geeks et programmeurs du dimanche de se surpasser.  Par  Noréddine El Abbassi

Hicham El Oufir est une “locomotive”, de celles qui laissent leur empreinte par là où elles passent. Avec un débit de mitrailleuse automatique, il martèle les mots, comme pour mieux les implanter dans la mémoire de ceux qui l’écoutent. Ce n’est pas un manager comme les autres, tant par sa démarche puisée de la culture du résultat anglo-saxonne, que par son ambition de changer le monde de l’automobile. Sans passer par les “Majors”, tels Google ou Apple, mais en adhérant à cette sous culture du “open source”, ces logiciels “libres”, qu’affectionnent depuis des années, geeks et informaticiens de tout bord.
“En Afrique, les commerciaux n’ont pas la culture du service. On vend des voitures, du hardwear, sans réellement de valeur ajoutée”, tempête-t-il. Une silhouette élancée, des cheveux poivre et sel, une tenue estivale, il a un air presque frêle. Assurément, ce n’est pas un manager classique, venu de la direction informatique, et on l’imagine plus aisément à la tête d’une “start-up de la Siliccon Valley”, décidé à  “révolutionner les TIC”, que revendeur automobile au Maroc.
Hicham est né en 1973, à Rabat. dans une famille de trois enfants, dont il est l’ainé. Le père est fonctionnaire à l’ONCF, et la mère gère le foyer. C’est donc, dans la capitale du Royaume qu’il grandira dans un quartier encore épargné par le bruit et qui abrite la première (et unique) chaîne de télévision de l’époque, la RTM. Autant dire que Hicham est privilégié en habitant dans l’un des quartiers, réputé des plus sûrs de la capitale, si on  excepte celui des ambassades. On imagine volontiers une rue silencieuse où l’on entend les piaillements des oisillons, un air pur épargné par les rares voitures en circulation, et où la chaleur du climat est tempérée par une brise marine.  “J’ai fait toute ma scolarité au Lycée My Youssef qui a formé des générations de futurs cadres du pays. Ainsi d’une école publique d’élite, je suis passé à une section d’élite que constituent les classes préparatoires. En “Maths Sup”, nous n’étions que deux promotions de 26 élèves, réparties entre Casablanca et Rabat”, se remémore-t-il, non sans fierté. Mais la vie lui joue un tour inattendu, puisqu’il est obligé d’abandonner la filière et par là même, la perspective d’un avenir brillant: “j’étais asthmatique et forcé de garder la chambre deux semaines durant. Cela a été malheureusement suffisant pour me faire baisser dans le classement, au point qu’il m’était impossible de “revenir dans la course”. Mais de cette expérience j’ai acquis une “rage de vaincre”, qui n’a cessé de m’animer par la suite et jusqu’à ce jour”, affirme-t-il, avec conviction.

Reprendre from scratch et viser les étoiles

Hicham ressort  donc grandi de cette expérience, et emprunte la voie de la faculté des sciences de Rabat pour continuer ses études. Dans son excès de confiance en lui même, il sous-estime le programme enseigné et de ce fait, doit redoubler. “Je venais de l’élite du Maroc. Lorsque j’étais en amphithéâtre, le programme me semblait bien très en deçà de mes moyens, que je le “maîtrisais” sans efforts particuliers. Je pouvais donc me permettre d’aller perdre mon temps ailleurs”, reconnaît-il. Il poursuit alors en section technique en 1995. Ce sont les débuts de la micro-informatique au Maroc, et il sent que l’avenir se trouve dans cette voie. Il fait alors partie de la première promotion de l’ISTEA.
Mais il estime que sa vie ne commence en fait, qu’en 1997. A ce moment, il travaille dans une entreprise d’informatique de Nador, et son employeur est par ailleurs membre du Conseil de la ville. Hicham cumule deux emplois. Il est chef de service informatique du groupe Yahia et en même temps, supervise l’informatisation de la mairie comme chef de service de la municipalité. Deux années plus tard, Hicham entre à GIC informatique comme chef de projet. Son client de l’époque, est le revendeur de la marque Chrystler au Maroc, CFAO Motors qui va lui proposer de le rejoindre. Dans l’intervalle, Hicham s’est marié, et  anime des formations en Afrique pour le groupe.  Sa vie est “stable”, et il peut enfin “prendre de l’envergure”. Il reprend ses études, à l’Université Hassan II, et cette fois-ci, en ingénierie des systèmes et réseaux. L’année suivante, il prépare et obtient un Master en Business Intelligence. Au détour de ses formations, il découvre le développement personnel, et un livre de chevet, “Le Moine qui a vendu sa Ferrari”, lequel résume sa personnalité et son attitude à la vie “positive”.  A ce niveau de l’entretien, Hicham El Oufir, devient intarissable. Il développe un certain nombre d’idées sur la manière de révolutionner le commerce automobile.“L’illumination” lui vient en visionnant une vidéo de la marque automobile Tesla: “on montrait un patron en train de pianoter sur un tableau de bord, bourré de technologies. C’est là que s’est opéré le déclic. Aujourd’hui, mon ambition est qu’un R4 soit une “smartcar” et qu’un touriste puisse commander un tajine, en descendant de l’aéroport”, appuie-t-il, d’un battement de doigts sur sa table. Pendant tout son récit, il est “dynamique” et respire la détermination. Comme s’il était convaincu que les idées se sont “portées par la conviction”, et qu’être visionnaire, signifie se battre contre vents et marées pour y arriver. “Mon projet, c’est de la conduite du changement dans l’automobile”, assène-t-il. Et nul sacrifice ne peut l’en dissuader !

Bio Express

1973 : naissance à Rabat
1990 : Bac Sciences Mathématiques
au Lycée My Youssef (Rabat)
1995 : DEG électronique et technique
de l’ISTEA
début de sa carrière dans l’informatique
2003 : entrée à CFAO Motors
2007 : Master en ingénierie des systèmes et réseaux de l’Université Hassan II
Premier niveau de PNL
2009 : Master en business intelligence

 
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