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Investissement/exportation : Un pour tous, tous pour un !

Chose promise, chose due pour Elalamy. Le ministre a fini par annoncer Son projet de fusion qui se chuchotait depuis quelques temps, en oubliant de communiquer la transparence. Un projet phare de son mandat qui, s’il devait aboutir, prévoit le regroupement de l’Amdi, Maroc Export et l’Ofec en une seule structure qui condense l’ensemble de leurs missions. Un chassé-croisé investissement-exportation qui promeut l’attractivité et le rayonnement du Maroc à l’international. Par Badya Khalid

Le ministre aux innombrables casquettes de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique militait depuis sa nomination, en 2013, pour regrouper les missions et les compétences des opérateurs Maroc Export et AMDI. Deux structures aux objectifs initiaux bien différents. Alors que la première accompagne les entreprises marocaines à l’export, la seconde fait valoir les opportunités d’investissement au Maroc pour attirer les prospects potentiels. Le 23 juin dernier, Moulay Hafid Elalamy a (enfin) annoncé, à l’issue d’un Conseil de ministres présidé par le Roi Mohammed VI, la fusion non pas de deux mais de trois entités qui travaillent à l’attractivité et au rayonnement de l’économie marocaine. Il s’agit du Centre marocain de promotion des exportations (Maroc export), de l’Office des foires et des expositions de Casablanca (OFEC) et de l’Agence marocaine de développement des investissements (AMDI). La nouvelle agence conserve l’appellation AMDIE, avec un E ajouté au sigle pour Exportations. Selon le communiqué du ministère de tutelle, «cette fusion intervient dans le cadre de la révision de la loi-cadre portant Charte de l’investissement qui vise à simplifier les procédures et augmenter la compétitivité du Maroc en matière d’investissement». Elle se veut donc la toute première réforme organisationnelle actée d’un large plan de réformes visant le commerce extérieur. Pour Elalamy, le postulat à la base du projet «qui traine depuis 20 ans» est «de consolider la coordination des opérations et de rationaliser les ressources humaines et financières dans ce domaine».

Avant la fusion, la communication !
La nouvelle info, qui n’est pas une primeur, avait déjà été rapportée par la presse en 2014. Il s’agissait de la création d’une agence chargée du développement des investissements directs (IDE) et de la promotion des exportations, baptisée Matis pour Moroccan Agency for trade, investment and services (toute ressemblance avec une autre entité est une pure coïncidence!). Elle aurait pris la forme juridique d’un groupement d’intérêt public (GIP), devant coordonner les actions de Maroc Export et de l’AMDI. Rien n’avait ensuite permis de lui accorder assez de crédit pour étayer que le ministère travaillait secrètement sur un tel projet. Tellement secrètement qu’aucune réunion n’avait regroupé pour concertation, auparavant, le top ministère avec les représentants des entités fusionnées qui ont dû apprendre «la nouvelle» par le biais de la presse. Autre fait gênant qui met à mal le principe de transparence de l’activité administrative au Maroc, le ministre Elalamy n’avait pas non plus jugé utile de les inviter à la séance de présentation du projet lors du Conseil des ministres. Il a tout de même fini par tenir une réunion intra-muros le vendredi dernier, 15 juillet, où étaient conviés le ministre délégué en charge du Commerce extérieur, Mohammed Abbou, les dirigeants de l’Amdi, Maroc Export et l’Ofec ainsi que les responsables des différents départements du commerce. En marge de la présentation du contexte général de la fusion et de ses enjeux, la réunion a permis de débroussailler certains sujets liés aux scénarii du fonctionnement de la nouvelle structure, notamment la question particulièrement sensible au facteur humain. Et pour cause: rationaliser les moyens humains devrait certainement passer par le redéploiement d’une partie des 200 fonctionnaires que comptaient les trois anciennes structures. Quant aux moyens financiers, l’AMDIE devrait, en toute logique, hériter des budgets des trois agences qui ont dépassé les 260 millions de dirhams (23,6 millions d’euros) en 2014. Elalamy, rassurant, a tenu à citer les performances réalisées par les agences fusionnées en remerciant leurs dirigeants pour les efforts déployés, et s’est engagé à améliorer davantage les performances de leurs actions. Déplorant tout de même le niveau de prestations de l’Ofec, comparé au benchmark international. Echanges de bons procédés, les dirigeants des entités regroupées ont exprimé au ministre leur entière adhésion à un projet en faveur du rayonnement de l’économie marocaine à l’étranger. Elalamy a surtout tenu à expliquer que cette démarche de regroupement, qui s’inscrit en droite ligne avec des initiatives similaires avérées de par le monde, répond à un constat simple, les organismes fusionnés sont complémentaires, qu’il s’agisse d’aider les entreprises marocaines à exporter (mission de Maroc Export) ou de convaincre les entreprises étrangères à s’implanter au Maroc, ou encore l’exposition du savoir-faire marocain par l’Ofec… la finalité est la même, à savoir actionner les opportunités de l’Offre Maroc afin de favoriser la croissance et l’emploi nationaux. Le ministre a promis une première action dans le sens du processus de fusion dès septembre prochain. Ceci sans, encore, ni précision, ni décision, ni consigne donnée à quiconque pour tracer un scénario à venir. La personne qui prendra la tête de l’AMDIE reste non connue. En attendant, le décret relatif à l’AMDIE a été déposé au niveau du SGG (Secrétariat général du gouvernement) et les organismes fusionnés devraient continuer de fonctionner «as usual», jusqu’à nouvel ordre.

Une simplification… compliquée !
Mais cette simplification s’annonce compliquée. Selon un exportateur marocain, «fusionner des agences de l’Etat sur un Powerpoint, c’est bien. Mais dans les faits, c’est souvent compliqué». Pour lui, le message envoyé aux opérateurs économiques de rendre plus lisible le dispositif d’aide public par la réorganisation du secteur du commerce extérieur n’est pas tout à fait réceptionné et les laisse dans le flou. Les détails de l’agenda de cette nouvelle structure n’ayant pas été annoncés, les opérateurs qui bénéficiaient de l’accompagnement et l’encadrement des agences regroupées regrettent que n’apparaissent suffisamment pas les actions que le ministère pourrait mener pour faciliter leur business. Ils auraient apprécié de disposer d’informations sur les effets immédiats de ce mariage et la traduction concrète des engagements mentionnés pour leur permettre de projeter leurs plans. Une doléance que le ministre voudrait prendre en charge en présentant, ce mardi 19 juillet, la nouvelle charte de l’investissement aux élus et opérateurs de la région de Casablanca-Settat. Certains opérateurs voient par contre cette réorganisation d’un bon œil, «le processus étant validé par le Chef d’Etat, la réforme devrait se mettre rapidement en place, même si en général tout processus de fusion s’avère long», déclare un businessman, ajoutant qu’une telle décision de fusion est cohérente au regard des performances exportatrices des entreprises étrangères implantées au Maroc. Il est de ce fait logique d’intégrer les services proposés à ces entreprises «investisseuses» à ceux visant à favoriser l’exportation. En effet, En 2014, les exportations de l’industrie automobile marocaine ont atteint 39,8 milliards de dirhams (3,65 milliards d’euros), soit un bond de 26% sur un an, devenant le premier secteur d’exportation devant l’agro-industrie et les phosphates. Cette forte progression du secteur automobile tient en particulier à la remarquable poussée de la construction (+52,7 % à 19,548 milliards de dirhams), portée par la montée en régime de l’usine Renault implantée à Tanger.

 
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