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Un séminaire gouvernemental à la recherche de la hauteur

La baraka d’Ifrane. Lieu mythique pour ceux qui veulent se reposer pour mieux repartir. Ifrane est aussi un lieu de préparation des performances. Les Marocains se rappellent les belles époques  où le sport a fait honneur au drapeau national. par Driss Al andaloussi

Ceux et celles qui ont, parmi d’autres, permis à la fierté de gagner le cœur des marocains ont fait des passages par Ifrane. Aouita, Nawal Al Moutawakkil, Faria et ses poulains et Nazha Bidouane … pour ne citer que ces étoiles, ont respiré le secret d’Ifrane qui n’est autre que travail et persévérance, se retirer pour contempler, réfléchir, «recharger les batteries » ne peut trouver meilleur site que cette belle ville. En amazigh, Ifrane signifie cachettes ou grottes. Le cèdre ajoute au paysage une identité et à ceux qui veulent « vraiment » bien faire l’esprit et la force du lion de l’atlas.

Se retirer pour mieux réfléchir

Sur les hauteurs du Moyen atlas, l’oxygènation permet de renforcer l’esprit d’équipe. Prendre un peu de hauteur est bon pour le moral et parfait pour la symbiose dans la conduite de la chose publique. La rentrée scolaire a permis à cette ville de retrouver son calme et au gouvernement de pouvoir opérer une retraite pour s’approcher de la nature et pour mieux réfléchir aux solutions aux grands problèmes. Feu Hassan II a toujours invité les leaders politiques et les différents responsables du secteur de l’éducation à Ifrane pour trouver des solutions et pour tracer les perspectives pour l’avenir.
Cette fois, Ifrane a ouvert ses portes à l’équipe gouvernementale pour lui insuffler un esprit de cohérence et d’entente. L’histoire récente n’a pas beaucoup enregistré de telles initiatives .La méthode Jettou a introduit le séminaire et Benkirane a déjà tenté la même chose à Dayat Erroumi. Les réunions hebdomadaires du gouvernement sont courtes et trop formelles. Les ministres sont souvent obnubilés par les textes qui concernent leur département et portent rarement un grand intérêt au travail des collègues. La composition politique plurielle du gouvernement ne peut faciliter l’imprégnation d’un rythme acceptable aux réalisations des politiques publiques. Se retrouver ensemble pendant deux jours pourrait permettre de casser des murs psychologiques et peut être faire « jaillir » des dons cachés chez certains membres timides ou ayant rarement le temps de s’exprimer lors des réunions hebdomadaires. Benkirane est un homme qui a une capacité à animer et à détendre l’atmosphère. Ifrane et les 48 heures du « team building » vont, espérons-le, permettre aux marocains de voir une nouvelle équipe pleine d’ardeur et d’ambitions pour le pays.

Les grands dossiers d’Ifrane
Les grands dossiers qui ont occupé les heures ministérielles à Ifrane sont très importants. L’emploi, la formation, la loi de finances et les lois électorales ont été à l’ordre du jour lors de cette retraite. Les ministres de l’Intérieur, de l’Economie et des Finances, de l’Emploi et les ministres délégués au Budget et à la Formation professionnelle ont présenté leurs projets loin des caméras et dans le calme. C’est presque la fin d’une période, celle du travail individuel sur une politique publique. Rêvons un petit peu en ces temps difficiles de la rentrée scolaire et de l’amenuisement du pouvoir d’achat des familles modestes et moyennes. Recevoir une formation qui peut permettre un accès à l’emploi est un vœu que la famille marocaine attend avec impatience. Il faut renforcer les structures et les politiques qui marchent et qui ont un impact direct sur la formation et sur l’emploi. L’OFPPT est une de ces structures qui a accumulé un grand capital et un savoir-faire dans le domaine de la formation professionnelle. Renforçons ce modèle et faisant bâtir autour de lui une réelle orientation vers la conciliation de la formation avec le marché du travail.
Il n’est pas permis de retourner la question à ceux qui la posent, comme il n’est plus permis de pleurer sur les conditions difficiles et sur les aléas de la conjoncture économique. La troisième année de la vie du gouvernement doit être celle de la prise des décisions et de l’affrontement des grands dossiers. L’amélioration des indices financiers ou même macroéconomiques n’est pas suffisante. La traduction des politiques sur le terrain est la vraie réalisation que tout le monde applaudira et qui fera tomber toutes les résistances, fussent-elles l’œuvre des « tamssihs et des aafarits ».

Loi de finances et la rationalité dans l’affectation des crédits

La Loi de finances a fait partie du menu de la retraite d’Ifrane. C’est une bonne chose pour une équipe qui a fait, comme les précédentes, de la demande d’arbitrage du Chef du gouvernement un sport favori dans les « extra- time » de la préparation des projets de Loi de finances. Autour d’une table, dossiers en main, les ministres ont tout le temps d’expliquer à leur chef les nécessités impérieuses qui rendent incompressibles leurs demandes d’enveloppes supplémentaires. La méthode est bonne et pourrait introduire une rigueur dans le travail de l’équipe. Tout le monde sait que la pratique budgétaire n’est pas une science, mais un réseau relationnel et un arsenal de pression. Les négociations qui ont lieu au sein de la direction du Budget ne baignent pas toujours dans le rationnel. Le discours sur le résultat, l’efficience, l’efficacité et sur la programmation claire et maitrisée ne dessinent que rarement les volumes budgétaires alloués. Un séminaire gouvernemental doit introduire un cadre de maitrise de la polyphonie budgétaire et permettre d’ancrer la rigueur dans les comportements des responsables.
La dépense publique est très noble et son encadrement constitue un moyen politique pour retrouver la crédibilité auprès des citoyens. Le marché public, le véhicule public et le bâtiment public sont ces objets dont le maniement fait mal au pays. La dépense publique doit cibler le développement et l’égalité sociale et non le luxe et la provocation. Le « M rouge » continue d’harceler notre quotidien et le rythme de vie de certaines administrations continue de frôler l’indécence.
L’année 2015 est considérée comme cruciale pour l’avenir de notre pays. Les grandes réformes et les élections doivent recevoir un traitement qui doit, au moins, faire l’unanimité de l’équipe gouvernementale avant d’aller devant les organes constitutionnels de la décision et de l’acte de légiférer. L’hôtel Michlifen qui a accueilli de grands évènements internationaux sous le règne de feu Hassan II est plein de « baraka». Il donne sur l’université Al Akhawayne dont les lauréats ont commencé à habiter nos secteurs privés et publics. Espérons que le gouvernement prendra la hauteur nécessaire en efficacité et en réformes concertées de la retraite, de la régionalisation, de la compensation ….Les ministres n’étaient accompagnés que de leurs proches collaborateurs. Les époux et les épouses sont restés à Rabat et les soucis aussi… 

 
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