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Diplomatie culinaire : le succès du premier festival

C’était une première dans le monde de la diplomatie. Inviter le thème des arts culinaires à la table des diplomates en faisant appel à l’histoire et à la géographie comme témoins de cette relation qui a toujours existé entre le maitre de la cuisine et son excellence monsieur le diplomate, est nouveau. La région de Fès a accueilli le premier festival de cet art dans sa relation avec la fonction assignée à ceux qui représentent leurs pays à l’extérieur. par driss al andaloussi

Il s’agit bien sûr et avant tout d’un travail sur la mémoire et sur les pratiques qui ont contribué à faire grandir des civilisations. Il était évident dès le début, que la tâche ne serait pas facile et qu’il faut convaincre beaucoup d’acteurs de l’importance et de l’originalité de la démarche. Heureusement que les adeptes se sont multipliés et ont fini par donner au concept de la diplomatie culinaire son premier festival au Maroc. Les héritages ne pouvaient ne pas être appelés à la démonstration. Les cartes et le planisphère d’Al Idrissi, le grand géographe, ont été exposés le long du festival. Des films, des démonstrations, des formations, des dégustations et des découvertes culturelles ont formé un bouquet dont les parfums ont envahi cœurs et palais.

Une implication des autorités à la hauteur de l’évènement
L’occasion a été propice pour mettre en relief un patrimoine et une région. Le maire et le Wali de Fès ont dit oui à l’initiative, l’ont accompagnée et lui ont donné crédibilité et réussite. Une telle initiative ne pouvait ne pas être supportée tant ses retombées futures seraient grandes sur le secteur du tourisme et sur la promotion de la formation de nos jeunes ayant des penchants culinaires. Le thème de la création d’une académie Royale des arts culinaires a été maintes fois soulevé surtout que le cas du Royaume d’Espagne a été présenté comme une réussite dans ce domaine.

Vers un travail de structure sur l’art culinaire
Les discussions qui ont enrichi les rencontres organisées lors du festival, ont porté sur les différents aspects du thème du festival. Les exemples historiques ont été amplement évoqués et aussi les dysfonctionnements qui caractérisent les systèmes d’alimentation dans beaucoup de pays. La « malbouffe » et les mauvaises expositions de notre patrimoine culinaire et notamment dans certains lieux à l’étranger, ont été décriées par certains intervenants. Les pavillons qui représentent le Maroc à l’étranger et notamment dans certains hauts lieux d’animation aux USA , dénaturent l’art culinaire marocain et portent ainsi atteinte à une qualité qui a toujours été reconnue à nos femmes et hommes artistes culinaires. Les Marocains et notamment les jeunes immigrant vers le Fast Food et les « les alimenteurs » occupent le terrain avec de mauvais produits. Les maitres marocains et étrangers présents ont insisté sur la nécessité de s’imprégner de la tradition avant d’innover. Ils ont montré l’intérêt d’écrire nos recettes et de décrire les processus de création de nos produits. Finalement, il a été démontré que l’art culinaire peut contribuer à faire sortir le monde de son fossé conflictuel vers d’autres aires d’amitié et de compréhension, en tant que véhicule de la cohésion.

Une première édition…un bon départ
La première édition n’était qu’un départ pour une activité qui a allié culture, art culinaire, savoir-faire, données historiques et géographiques et aussi des passions pour inscrire l’art culinaire dans une perspective de paix et de relations durables entre les peuples. Durant les quatre jours du festival qui a été co présidé par Fawzi Skali et Kamal Lahlou, les participants venus du Maroc et de l’étranger ont apprécié l’idée du festival et ont exprimé leurs souhaits de voir ce festival nouer des relations plus larges dans le monde. La paix et la diplomatie sont essentielles pour l’épanouissement du monde et des humains. Toutes les guerres finissent entre les mains des diplomates et ceux-ci créent durant leurs négociations des liens qui se renforcent autour des tables et des moments de partage des produits de la terre. Après les expositions, les projections de films, la musique portée par des voix turques, espagnoles, judéo-arabes et amazighes, la province de Sefrou a offert aux pèlerins de l’art culinaire et de la diplomatie, l’occasion d’espérer une continuité pour ce festival. Les mains des cuisinières et cuisiniers de cette ville historique et toujours connue par son festival de cerises et de sa reine, ont investi palais et mémoires pour dire que la terre sefriouie et les responsables publics et à leur tête le gouverneur Abessalam Zougar, font partie de ce projet culinaire, diplomatique et économique. Les hauteurs de Sefrou ont offert d’autres perspectives pour la deuxième édition du festival. Les recommandations vivement exprimées par tous les participants ont essentiellement porté sur la création d’une académie Royale des arts culinaires au Maroc.

 
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