Coopération

Chine-Afrique. Un réel destin commun

Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le vice-ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, SEM Deng Li, est largement revenu sur l’importance accordée aux relations sino-africaines, sur l’évolution de ces dernières, leur exemplarité, leur futur, leur place dans l’architecture géopolitique actuelle.

Vieilles de plusieurs siècles, les relations entre la Chine et l’Afrique n’ont jamais été aussi fortes qu’au cours des quinze dernières années. Le niveau d’engagement de l’empire du Milieu sur le continent a atteint des niveaux inédits. Cette offensive est menée à la fois par les entreprises publiques et privées, les décideurs politiques et les diplomates, et est autant le fruit d’actions spontanées que d’une stratégie bien pensée par Pékin. Depuis quelques décennies, la Chine vise à surclasser les ex-puissances coloniales en Afrique. Présente dans la quasi-totalité des pays africains, elle y développe de nombreuses activités et dans des secteurs aussi diversifiés que le commerce, l’énergie, l’éducation, la santé, les marchés publics, les grandes infrastructures, etc. Les relations sino-africaines ne reposent pas sur une idéologie visant à étendre la domination de la Chine sur l’Afrique. Elles sont avant tout fondées sur des liens de compréhension, d’entente et de solidarité, qui se sont forgés et se sont consolidés à travers le temps.

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La stratégie chinoise de coopération, par ses principes et ses mécanismes, représente un atout majeur pour le développement de l’Afrique. Si elle séduit les Africains, c’est parce que la Chine partage avec le continent une histoire coloniale, un vécu qui la positionne de plus en plus aujourd’hui comme un véritable modèle de développement pour l’Afrique. La réussite de la Chine, aujourd’hui puissance économique mondiale, nourrit les espoirs d’un lendemain meilleur chez les Etats africains qui, comme elle, ont été soumis à la colonisation européenne. La Chine propose aux États africains un partenariat non pas fondé sur l’assistanat ou le paternalisme, mais sur la liberté de faire des choix judicieux qui répondent à leurs préoccupations.

En ce 21ème siècle, dans un contexte mondial marqué par la crise sanitaire, l’amitié entre la Chine et l’Afrique est sortie renforcée du test du COVID-19 apparu en 2020. Partageant une identité commune en tant que parties intégrantes du monde en développement, la Chine et l’Afrique ont compris la responsabilité de faire progresser les intérêts des pays africains en développement. Dans ce sens, la tradition de coopération étroite, mutuelle, entre  la Chine et l’Afrique a été davantage impulsée ces dernières années.

Ainsi la Chine a été le premier pays du monde à organiser avec l’Afrique un sommet consacré à une réponse sanitaire forte à la pandémie Covid-19. Et concrètement, la Chine a dépêché des équipes médicales, jumelé des hôpitaux chinois et africains, offert des fournitures médicales indispensables et travaillé avec l’Afrique sur des vaccins. Chine et Afrique ont également intensifié la mise en œuvre du suivi du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC), érigeant les soins de santé en priorité absolue, et rappelantque la Chine avait signé des accords de suspension du service de la dette avec douze pays africains, et annulé le paiement de prêts sans intérêts pour 15 pays africains.

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La coopération sino-africaine se concentre en permanence sur la clé que constitue le développement. Actuellement les deux partenaires coopèrent dans les trois domaines prioritaires de la coopération vaccinale, de la relance économique et du développement, afin de bâtir un nouveau consensus autour de la solidarité, de faire avancer cette coopération et d’engager de nouveaux relais de croissance, profitables à la population africaine. L’Afrique est le continent qui regroupe le plus grand nombre de pays en développement,  le  développement  demeurant incontestablement la question majeure et la plus récurrente dans les pays africains. 

