Dossier

AZIZ RABBAH : « La préférence nationale est un choix stratégique » 2/4

Les entreprises marocaines se sont adjugées entre 47% et 97% des appels d’offres lancés par le département d’Aziz Rabbah en 2012.

Challenge. Qu’est-ce qui a motivé votre décision  d’appliquer la préférence nationale?
Aziz Rabbah. Depuis le début de mon mandat, au département de l’Equipement et du Transport nous avons prospecté tous les  moyens à même de renforcer la compétitivité des entreprises BTP, l’émergence de champions nationaux dans  le secteur et le développement d’un tissu de moyennes et de petites entreprises structurées. A cet effet, nous avons lancé, le 21 février 2012, une circulaire pour l’application de la mesure de la préférence  ationale de 15% pour les Entreprises et les Bureaux d’Etudes marocains de bâtiment et travaux publics (BTP) oeuvrant dans les marchés de travaux et d’études y afférentes. L’application de cette mesure est un signal fort aux opérateurs et investisseurs nationaux qui sont souvent en concurrence avec leurs homologues  étrangers  bénéficiant des avantages fiscaux et financiers dans leurs pays d’origine, marquant ainsi l’engagement du Gouvernement de les accompagner et de les soutenir dans leurs processus de restructuration et d’amélioration de la qualité des prestations et des services offerts. Pour honorer les engagements pris envers les bailleurs de fonds, l’application de cette disposition ne concerne pas les opérations financées par des dons ou par des prêts qui  imposent un traitement égalitaire des soumissionnaires. 

C. Cette mesure se limitera-t-elle aux marchés publics ?
A.R. Le principe de préférence à l’entreprise nationale constitue « un choix stratégique » qui ne se limitera pas uniquement aux marchés  publics. Cette mesure que plusieurs autres pays ont choisie, avec des taux même plus élevés, est motivée par la volonté du Gouvernement de booster les entreprises du secteur du BTP, qui représente une part importante dans la création de la valeur ajoutée nationale et un poids important dans le volume des investissements engagés par le pays. La mesure en question présente plusieurs avantages, nous citons entre autres, la participation active de l’entreprise nationale dans la réalisation des infrastructures du pays, l’émergence de champions nationaux et d’un tissu de moyennes et petites entreprises structurées et compétitives, le développement de l’expertise nationale, la limitation de la sortie des capitaux et des devises à l’étranger, la capitalisation des entreprises nationales…  

C. Combien d’entreprises marocaines ont bénéficié de la préférence nationale dans le cadre de  votre département ? 
A.R. A notre avis, il est important de signaler ici la valeur des marchés et non le nombre. L’application systématique du principe de la préférence nationale et la préférence accrue aux produits nationaux dans le cadre des marchés publics ont permis de noter une croissance de la part des entreprises nationales dans  les appels d’offres lancés par le département. Au niveau du secteur ferroviaire, l’ensemble des programmes et projets de  l’Office National des Chemin de Fer ont vu l’application de ladite mesure. Dans le cadre du projet  de la onstruction  de la ligne à Grande Vitesse Tanger- Casablanca, on note que les entreprises marocaines ont obtenu 12 lots pour  un montant total de 4,3 milliards de dirhams sur les 21 lots engagés à ce jour et qui totalisent un montant de 9,1 milliards de dirhams, soit une part marocaine de 47%. Dans le cadre du programme général, les entreprises marocaines ont obtenu des marchés à hauteur de 3,2 milliards de dirhams sur les 4.3 milliards de dirhams engagés à ce jour, soit une part de 74%. En résumé, sur l’ensemble du programme d’investissement de l’ONCF,  les entreprises marocaines ont été adjudicatrices d’un montant total de 7,5 milliards de dirhams, soit 56% des marchés adjugés.

C. Qu’en est-il des autres  secteurs ?
A.R. L’essentiel des marchés lancés par l’Agence Nationale des Ports ont été adjugés à des entreprises marocaines. Ainsi, pour quatre marchés au niveau desquels les entreprises étrangères ont soumissionné, les entreprises  marocaines ont été attributaires pour un montant de 120 millions de dirhams, ce qui représente 55% des marchés adjugés en 2012. Egalement tous les marchés lancés par la Direction des Ports et du Domaine Public  Maritime ont été adjugés à des entreprises marocaines avec des montants qui dépassent 230  millions de dirhams en 2012. 

Par ailleurs, il est important de signaler que grâce à l’application du principe de la préférence nationale,  le projet de construction du nouveau complexe portuaire de Safi a été adjugé à un groupement d’entreprises marocaine et étrangère, pour un montant d’environ 3,7 milliards de dirhams avec une part des entreprises marocaines de 90%.  Le secteur des aéroports n’est pas en reste. En 2012, la part des entreprises marocaines bénéficiaires des marchés lancés par l’Office National des Aéroports est de 58 marchés sur 63, avec un montant de près  de 360 millions de  dirhams sur un total de 372 millions de dirhams, soit 97%. Pour  consacrer le principe de la préférence nationale,  l’Office National des Aéroports est en cours de révision de son code de passation des marchés pour intégrer cette disposition.

C. Et le secteur des routes et des autoroutes?
A.R. Depuis la publication de la circulaire « préférence nationale », l’application est systématique au niveau de ce secteur. Par ailleurs, à la date de cette publication, aucun marché de taille significative n’a été adjugé par la Société  Nationale des Autoroute du Maroc à une entreprise étrangère. La part à ce jour des entreprises marocaines dans  l’exécution du programme autoroutier est d’environ 45%. ■ 

 

 
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