Les chroniques de Jamal Berraoui

Education. Des semaines décisives [Par Jamal Berraoui]

L’opinion publique se saisit, une nouvelle fois, du phénomène de la triche aux examens et de l’ingéniosité sans cesse renouvelée des tricheurs. Il s’agit d’un véritable marronnier, un sujet qui revient sur la table chaque fin d’année scolaire.

On ne peut appréhender ce phénomène de manière isolée. C’est l’une des manifestations d’un affaissement des valeurs au sein de la société. Certains parents vont même jusqu’à revendiquer un droit de la triche pour leurs enfants. Une société aussi permissive face au déni de la valeur travail que constitue la triche est inquiétante à plusieurs titres. Parler de méritocratie à des gens convaincus que tricher est moral est un non-sens.

L’autre phénomène révélé par l’étendue de la fraude, c’est la quasi-disparition de l’autorité en milieu scolaire. Les enseignants avouent une peur physique qui les incite à regarder ailleurs au lieu de surveiller les candidats, souvent accompagnés de délinquants qui agissent comme une force de dissuasion. Ce langage guerrier correspond parfaitement à la situation dans plusieurs lycées.

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Parce que c’est un phénomène de société, son traitement sera très lent, nécessitant une prise de conscience citoyenne. Mais pendant qu’on disserte sur les tricheurs, on ne répond pas à la question lancinante qui est : que faire de nos bacheliers ? La sélection à l’entrée très sévère parfois même burlesque, il faut 18 de moyenne pour faire architecture par exemple, renvoie la grande masse vers les filières dites générales.

Le taux de déperditions y est énorme. Près de la moitié des inscrits ne dépassent jamais la première année. Ceux qui s’accrochent ont d’énormes difficultés à trouver un emploi. Les formations plus courtes, où il y a un vrai besoin du marché ne sont pas attractives parce qu’il n’y a pas de passerelles prévues pour les éléments ambitieux.     

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Si on n’a rien préparé pour cette rentrée, on perpétue les déperditions. Or, aucun dispositif n’a été annoncé. La triche ne doit pas cacher les défaillances structurelles de l’enseignement supérieur. Nous dépensons des milliards pour financer une catastrophe avérée. Si on refait le même match, c’est que la réforme n’a pas commencé. Faut-il l’accepter comme une fatalité ?

 
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