Entre l’Afrique et la Chine existe une relation reposant sur un socle de valeurs sans cesse réaffirmé, à savoir « harmonie », « sincérité », « égalité », « respect mutuel », « amitié et bonne foi ». A l’opposé de bien d’autres partenaires, effectifs ou potentiels, la Chine apporte son aide aux pays africains sans interférer, en aucune façon, dans leurs affaires intérieures, respectant le principe de non-ingérence. Ainsi, et contrairement à bon nombre de puissances étrangères, la Chine ne s’est pas accaparé les vaccins, n’en a pas privé les pays aux ressources limitées.  Elle a procédé très tôt à l’approvisionnement de l’Afrique en vaccins. Plus de 200 millions de doses ont été fournies au continent et des projets de développement de vaccin existent au Maroc, en Egypte et en Algérie. La Chine a décidé de venir en aide à l’Afrique, considérant que l’insécurité d’une région impacterait la sécurité du monde.

Aujourd’hui la Chine constate que plusieurs autres puissances s’intéressent de très près à l’Afrique. Un intérêt qui ne la préoccupe nullement et qu’elle voit plutôt vu d’un très bon œil,  estimant que cet intérêt est d’abord synonyme d’une terre de développement, d’un continent de tous les espoirs. Pour la Chine, soutenir le développement de l’Afrique est une responsabilité collective de la communauté internationale. La coopération sino-africaine n’a jamais été une coopération fermée ou exclusive. La Chine prône l’ouverture et en reste convaincue, estimant que l’Afrique se doit d’être ce terrain propice aux coopérations internationales et en aucun cas un champ de bataille entre les grandes puissances.

La coopération sino-africaine se veut, et donne l’exemple pour la construction d’un nouveau type de relations internationales. Aujourd’hui, confronté à des transformations majeures et à une pandémie jamais connues depuis un siècle, ainsi qu’à un bras de fer acharné entre le multilatéralisme et l’unilatéralisme, le système de gouvernance mondial traverse de profondes turbulences et appelant à des ajustements sans précédent. Dans ce contexte, la coopération sino-africaine démontre de plus en plus son influence internationale singulière et sa valeur unique. Dans la nouvelle ère qui se profile, la Chine et l’Afrique s’engagent à travailler ensemble, main dans la main, durablement,  pour pratiquer le véritable multilatéralisme, augmenter la représentation et le droit à la parole des pays en développement dans les affaires internationales, et promouvoir la construction d’un nouveau type de relations internationales caractérisé par le respect mutuel, l’équité, la justice et la coopération gagnant-gagnant.

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Pour ouvrir de nouvelles perspectives au nouveau partenariat stratégique sino-africain, Chine et Afrique auront à renforcer leur confiance mutuelle sur le plan politique, à élargir leur coopération pragmatique, à multiplier leurs échanges socio-culturels, à maintenir la coordination et la coopération dans les affaires internationales, à aller plus loin dans leur coopération dans les domaines de l’investissement et du financement afin  de soutenir le développement durable en Afrique, l’intégration africaine et aider le continent à relever sa capacité de développement collectif et promouvoir la paix et la stabilité pour créer un environnement sûr pour l’essor du continent.

Les objectifs futurs sont d’ores et déjà définis. Augmenter les investissements croisés, transformer les « zones de coopération économique » chinoises en Afrique en « zones de démonstration de la coopération Chine-Afrique sur la chaîne industrielle et d’approvisionnement », doper les échanges commerciaux, aller vers une croissance verte, réduire les droits de douane, promouvoir les produits africains en Chine, aider à la mise à niveau technologique du continent, tracer des routes logistiques efficaces et sûres, soutenir les dettes locales africaines, et faciliter l’accès aux différents marchés africains et chinois.

Au regard de cette formidable et plus que prometteuse stratégie de coopération sino-africaine, au regard des gigantesques et  réelles avancées, et au regard tout simplement d’une relation d’affection qui lie Chine et Afrique, nul doute que le proverbe africain ‘’tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin’’ a tout son sens en terre africaine, tout son sens dans ce que défend la Chine pour voir le continent définitivement émerger, notamment un réel multilatéralisme et une nouvelle forme de relations internationales qui donneraient à l’Afrique sa voix, son poids, et lui laisseraient opérer ses propres choix. Et l’expérience de la Chine avec le continent en illustre plus que tout, autant l’intérêt que l’impératif.   

 
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