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Adil Bennani, président de l’AIVAM : « 2020 sera une année de croissance »

Nouvellement réélu à la présidence de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), Adil Bennani nous livre sans détour et de façon concise son appréciation sur le marché de l’automobile et son environnement. Il en profite pour lever le voile sur quelques-uns des grands chantiers qui, au même titre que le bureau actuel de l’AIVAM, leur tiennent à cœur pour cette nouvelle mandature.

Challenge : Quelle lecture faites-vous à ce jour du marché automobile des voitures neuves dans le Royaume ?      

Adil Bennani : Le marché des véhicules neufs tous segments confondus a enregistré pour le mois de novembre une baisse globale de l’ordre de -3,4%. Ce qui veut dire que l’embellie de septembre et d’octobre ne s’est pas confirmée au cours du mois dernier. En y regardant de plus près, le segment des véhicules particuliers (VP ndlr) est en perte de vitesse à -6%, alors que celui des véhicules utilitaires légers (VUL ndlr) surfe sur un trend haussier ; soit une progression d’environ 30%. Au global, nous sommes à fin novembre à -10% sur le VP et à 25% sur le VUL, ce qui donne en combiné -7%. Je pense qu’à fin décembre nous devrions parvenir à faire au maximum le volume de l’année dernière, sinon un peu moins. Nous nous orienterons vers un marché global qui devrait avoisiner les 165 000 véhicules avec 7% de baisse, comparée à l’année dernière. 

Comment expliquez-vous les bonnes performances du segment de l’utilitaire léger dont les indicateurs ont été fréquemment dans le vert cette année ? 

Pour ce qui est de l’utilitaire léger, il faut distinguer trois sous-segments : celui du fourgon tôlé qui s’adresse aux entreprises, celui du minibus qui se destine aussi bien aux transporteurs de personnels et touristiques et, enfin, le segment du pick-up. Dans le détail, ce fut une année de petite croissance pour le fourgon. Ce sont essentiellement les entreprises qui ont renouvelé leur parc automobile, sachant qu’auparavant, c’était un segment en forte croissance où les petits camions dont le PTAC n’excède pas 3,5 tonnes, étaient particulièrement prisés. Actuellement, les professionnels et adeptes de ces véhicules ont migré vers les fourgons tôlés, essentiellement pour des raisons de tarifs plus attractifs et d’adéquation du produit. En revanche, s’agissant du minibus, c’est une année de croissance importante corrélée par une progression du secteur touristique. Parallèlement, les minibus dédiés au transport du personnel ont vu leur volume augmenter de façon notable, du fait que certaines zones industrielles, c’est le cas de Kénitra, ont contribué à booster le segment du transport. Reste le segment du pick-up qui a connu une bonne année commerciale, ne serait-ce que par la présence de gros marchés en rapport avec l’OCP et L’ONE. 

Qu’est-ce qui coince globalement en matière de ventes s’agissant du segment des véhicules particuliers ? 

C’est un ensemble de choses. Par exemple, le non-renouvellement de la prime allouée aux taxieurs a impacté le marché cette année, soit un manque à gagner portant sur 4 000 à 5 000 véhicules, ce qui représente tout de même 2 à 3 points de croissance. Aussi, nous sommes dans un marché où toutes les marques généralistes sont très concurrentielles. Mais à dire vrai, l’indice de confiance des ménages dans le Royaume est en baisse. De même que la pression d’un environnement économique pas forcément favorable, fait que le consommateur reconsidère son acte d’achat. Or, nous sommes globalement à 60% dans un marché de renouvellement. Imaginez donc que si un client sur quatre décide de reporter son achat, cela constitue déjà le quart des 60% que vous ne voyez pas sur le marché. Fort heureusement et sous l’effet de la pyramide des âges, le flux de primo-accédant, c’est-à-dire les jeunes de 20 à 25 ans qui arrivent sur le marché du travail, auront besoin de mobilité. Ce qui laisse augurer des lendemains meilleurs. 

Pour ce qui est du premium, on pourrait penser que certains ménages ont les moyens de leurs ambitions. Comment dès lors, expliquer cette tendance baissière même dans ce segment ? 

