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Bourse : oui, c’est aussi pour les PME

Malgré les avantages financiers, fiscaux et même une subvention de la Bourse, les entreprises refusent de s’introduire. L’effort de transparence serait le plus grand frein.

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ire que la bourse est réservée aux grandes entreprises fait froncer les sourcils à Badr Benyoussef, le directeur du développement de la Bourse de Casablanca. Et d’entrée de jeu, il précise que dans les dernières années, on a vu s’introduire en bourse au moins une dizaine de petites et moyennes entreprises. Et certaines de PME sont juste passées d’un statut d’outsider à celui de leader grâce à la notoriété tirée de l’acte de cotation. «C’est le cas notamment du producteur de peinture Colorado ou du désormais leader du secteur du couscous et pâte alimentaire, Dari Couspate», souligne-t-il.

Evidemment, cela ne dédouane pas la bourse du fait que les règles ne sont tout à fait taillées pour les petites entreprises. En effet, il faut par exemple que les sociétés introduites aient un capital de 3 millions de dirhams et que le montant minimum à lever dans le cadre d’une introduction soit de 10 millions de dirhams. Dans le cas d’une émission obligataire, ce minimum est même de 20 millions de dirhams. Dès lors, «on s’écarte légèrement ce que l’on pourrait entendre par PME», explique-t-il. Et, on ne saurait pas y inclure les TPE.

Il faut, évidemment prendre les mesures qui s’imposent pour que la Bourse puisse accueillir les PME et que l’effort de relations publiques de la bourse soit enfin couronné de succès.

Car, chaque année, la bourse s’en va à la rencontre des branches régionales de la CGEM. Plus de deux cents entreprises sont contactées, mais il n’y a que très peu de répondant, malgré les nombreux avantages qu’offre la bourse notamment, financiers et fiscaux, voire sous forme de subventions.

Car, un financement via la bourse ne coûte que 2,5% du montant global en une seule et unique fois. Alors que les autres types de financement, notamment bancaires, peuvent aller jusqu’à 7% annuellement pour les PME, dans le contexte actuel. De plus, l’introduction en bourse est synonyme de réduction des impôts entre 25% et 50% et pour une durée de trois exercices fiscaux. Enfin, la bourse est même prête à subventionner les frais d’introduction jusqu’à hauteur de 500.000 dirhams.

Malheureusement, et malgré tous ces arguments, ce n’est toujours pas la ruée. L’une des raisons, serait peut-être que la bourse demande beaucoup d’efforts de transparence et de communication. Cela engendre des coûts cachés et une certaine lourdeur. Et la nouvelle loi en projet sur les sociétés anonymes, les seules à pouvoir s’introduire en bourse, demande même que l’entreprise mette en place un comité d’audit dans ses organes de gouvernance. Plus aucune PME ne s’introduira dans ces conditions.

Faut-il alors que l’on ouvre la voie aux sociétés à responsabilité limitée ? La bourse ose bien poser cette question, même s’il est peut probable qu’elle trouve une réponse.  

 
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