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Abdeslam, mineur marocain de Bitcoin : «Tous les mois, je gagne un peu plus de 50.000 DH»

Abdeslam est un «mineur» de monnaies virtuelles : il est équipé d’une dizaine d’ordinateurs chargés de valider les transactions et de sécuriser le réseau. Dans la clandestinité, ce bitcoiner marocain profite de l’envolée des cryptomonnaies.

En voyant le cours du bitcoin s’envoler, ce 16 décembre 2020, Abdeslam a décidé de se lancer dans le «minage». Ce jour-là, en effet, le cours du bitcoin, la plus populaire des cryptomonnaies, a tout juste battu son record historique, en dépassant les 20.000 dollars, avant de grimper au-delà des 23.000 dollars, le tout en moins de 24h.  «Au départ, je comptais me lancer en achetant et en revendant des fragments de bitcoin pour spéculer et dégager des profits. Configurer un ordinateur pour miner me semblait trop compliqué, explique Abdeslam. Mais après quelques recherches, je me suis aperçu que ce n’était pas si difficile que cela à mettre en œuvre, et surtout, que l’investissement de départ n’était pas très risqué. » Après s’être beaucoup documenté sur les différentes monnaies qui existent et le processus nécessaire pour les miner, Abdeslam, aidé par un ami, informaticien, qui s’y est lancé une année plus tôt sans qu’il ne soit au courant, il acquiert son premier ordinateur, bien différent de ceux qui équipent les bureaux du monde entier.

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Aujourd’hui, Abdeslam, devenu autonome, dispose d’une dizaine de machines, toutes dédiées à son activité de minage. Il faut dire que derrière le terme de «minage», qui évoque la ruée vers l’or, se cache un processus techniquement complexe. Afin de sécuriser les paiements, toutes les «pièces» des monnaies virtuelles sont en effet tracées par le réseau depuis leur création. Lorsqu’un utilisateur A envoie une «pièce» à un utilisateur B pour le payer, les ordinateurs d’Abdeslam retracent l’origine des mouvements de fonds antérieurs à cette transaction pour éviter la fraude. Une fois la transaction validée, elle est archivée dans un fichier particulièrement lourd qui retrace tous les mouvements de fonds du réseau. Pour valider définitivement le processus, les machines d’Abdeslam doivent alors tenter de résoudre un problème cryptographique supplémentaire, pour lequel il n’existe qu’une réponse valide. Si ses ordinateurs y parviennent avant celui d’un autre « mineur », c’est le jackpot pour Abdeslam : le réseau le récompense en lui versant une somme dont le montant varie en fonction de la monnaie supervisée. «De plus en plus de personnes minent du bitcoin. Cela crée une concurrence», explique-t-il. 

Portée par un bitcoin qui a dépassé actuellement le seuil des 65.000 dollars, une véritable industrie du minage s’est en effet développée sur tous les continents. Chaque semaine ou presque, de nouveaux processeurs toujours plus puissants et coûteux, spécialement destinés à miner la star des monnaies virtuelles, arrivent sur le marché. Mais Abdeslam a trouvé la solution pour se doter de machines puissantes sur le marché. Il a investi dans des ordinateurs clonés pour minimiser les coûts. Ainsi, ces derniers assemblés localement avec des composants, dont des cartes graphiques et des processeurs puissants, achetés sur le marché, n’ont rien à envier aux puissantes machines préinstallées (rigs).  «Il faut aussi pour chaque machine une configuration adaptée au minage et des ventilateurs pour éviter la surchauffe. Globalement, le prix d’un ordinateur me revient entre 900 et 1.000 dollars et sa durée de vie est de trois mois. Car les cartes graphiques sont particulièrement sollicitées lors du processus», explique-t-il.

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Pour rentabiliser son investissement, il a choisi trois à quatre monnaies virtuelles dont le bitcoin, et les fait miner par toutes les machines. Chaque jour, les gains des ordinateurs sont automatiquement convertis par Abdeslam en bitcoins, et versés sur son porte-monnaie électronique. «Tout cela me rapporte environ 350 dollars par jour, ce qui représente actuellement à peu près 6.000 dollars par mois. Mais il faut également considérer que la machine me coûte entre 2 et 3 dollars par jour en électricité. Je gagne un peu plus de 50.000 DH par mois», conclut Abdeslam.

 
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