Lorsque le moral n’est pas au beau fixe et que les gens n’ont pas de visibilité sur l’avenir, ils reportent leurs achats. Aussi, souvenez-vous l’année dernière, il y a eu une espèce de pression fiscale sur cette clientèle du premium, notamment au niveau des professions libérales. Elle a donc, été ponctionnée d’un certain montant pour régulariser sa situation fiscale. 

Selon vous, l’année 2020 pourrait-elle être annonciatrice d’une embellie du marché automobile, surtout avec la perspective du Salon Auto-Expo ? 

Je vous répondrais oui ; si ce n’est que le Salon à lui tout seul ne suffira pas à impulser une dynamique de marché. Toujours est-il que cet événement consacré à l’automobile et à son environnement constitue une belle opportunité pour les opérateurs qui pourront démontrer toute l’étendue de leur savoir-faire. Et c’est aussi l’occasion pour le client de bénéficier de superbes conditions d’acquisition. Somme toute, je reste optimiste ; 2020 sera une année de croissance. Toutefois, il faut qu’il y ait au niveau des Pouvoirs publics des signaux apaisants et positifs par rapport à l’avenir ; de telle sorte qu’ils puissent redonner confiance aux ménages afin de faire repartir la consommation. En revanche, pour ce qui est de la demande publique et au regard du Projet de loi de finances 2020, la croissance sera théoriquement au rendez-vous et devrait générer une certaine dynamique de marché, notamment dans le segment des VUL.

Brièvement, sur l’Auto-Expo, comment se déroulent les préparatifs de cette nouvelle édition du Salon ? 

Nous sommes très avancés dans notre cheminement. Les plans du Salon ont déjà été bouclés, faisant qu’actuellement chaque opérateur connaît son ou ses emplacements. Je précise que cet événement se déroulera au même endroit que la précédente édition (non loin de la zone de l’aéroport de Casa Anfa ndlr). À cet effet, nous commencerons prochainement les travaux d’aménagement du site. Je précise que cet événement se déroulera en juin, juste après le mois Sacré du Ramadan.  

Quel regard portez-vous sur le taux d’équipement en véhicules des ménages dans le Royaume et quelles mesures préconiseriez-vous pour accroître son développement ? 

Le taux d’équipement est faible. On le confirme à nouveau à travers une étude que nous avons réalisée, à savoir l’Observatoire de l’Automobile 2020, et que nous allons dévoiler en janvier prochain à la presse. Une étude qui atteste qu’il s’agit d’une question de pouvoir d’achat. On en revient au débat de la prime à la casse. Cette dernière constitue un mécanisme qui peut vraiment booster le marché automobile, notamment par le bas. 

Quels sont les grands chantiers qui vous tiennent particulièrement à cœur au sein de l’AIVAM dans le cadre de votre nouvelle mandature ? 

Nous avons de nombreux chantiers et autres dossiers sur lesquels nous travaillons actuellement et activement. C’est le cas par exemple en matière de réglementations, qu’il s’agisse de fuel, de normes, de classification de véhicules selon des segments de clients ou d’utilisateurs. Nous poursuivrons nos efforts s’agissant de la dématérialisation des véhicules neufs et nous nous attaquerons courant 2022 à cette même dématérialisation pour les véhicules d’occasion. Nous plancherons avant le terme de notre mandat en 2022 sur le lancement de la norme Euro 6, un virage technologique à bien négocier pour les opérateurs automobiles que nous sommes. Reste enfin la mobilité propre qui nous tient à cœur, l’objectif étant de créer les conditions favorables pour que les Pouvoirs publics prennent leurs responsabilités et puissent nous accompagner dans cette mutation technologique que prend actuellement le secteur. Parallèlement et en ce qui concerne l’AIVAM, nous disposerons très bientôt d’une nouvelle identité visuelle, ainsi que d’une plateforme web inédite avec beaucoup de valeur ajoutée, tant pour les opérateurs automobiles que pour la communauté globale, qu’il s’agisse des journalistes ou du consommateur. 

 
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