Sport

Au commencement était Mohamed Ali

> De la condamnation à la consécration

Boxeur, élégant d’allure et au visage étincelant de jeunesse insolente et beau à damner les foules, il était impitoyable sur le ring. Il hurlait à la face de ses adversaires qui avaient eu le tort de ne pas voir le feu qui le consumait. Un feu, simple flamme à son époque, les années soixante et qui aujourd’hui embrase le monde à la vitesse d’un incendie inexorable. 

«Quel est mon nom ?» « Comment as-tu osé m’appeler ?» « Je ne suis pas Cassius Clay .. c’est un nom d’esclave … Appelez-moi Mohamed Ali». Et tant que sur le ring, le malheureux adversaire ne daignait pas s’exécuter, il  le punissait au sens propre du terme, en le démolissant, méthodiquement, à coups de poings, avec violence mais sans sauvagerie ainsi que l’imposent les règles de ce sport que d’aucuns appellent « le Noble Art », la boxe étant cette discipline sportive qui offre le paradoxe de se rouer mutuellement de coups en éclatant pommettes du visage, arcades sourcilières et ensanglanter tout un corps, sans que cela ne scandalise le public persuadé que ce « spectacle » est une œuvre d’art et non une bagarre de rue. La boxe, Mohamed Ali, qui s’appelait encore en 1964, Cassius Clay, va le porter à son firmament. Il ne combat pas seulement, mais il danse sur le ring et chante ses propres louanges : «Je pique comme une abeille et vole comme un papillon », il s’est lui-même donné le surnom de the greatest, le plus grand, sûr de lui comme peut l’être un champion exceptionnel au bel âge de 23 ans. 

Il ne veut pas seulement être le meilleur boxeur de tous les temps, mais – surtout – ne pas être considéré comme un autre «négro » champion du monde des poids lourds et finir dans la misère, comme l’incomparable Joe Louis idole des années 50 et qui deviendra portier dans des hôtels casinos de Las Vegas.Très tôt, le jeune Cassius n’a pas voulu être le «jouet» consentant du système qui gère la boxe professionnelle. Son refus de porter un nom d’esclave « Cassius Clay » lui donnera l’occasion de se distinguer, comme jamais, avant lui ne s’est distingué un champion sportif. Sa boxe exceptionnelle, son style qui le rendait intouchable sur un ring auraient pu suffire à forger sa légende, mais lui en voulait plus, beaucoup plus …D’abord il va  pulvériser ses adversaires dont Sonny Liston abattu, en moins d’une minute, au cours d’un combat que toute la planète attendait car il allait consacrer la passation de pouvoirs entre le sortant «Sonny» et l’arrivant «Clay ». Un Clay qui, comme on l’a dit, allait vite montrer de quel bois il se chauffait, sauf que désormais, ayant conquis les titres et les rings, il comptait s’attaquer à «l’Amérique blanche et bien-pensante »

Ne se contentant pas de changer de nom, il refusa aussi de répondre à l’appel du service militaire, ce qui en pleine guerre du Vietnam, pouvait donner l’occasion de le considérer comme déserteur et traître à la Patrie. Mohamed Ali resta pourtant maître de sa communication, ne perdant aucune occasion d’asséner à tous ses accusateurs qu’il n’avait aucune intention d’aller défendre des esclavagistes « Yankees » dans une guerre d’invasion et d’oppression contre un peuple à qui, personnellement, il n’avait rien à reprocher. L’Amérique se vengea en le destituant de son titre de champion du monde et en le suspendant pour 3 ans d’interdiction de rings. Ali passera à la vitesse supérieure et son combat allait donner une dimension inouïe à la lutte contre le racisme. Embrassant la religion musulmane, promue aux USA par Elijah Mohamed, il devint le martyr des «Black Muslims», allié naturel  des «Black Panthers», un mouvement qui entendait répondre aux racistes blancs, au coup par coup.

