Economie

Banques participatives L’heure des tractations

Quatre banques émiraties et qataries étudient avec leurs homologues marocaines la possibilité de s’associer pour créer de nouvelles banques.
Les intéressés par la création de banques participatives (islamiques) ne chôment pas. Pourtant, ni le projet de la réforme de la loi bancaire (contenant un chapitre régissant leur activité) ni ses décrets ne sont encore promulgués. Pour ne pas perdre de temps, et pour être prêts quand il le faudra, des pourparlers individuels, mais aussi collectifs, ont lieu entre quatre banques de deux pays du golfe et certaines de leurs homologues marocaines. Les premières, qui n’ont pas encore déposé officiellement leur demande d’agrément manifestent leur intérêt pour pénétrer le secteur marocain. Il s’agit d’Abu Dhabi Islamic Bank, Dubaï Islamic Bank, Qatar International Islamic Bank et Qatar Islamic Bank. Côté marocain, il serait question de BMCE (quoique le sujet ne serait pas tellement à l’ordre du jour pour elle), la BCP, Attijariwafa Bank et le Crédit Agricole. Selon une source proche des investisseurs arabes, ces contacts entre ces différents établissements permettent d’envisager la constitution de banques «mixtes», détenues majoritairement par les Marocains (51%). Un banquier ajoute qu’en fait il ne s’agit pas là de la seule option possible. Toutes les pistes sont aujourd’hui explorées : créer une banque participative par une ou des banques marocaines, ou par une banque étrangère seule, ou par le partage de l’actionnariat entre une banque marocaine et une autre étrangère… Selon les financiers, il serait plus intéressant pour l’une de ces banques arabes de s’installer au Maroc avec l’appui d’un partenaire local. Ils expliquent cela par le coût d’installation élevé qu’elle devra supporter si elle devait investir seule. Il n’y a qu’à voir le prix exorbitant du foncier commercial pour ouvrir des agences. Et une banque, au démarrage, devrait au moins en disposer d’une quarantaine. Pour le banquier, un « petit» local pour une banque de retail, il faudrait compter en moyenne entre 3 à 4 millions de dirhams d’investissement. D’où l’intérêt de s’associer à un établissement qui dispose déjà de son propre réseau.

Quelle place pour une nouvelle banque ?
Si tel est le cas, rien n’empêcherait alors cet actionnaire arabe de monter dans le capital de la banque participative, eu égard aux expériences passées avec les banques françaises par exemple. «Mais il faut savoir que l’actionnaire majoritaire a des obligations vis-à-vis de la banque centrale », tient à préciser notre source. En admettant que le schéma de 51/49 soit adopté, qui garantirait que les fonds apportés par l’établissement marocain soient 100% halal ? A ce sujet, le banquier répond: «le problème ne réside pas à ce niveau, sinon, il faudrait aussi chercher l’origine des fonds des banques arabes qui ont investi (avec des taux d’intérêt) les pétrodollars aux Etats-Unis». Par contre, la grande question serait en fait de savoir si le secteur bancaire marocain a la capacité d’absorber une (ou des) nouvelle banque? Personne n’est aujourd’hui en mesure de donner une réponse claire et précise. Les banques n’ont pas d’idée et aucune étude n’est lancée par quiconque pour mesurer le degré d’impact de l’arrivée de ces institutions. «Il existerait un potentiel, certes. On disait la même chose au lancement des produits alternatifs, mais ce marché n’a pas vraiment évolué», lance un banquier. Il faudra donc attendre encore un peu avant de connaître les intentions des uns et des autres pour pouvoir apporter des réponses. Ce qui semble néanmoins se profiler, c’est que l’arrivée des banques participatives ne risque pas à priori de chambouler complètement le paysage du secteur bancaire. Ce n’était pas le cas des deux banques espagnoles (Caïxa et Banco Sabadell) qui sont les dernières à arriver sur le marché. « Forcément, elles se sont attaquées à une niche », lance une de nos sources. Pour les banques participatives, il dépendra alors des moyens (financiers et humains) qu’elles mettront en place. Mais quels qu’ils soient, elles ne devraient pas grignoter une énorme part de marché aux banques « classiques ». Il n’y a qu’à voir du côté de la Malaisie, l’un des pays les plus à la pointe de la finance islamique, où ce marché ne représenterait qu’environ le quart de l’ensemble de l’activité.

Qu’en pense Bank Al Maghrib ?
Selon les différentes pistes explorées pour lancer les banques participatives, la Banque centrale n’aurait pas d’a priori sur le schéma à adopter. Du fait de ses engagements d’ailleurs, elle ne peut limiter les choix qui se présentent. Elle peut autoriser à mettre en compétition plusieurs projets. Celui ou ceux retenus devront alors apporter une réelle valeur ajoutée pour être acceptés.

 
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