Gouvernance

Anti-corruption : Plus d’actions et de résultats, moins de discours

Le temps n’est plus aux beaux discours ni à la répétition de diagnostics et de rapports non suivis d’actions effectives. Le premier capital à restaurer n’est autre que celui de la confiance dont la condition sine qua non est la transparence dans les processus de décision et de gestion des affaires publiques.

Dès sa nomination officielle, la nouvelle équipe de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPCL) a démarré ses travaux. Elle vient de révéler son approche qui se veut principalement systémique. Il n’est pas question de jouer aux « Don Quichotte ». Ses membres sont bien armés et conscients des défis à relever et des résistances structurelles auxquelles ils devraient faire face. L’efficience de cette nouvelle instance, qui dispose de prérogatives plus larges, dépend aussi bien de l’environnement institutionnel que de l’appui des acteurs de la société civile. C’est une dynamique à mettre en place et à développer pour pouvoir entamer un processus global et irréversible de transformation des rapports sociaux.

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Nombreux sont les chantiers stratégiques dépendant étroitement de la réussite des actions que pourra mener cette instance. La lutte anti-corruption, loin d’être isolée, est fortement influencée par d’autres dimensions. Sa stagnation, au cours des dernières décennies, est indissociable de la violation des droits et libertés et des divers dysfonctionnements de la démocratie. C’est le constat principal de Bachir Rachdi, président de ladite instance.

En fait, ne sommes-nous pas nécessairement face à un processus de changement multidimensionnel à la base de la gestation d’un nouveau contrat social ? Les résistances sont-elles exclusivement intra-institutionnelles ? La banalisation du phénomène de la corruption n’a-t-elle pas entrainé des ravages au niveau sociétal ?

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L’exemple actuel de la résistance à l’impôt par des catégories professionnelles censées défendre le droit et la justice, au sens le plus large, illustre bien la complexité de cette réalité et les difficultés de changement à anticiper. L’impôt est la « substance première » du contrat social. C’est le « pilier central » du vivre ensemble. Lutte contre la corruption et développement du civisme, y compris dans sa dimension fiscale, sont inséparables. Les associer intimement, c’est aussi dépasser cette « schizophrénie » caractérisant un grand nombre d’intellectuels et de politiciens opportunistes.

La réussite des chantiers stratégiques et prioritaires exige cette nouvelle dynamique, nécessaire à l’émergence d’un nouveau mode de gouvernance. Il en est aussi bien de la généralisation de la protection sociale, de la refonte du système de santé, de la réforme du système d’éducation, de l’amélioration qualitative du climat des affaires que de la lutte contre le stress hydrique. Comme l’eau qui est indispensable à toute vie, la transparence est une exigence transversale au mode d’organisation et de gestion du vivre ensemble, fondé essentiellement sur le respect de la dignité humaine.

 
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