En 1968 aux Jeux Olympiques de Mexico, le poing ganté de noir de Carlos Smith, levé au ciel sur le podium des vainqueurs d’une finale olympique, au moment de l’hymne américain entré dans la droite ligne du combat débuté cinq ans plus tôt par le boxeur Mohamed Ali. Cela eut un retentissement considérable, même si à l’époque on devait se contenter des seules infos à la  télévision et les bulletins radios. On peut s’interroger sur ce qu’aurait été le combat de Mohamed Ali, à l’ère de la communication tous azimuts du 21ème siècle, avec les moyens donnés par l’Internet. Ce que devint Mohamed Ali, une fois sa suspension levée, est archi connu. Combat d’exhibition en 1971 à Casablanca lors de la Fête de la Jeunesse, titre mondial des poids lourds reconquis au Zaïre, en un combat mythique face à Georges Foreman que Ali détestait, car Foreman devenu champion olympique avait brandi un drapeau américain. Sur le ring, Ali prit aussi des coups, il aura la mâchoire cassée par Ken Norton, et plus tard face au bulldozer Joe Frazier, il fut quasiment détruit, refusant d’abandonner face à un rival plus jeune et donc plus puissant que lui. Joe Frazier dira devant les caméras : «J’ai bien fermé la gueule à ce prétentieux, il aura du mal à s’en remettre». Ali ne s’en remettra, effectivement, jamais.  Ses problèmes physiques aggravés par la maladie de Parkinson qui allaient diminuer sa fin de vie, peuvent être imputés à ce combat contre Frazier. Mohamed Ali, égal à lui-même, préférait dire : « Allah m’a puni, c’est lui le Dieu tout puissant, le vrai et le seul très grand. J’ai trop dit au début de ma carrière que j’étais le plus beau et le plus grand. C’est une erreur, Dieu m’a puni, je l’accepte ».

Mort en 2016, Mohamed Ali en attendant d’être dans le Paradis d’Allah, est pour l’éternité dans la mémoire de l’Humanité. L’Amérique lui a tout pardonné, lui offrant même d’être aux J.O de 1996 à Atlanta, celui qui allumera la flamme olympique du stade. Un moment très fort d’une puissance émotionnelle considérable, car la vision de cet homme qui fut un immense champion, désormais secoué de tremblement parkinsonien et muet à jamais, rappelait, à tous, les combats de Mohamed Ali. Et les USA ce soir-là, s’octroyaient le droit de partager avec lui la gloire de ses combats. C’est ainsi que la Justice triomphe toujours, même si, désormais, le passé raciste américain resurgit de plus belle…  

Mais ce n’est que partie remise.

> Ironie du sort

Tout le monde s’indigne contre le racisme. On fustige les policiers et les gendarmes ; les juges, le public et les médias s’enivrent de cette bien-pensance. Pourtant, il existe une attitude raciste qui n’apparaît à personne. C’est celui que supporte et ce qui est infligé à la sénégalaise porte-parole de Macron, Sibeth Ndiaye et qui est proprement scandaleux. On ne lui épargne rien, ni jeux de mots, ni insinuations, ni préjugés. Que la dame, mère de 3 enfants, reste encore debout face aux médias et à cette averse de malveillances, tient proprement du miracle. 

> Lekjaa en son jardin

Fouzi Lekjaa, Président de la FRMF.

Le foot c’est la fête. Ça doit le rester et même la fédération  de Lekjaa le promet, la fête doit devenir plus belle, plus fair-play, plus attractive, en un mot plus professionnelle. Qu’on se le dise, et depuis mardi dernier, Fouzi Lekjaa et toute son équipe le répètent : « On doit non seulement reprendre la Botola (ce sera fait au mois d’Août), mais aussi améliorer le respect du jeu et des règles de transparence financière ». Déconfinant le foot marocain en ces temps de pandémie, la FRMF veut relancer la fête, mais ce ne sera pas à n’importe quel prix. Le sanitaire, le sportif et l’économique, tout devrait être nickel. «On va continuer, mais dans la rupture avec ce qui se faisait dans le passé. Jusqu’à la reprise des compétitions en Août, on va relancer les entraînements dans les équipes et surtout apurer tous les matchs retard. Une nouvelle vie commence». Fouzi Lekjaa en est sûr et veut le croire et il conclut : «C’est l’une des plus importantes étapes du foot marocain».

Cela annonce un été brillant et brûlant. Les feux de l’été, leur chaleur et leur énergie, vont-ils tout consumer ou seront-ils le lancement d’un bel incendie salvateur ? Comme ailleurs on brûle dans les forêts les mauvaises pousses pour permettre à cette même forêt de se régénérer.

 
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