Interview

Amine Zarouk : « Notre croissance s’est accélérée avec la demande de PSA »

Le groupe français Alten est résolu à faire du Maroc une de ses principales plateformes de nearshoring au monde. Le directeur général de la filiale marocaine revient sur les ambitions du leader mondial de l’ingénierie et du conseil en technologie pour le Royaume.

Challenge : Après l’inauguration de votre nouveau site de Technopolis à Rabat dédié à l’ingénierie automobile, vous venez de recapitaliser votre filiale Alten Delivery Center Maroc (ADCM) en y injectant quelques 5,5 millions de DH. Quel est l’objectif de cette opération ?

Amine Zarouk : Alten Delivery Center Maroc est désormais au cœur de la stratégie du groupe, notre installation au Maroc se consolide et se confirme à travers des investissements plus importants et s’inscrivant dans la durée. Nous avons des perspectives très importantes au Maroc à travers une forte croissance pour dépasser 1.000 collaborateurs avant 2020. Mais aussi, couvrir des métiers dans des domaines de l’ingénierie plus larges et très stratégiques pour le groupe.

Entre fin 2017 et fin 2018, Alten Delivery Center Maroc est passé de 199 ingénieurs à 555 ingénieurs. Qu’est-ce qui explique cette montée en régime, sachant que la phase de démarrage en 2008 avait pris beaucoup de temps ?

Le groupe Alten s’est installé au Maroc fin 2013 à travers le rachat d’une entreprise de 30 Ingénieurs basée à Fès, très dynamique dans le domaine de l’IT. Après l’intégration dans le groupe, un plan de développement et de diversification a été lancé tout en restant dans la continuité du métier historique de la filiale. Nous avons lancé ensuite le métier de l’ingénierie Télécoms, une activité qui nous a permis de quintupler notre effectif en moins de deux ans. Avant de s’attaquer au métier de l’automobile, dont le groupe est leader, à travers une branche « systèmes embarqués» afin de servir notre clientèle allemande sur des sujets très pointus, nécessitant l’intervention d’ingénieurs de qualité. Notre croissance s’est accélérée avec la demande de PSA de les accompagner localement au Maroc, à partir de janvier 2018.

Vous semblez mettre le turbo sur l’ingénierie automobile. Faut-il y voir un lien avec les constructeurs et équipementiers automobiles installés au Maroc ?

L’automobile est l’un des secteurs où le groupe Alten est leader, il est donc naturel que sa filiale Marocaine reçoive cette activité. Après l’activité « systèmes embarqués automobile » lancée à Fès en 2016/2017, PSA, le premier client automobile du groupe, nous a sollicités pour l’accompagner dans son développement sur la partie Ingénierie. Nous avons donc lancé un centre d’excellence Automobile à Salé pour un effectif de plus de 500 ingénieurs à terme. Ce centre d’excellence proposerait ses services à d’autres constructeurs et équipementiers clients du groupe.

Alten Maroc a été distingué récemment parmi les meilleurs employeurs au Maroc par l’organisme international «Best Place to Work». Qu’offrez-vous de particulier aux ingénieurs marocains pour qu’ils ne soient pas attirés par l’international ? Comment faites-vous pour sécuriser votre gestion des ressources humaines compétentes ?

Nous avons hérité de l’ADN de notre groupe. Nous sommes très orientés volet humain, car, nous considérons qu’il s’agit de notre plus grand Capital. Nous avons appliqué la politique du groupe avec une adaptation au contexte local. Nous avons misé sur les jeunes motivés, en leur offrant un maximum d’accompagnement, notamment sur la formation. Nous avons également mis en place une politique de management de proximité avec un focus particulier sur la gestion de carrière et la culture du mérite. Pour les profils Bac+2/3 les plus motivés, nous avons mis en place un programme (Alten Upgrade) leur permettant d’obtenir un diplôme Master financé à 100% par l’entreprise.

Alten Maroc a lancé également des programmes d’accompagnement de jeunes diplômés issus de branches scientifiques afin de les réorienter vers les métiers de l’automobile, à travers une formation diplômante en alternance (Alten Boost). En partenariat avec l’université Euro-méditerranéenne de Fès. Donc nous sécurisons nos compétences par de la fidélisation et le développement du sens d’appartenance chez nos collaborateurs, mais aussi en préparant une relève et un vivier important. Cette distinction du « Meilleur employeur » n’est qu’une résultante naturelle de tous les efforts fournis jusque-là, mais le chemin reste long.

Selon certaines sources, Alten Maroc ambitionne de recruter 500 ingénieurs supplémentaires durant les deux prochaines années. Qu’en est-il exactement ?

ALTEN Maroc est déjà en avance par rapport à cet objectif, sur les 500, nous avons déjà embauché 200 depuis cette annonce, les 300 restants seront comblés avant fin 2020.

Aujourd’hui, comment se positionne Alten Maroc par rapport aux autres filiales de votre maison mère hors de l’Hexagone ?

Nous faisons partie de l’un des groupes les plus dynamiques au Monde, et nous sommes la filiale la plus dynamique et prometteuse du groupe ALTEN. Nous avançons rapidement avec des perspectives de développement de plus en plus importantes. Au sein du groupe, d’autres filiales Delivery Center, en Roumanie, en Inde, au Portugal ou en Pologne se positionnent sur certains métiers, malheureusement le Maroc ne dispose pas d’un bassin RH favorable (qualitativement et quantitativement) lui permettant d’avoir le même positionnement.

Son actu

Alten Maroc vient de recapitaliser sa filiale Alten Delivery Center Maroc (ADCM). Son autre actualité est sa récente distinction parmi les meilleurs employeurs au Maroc par l’organisme international «Best Place to Work ».

Son parcours

A 36 ans, il est cofondateur et directeur général d’Alten Delivery Center Maroc, la filiale marocaine du leader mondial de l’ingénierie et du conseil en technologie. Une filiale qui emploie au Maroc plus de 600 Ingénieurs et techniciens et qui prévoit de dépasser un effectif de 1.000 à l’horizon 2020, répartis sur ses deux sites à Fès et Salé. Amine Zarouk est titulaire d’un Master en systèmes d’information distribués de l’Université Paris 12 Val de Marne.

 
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