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Al Manama : un échec retentissant

Malgré la pression américaine, la conférence d’Al Manama au Bahreïn n’aboutit à rien. Les droits du peuple palestinien restent le nœud du problème.  

Seuls sept pays arabes ont accepté l’invitation du gendre de Trump, et à des niveaux de représentation qui montrent qu’ils y sont allés à reculons. L’idée de Kushner, qui est citoyen israélien, c’est qu’assurer le développement des Palestiniens faciliterait un accord politique. Le businessman croit que le pain peut remplacer la liberté, les peuples veulent les deux.

Les USA ne sont plus crédibles en tant qu’intermédiaires. Les décisions sur Jérusalem, le Golan et les implantations en font une partie au conflit.

« Netanyahu a affaibli le seul négociateur crédible en face. Trump veut l’enterrer contre des milliards de dollars, payés par les autres »

Tous les pays arabes participant à la réunion de Bahrein, ont tenu à souligner leur attachement à la proposition de paix arabe basée sur la solution des deux Etats. Le conseiller spécial ne mentionne jamais l’Etat Palestinien. Il parle de «préserver la dignité du peuple palestinien ». On n’est plus dans la négociation des frontières mais dans la négation de l’Etat. La question des réfugiés disparaît, puisque le plan Kushner prévoit de soutenir les pays d’accueil en contrepartie de l’octroi de la nationalité.

Ce plan n’est rien d’autre que la consécration de la politique de Netanyahu. Celui-ci s’est acharné, s’acharne, pour détruire le processus d’Oslo. Il vise en particulier l’autorité palestinienne. Par leurs divisions imbéciles, le Hamas et le Fatah lui ont bien facilité la tâche. L’Etape actuelle est celle de l’asphyxie financière.

Israël a décidé de prélever sur les impôts qu’elle doit reverser à l’autorité palestinienne, une part équivalente à ce qui est perçu par les familles de prisonniers. Inacceptable pour les Palestiniens, car cela signifierait l’abandon de la résistance. Depuis 3 ans, les fonds palestiniens sont bloqués en Israël. Trump a mis l’UNRWA par terre en lui retirant les subventions américaines. Or, c’est cette agence de l’ONU qui finance les écoles et les faibles structures de santé. Cette stratégie a déjà poussé l’Autorité palestinienne à licencier en masse, appauvrissant le squelettique service public qu’elle avait mis en place. Netanyahu a affaibli le seul négociateur crédible en face. Trump veut l’enterrer contre des milliards de dollars, payés par les autres. Personne n’est dupe, c’est de cela qu’il s’agissait au Bahrein.

La faiblesse de l’Union européenne, l’échec du quartet, les pays du golfe obnubilés par l’Iran, la crise actuelle dans la région, créent un contexte très défavorable à la question palestinienne, reléguée en bas des priorités diplomatiques. C’est au peuple palestinien de s’unir sur une nouvelle stratégie de résistance pacifique en ne comptant que sur ses forces, tout en sortant des slogans. La réunion d’Al Manama n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Le conflit ne sera résolu que par la fin  de l’occupation ou le génocide des Palestiniens. 

 
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