Conjoncture

2016 : L’année des incertitudes économiques

Conjoncture. Le gouvernement et les médias attendent toujours avec impatience les communications de notre banque centrale. Depuis des années, cette institution a pris une nouvelle dénomination dans le langage des francophones. Elle est appelée Bank Al Maghrib et ce nom prend beaucoup de poids sur le plan sémantique. par Driss al Andaloussi

S’il est vrai que beaucoup de gouverneurs ont dirigé cette grande institution, dont l’ancien Khalifa du Sultan dans la zone nord, Moulay El Hassan Bel Mehdi, Abdellatif Jouahri, ce grand commis de l’Etat, actuel Wali, et fin connaisseur du monde de la finance marocaine, de ses acteurs et de la culture de ses hommes, a donné à la fonction une nouvelle dimension. Son langage ne plait pas toujours à ses interlocuteurs et même à ses anciens amis «politiques». Il n’est pas un produit d’une orthodoxie financière « dépassée », mais il tient à dire haut et fort ses accords et ses désaccords avec ceux qui dirigent les affaires publiques. L’année 2016 va sûrement gêner les schémas prévus par certains décideurs. Les éléments exogènes comme les données pluviométriques ou l’évolution des prix sur le marché international, ont des impacts sur nos comptes publics et sur nos soldes extérieurs. Négatifs ou positifs, ces effets ne doivent pas être interprétés en dehors de leur cadre historique et macroéconomique.

De sombres perspectives de croissance
Parler des perspectives de croissance, n’est nullement une affaire sans impact des humeurs des politiques. Mais parler en tant qu’autorité objective et tirant sa crédibilité de la froideur des chiffres, est une assurance pour le citoyen et pour les partenaires de notre pays. 2016 ne se présente pas sous de bons auspices. Les précipitations auraient un effet négatif sur la céréaliculture. La production attendue ne dépasserait pas 38 millions de quintaux au lieu des 70 millions prévus lors de la préparation de la Loi de finances 2016. De ce fait, et de la contraction prévisible de la valeur ajoutée non agricole de 13,8%, le taux de croissance ne dépasserait pas 1% au lieu de 2,1% arrêté en décembre dernier et 2,7% avancé comme hypothèse au niveau du PLF. 2017 pourrait donner lieu à une reprise de la croissance qui pourrait s’accélérer pour atteindre 3,9% sous réserve de la réalisation d’une année agricole moyenne et d’une croissance plus grande des performances de valeurs ajoutées non agricoles.

De bonnes réalisations macroéconomiques en 2015
Les autres données macroéconomiques présentées par BAM, sont globalement positives. Les réserves de change sont une logique d’augmentation soutenue qui vont passer de 6 mois et 24 jours en 2015 à 7 mois et 21 jours d’importations de biens et de services en 2016 et pourraient s’élever à plus de 8 mois et 15 jours en 2018. Cette situation pourrait se réaliser grâce à une amélioration continue des IDE, au maintien du rythme d’augmentation des transferts des MRE,au comportement des prix de nos importations et surtout à un renforcement de nos capacités d’exportation de nos biens et services issus du renforcement de la résilience de nos structures de production dans les nouveaux métiers du Maroc. Le taux de chômage a connu un léger recul de 0,2% avec la création de 33.000 emplois. Le déficit des comptes courants de la balance des paiements a connu une atténuation en 2015 pour s’établir à 2,3% due au recul du solde déficitaire de notre balance commerciale (18,6%). Le déficit budgétaire n’a pas dépassé le seuil qui lui a été fixé et s’est établi à 42,7 milliards de dhs à fin 2015.

Encourager l’accès au financement
Le Conseil d’administration de BAM a pris la décision de poursuivre sa politique de baisse du taux directeur, en le ramenant à 2,25%. Cette mesure a été dictée par la nécessité de contribuer au renforcement de l’accès des entreprises à un financement à des taux modérés. Le Wali Abdellatif Jouahri, a insisté sur le fait que le coût de l’argent reste un facteur parmi beaucoup de facteurs qui déterminent l’acte de chercher le financement d’un projet ou d’une activité. Le retour de la confiance implique un jeu collectif de l’ensemble des décideurs publics et privés.

 
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