E-commerce

Achats en ligne depuis l’étranger. Poste Maroc et la Douane sous pression

Depuis quatre mois, acheter en ligne à l’international est devenu plus cher pour les Marocains, l’exonération des frais de douane sur les transactions d’une valeur inférieure à 1.250 DH étant supprimée. Mais les plus tenaces des e-acheteurs mènent depuis lors une rude bataille contre Barid Al Maghrib et la Douane.

A compter du 1er juillet dernier, tous les achats effectués depuis l’étranger via des plateformes électroniques, quel que soit leur montant, sont soumis aux droits de douane. Par cette mesure le gouvernement entend renforcer le contrôle douanier sur les envois de marchandises dans le cadre de ces transactions. Un renforcement justifié, selon l’Exécutif, par la détection de pratiques frauduleuses profitant de l’article 190 du Code des douanes, qui offre une exonération des droits sur les transactions d’une valeur inférieure à 1.250 DH. Des opérateurs indélicats contournaient cet article en fractionnant le montant de leurs envois depuis l’étranger. Outre le manque à gagner pour le Trésor, ces pratiques faussaient le jeu de la concurrence, avait expliqué le gouvernement. Depuis, qu’en est-il de l’achat en ligne sur les plateformes étrangères ? Friands de l’achat sur des sites étrangers, les Marocains ont-ils déchanté face à une mesure jugée contraignante depuis sa mise en place il y a de cela quatre mois ?

Simples consommateurs ou importateurs déguisés, les centaines de milliers de Marocains adeptes des sites marchands étrangers, surtout chinois, ne semblent pas tourner le dos aux achats en ligne à l’international.

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Pourtant, avec l’abrogation de la franchise des 1.250 DH, les e-acheteurs marocains continuent de faire leurs courses en ligne depuis l’étranger. Dans la pratique, si un colis qui contenait un ou deux produits d’une valeur totale n’atteignant pas cette barre, ne payaient pas de droit de douane, c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Les e-acheteurs se plaignent du fait qu’une fois qu’ils ont effectué leurs achats comprenant souvent les frais de livraison généralement gratuits, ils devront supporter d’autres charges superflues : une taxe postale très élevée, très souvent aussi une taxe carburant, en plus des taxes douanières. Le sujet enflamme les réseaux sociaux. Les internautes y partagent leurs mésaventures, expériences, astuces et appellent les autorités marocaines à revenir sur leurs décisions.

Sur l’un des plus grands groupes privés sur Facebook très actif sur la question et baptisé « Aliexpress Maroc » (rassemblant généralement les clients marocains du site chinois de commerce en ligne du Groupe Alibaba, spécialisé dans la vente de produits à prix bas, aux particuliers et à l’international), les internautes n’y vont pas par le dos de la cuillère pour appeler à mettre Poste Maroc et la Douane sous pression. « Pour trois accessoires de téléphone portable d’une valeur de 1,74 dollars, on me réclame 68,75 DH de taxe réparties entre la douane pour 11,13 DH, la poste pour 45,6 DH et le carburant du facteur pour 12 DH. Ces taxes représentent plus de 4 fois le prix d’achat de ma marchandise. J’ai alors décidé de ne pas récupérer le colis », se désole Amine, membre de ce groupe Facebook qui compte actuellement plus de 186.000 abonnés. « J’ai commandé un produit fabriqué par les chinois qui me l’ont vendu pratiquement au prix de revient, soit 5 DH. Ils me l’ont expédié gratuitement. Pour la livraison, Poste Maroc me demande 45 DH. Qu’elle la garde », lui répond Redouane avec beaucoup d’ironie.

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Il faut dire qu’ils sont aujourd’hui des milliers à réaliser des commandes sur les sites marchands étrangers, notamment chinois, avec des montants ne dépassant pas 1 dollar pour ensuite abandonner les colis à la poste. Certains multiplient même les pétitions appelant les e-acheteurs à s’inscrire dans cette dynamique. Du coup, Poste Maroc se retrouve avec des montagnes de colis encombrants pendant des équipes de la Douane enclenchent des processus de dédouanement sans fin. « L’opération d’abandon de colis se déroule très bien. Continuez à ne pas récupérer vos colis ! Un agent vient de me confirmer que Poste Maroc est débordée de marchandises non récupérées et que la taxe a été revue à la baisse », lance Reda.

Dans un autre post, un autre internaute n’hésite pas à dévoiler ses multiples sms de relance envoyés par Barid Al Maghrib : « Merci de bien vouloir passer récupérer votre colis bloqué en Douane au niveau du bureau de poste le plus proche ». Les colis postaux sont gérés soit par Barid Al Maghrib, soit par les sociétés express, comme DHL ou Speedaf, fournisseur chinois de services logistiques de porte à porte, qui a une filiale dans le Royaume. Une fois au Maroc, tous les colis reçus sont contrôlés à Nouaceur (Aéroport Mohammed V Casablanca) où ils sont triés, puis classés en trois catégories. La première catégorie comprend tout ce qui est documents (livres, revues, etc.) pour laquelle il n’y a pas de droits de douane. La deuxième concerne les envois sans caractère commercial de particulier à particulier et dont la valeur n’excède pas 1.250 DH. Enfin, la troisième catégorie des colis postaux comprend tous les autres envois. Dans ce cas, outre les frais postaux et de livraison, des frais de douane doivent être payés, soit auprès de la société qui s’occupe de la livraison de colis, soit directement auprès de la douane.

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Pour les achats en ligne depuis la Chine, l’acheteur a souvent le choix lors de sa commande d’être livré par Poste Maroc ou le logisticien chinois. Ce dernier qui pratique des prix presque deux fois plus cher que Barid Al Maghrib croule également sous les colis abandonnés. Aujourd’hui, si Poste Maroc a récemment revu à la baisse ses frais postaux, la Douane lui a emboité le pas. Mais pour les e-acheteurs marocains friands d’achats en ligne sur des sites étrangers, ils continuent de croire qu’ils finiront par obtenir gain de cause, à l’instar d’un pays maghrébin qui a fait marche-arrière en février dernier sur la même question ».

 
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