Affaires étrangères

Bourita : « La démarche sécuritaire du Maroc est reconnue comme une référence »

Anticipant la visite du pape François au Maroc, le Point International expose le point de vue d’un haut responsable marocain sur des sujets d’actualité, dont la lutte contre le terrorisme, la migration, les accords de pêche et le Sahara.

« Nous allons assister à la rencontre de deux autorités religieuses importantes. Le pape vient dans un pays où le chef de l’État a un statut religieux particulier et n’est pas seulement commandeur des musulmans », a souligné le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, lors d’une interview accordée au Point International, à la veille de la visite du pape François au Maroc, les 30 et 31 mars courant.

Et de préciser que « cette visite intervient dans un contexte marqué par une perte de repères, avec des extrêmes qui occupent l’espace. La personnalité, la vision de Sa Majesté le roi comme celles du pape sont nécessaires dans ce moment particulier où les voix modérées ont du mal à se faire entendre ».

La visite au Maroc du souverain pontife revêt un caractère important pour le pape, le royaume étant un pays qui joue un rôle pour des questions importantes comme la migration, la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, la compassion envers les plus vulnérables.

Bourita a aussi présenté l’approche du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme ; une approche qui repose sur plusieurs piliers, dont la formation des imams au Maroc et à l’étranger ainsi que l’action menée pour préserver l’Islam de toute forme de radicalisation. « Cela inclut la réforme du champ religieux, la gestion des mosquées, la formation des imams, l’organisation des fatwas. Tout cela a été fait. C’est devenu une référence… Sur le plan judiciaire et sécuritaire, notre approche préventive vise à démanteler les cellules de recrutement, récupérer les gens qui ont été endoctrinés, développer un système qui permet d’anticiper la menace… Cette démarche sécuritaire est, elle aussi, reconnue comme une référence ».

En ce qui concerne le phénomène de la migration, l’officiel marocain a épinglé la politique européenne pour son approche pragmatique. « L’Europe est en décalage sur trois points. D’abord par rapport à l’évolution du phénomène. La migration se passe de plus en plus entre pays du Sud. Les catégories habituelles se brouillent – le Maroc par exemple était un pays d’origine, puis il est devenu un pays de transit, et maintenant il est aussi un pays de destination. Et c’est un trafic rentable, avec beaucoup de réseaux qui s’activent pour en bénéficier, car la migration, c’est plus de 10 milliards de dollars. Le deuxième décalage de l’Europe est qu’elle continue de réfléchir en termes de frontières physiques et non pas en termes géopolitiques. Or les frontières de l’Europe géopolitique ne s’arrêtent pas en Méditerranée. Le troisième décalage, c’est que quelques partis politiques ont trouvé dans la migration une recette électorale facile et malheureusement rentable. Le débat se trouve réduit à cette question, au lieu de porter sur les problèmes de fond », a-t-il expliqué.

Interrogé sur l’inclusion du Sahara sans les derniers accords de pêche signés entre le Maroc et l’UE, Bourita a affirmé que « le Maroc n’est pas prêt à s’engager dans des partenariats qui ne respectent pas son intégrité territoriale ». Et de préciser que « le Maroc et l’UE ont démontré que leur partenariat a de la résilience et des outils pour s’immuniser contre des attaques, car il est tellement nécessaire pour la stabilité et la sécurité de l’espace euro-méditerranéen qu’on ne peut pas le sacrifier sous prétexte que des mauvais perdants souhaitent le bloquer ».

 
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