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Civisme, vous avez dit civisme ?

 Smartphones dernière génération, voitures somptueuses et boutiques luxueuses.  Le marocain, bien plus que n’importe quel autre tiers-mondiste, essaye tant bien que mal de créer un paysage se rapprochant au maximum de cet idéal occidental en imitant inlassablement ses voisins européens. Le décor est parfait, mais le jeu d’acteur du citoyen du plus beau pays du monde laisse à désirer. Rattrapé souvent par son manque de civisme archaïque, il finit par offrir des scènes d’un humour acceptable certes, mais entachées d’anachronismes spectaculaires.

Faire la queue n’a jamais été un plaisir, cela peut même s’avérer être un exercice périlleux dans quelques endroits. Toutefois, l’être humain s’est vu doté au fil du temps par la nature d’une vertu appelée patience afin de survivre à ce genre de processus. L’évolutionnisme Darwinien est mis à rude épreuve par l’existence d’une espèce apparemment humaine qui n’adhère pas forcément à cette convention et sur laquelle la sélection naturelle n’a aucun effet. Pour des raisons qui ne vous regardent pas, ces spécimens sont toujours plus pressés que vous et leur temps est plus précieux que le vôtre. Quand ils n’arrivent pas à jouer des coudes pour se faire une place au-devant de la file d’attente, ils chargent leur progéniture de le faire, leur apprenant ainsi les premières joies du non-civisme.  Quand ces deux stratagèmes ne marchent pas, il leur arrive dans de nombreuses situations de formuler littéralement leur envie de passer devant vous. En cas de refus, soyez prêts à être foudroyé du regard. Cette réaction primitive peut être remarquée au 21ème siècle, dans des endroits tels que les hypermarchés (Une invention qui date de 80 ans seulement). Je ne crois plus qu’il s’agit d’anachronisme mais d’une erreur de casting.

D’autres comportements peuvent être perçus sur les routes et surtout aux feux rouges. Les prouesses matinales de l’orchestre philharmonique marocain des klaxons par exemple. Aidé par un peu de bonne volonté, on peut expliquer cet exercice le matin par des neurones pas encore réveillés ou le stress de se pointer à temps là où on est attendu. Mais cette explication n’est pas applicable quand ce phénomène se répète le soir. Certes, on montrera de l’indulgence quand cela se produit le vendredi soir puisque tout le monde est pressé de rentrer pour assister à l’émergence d’un éventuel nouveau talent marocain dans l’émission Arab Idol. On fêtera sa victoire (ou sa défaite lors de la finale, cela dépend !), on le portera sur une âammaria et après il profitera de la première occasion pour s’approprier la nationalité de l’un de ces pays arabes connus principalement par la curieuse manie de porter des formes de zéro sur la tête,  et une forte admiration pour la féminité marocaine. Trêve de divagation. Même les adeptes des théories du complot ne pourraient trouver une explication à l’absence du civisme quand il se présente sous forme de klaxons incessants quand le feu passe au vert. Encore moins quand il est toujours rouge. Un comportement tellement absurde, que je compatis, et je me trouve soudainement envahi par l’envie de prendre ces gens par la main pour aller prendre un café et fouiller dans leur vie pour savoir quels sont les antécédents médicaux familiaux qui conduisent à un daltonisme passager ou les évènements qui peuvent se produire dans une vie qui font que cette personne est en ce moment entrain de klaxonner devant un feu rouge.

On peut écrire en long et en large sur ces comportements qui transgressent les conventions basiques du civisme, mais je préfère finir par une pratique nationale nauséabonde. Un jour Sigmund Freud a dit « Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation. ». Un marocain a entendu « Le premier homme à jeter les ordures dans la rue plutôt que dans une poubelle est le fondateur de la civilisation. ».  Pire encore, ce genre d’individus est souvent amnésique. Quand il repasse par la même ruelle qu’il a lui-même  pris le soin de polluer, il maudira la commune, le pays, et tous ceux qui participent à ce festival d’odeurs, mais ne se remettra jamais en question. Il finit par prendre sa voiture, prend un mouchoir pour s’essuyer la main et le jette en l’accompagnant de son gobelet de Milk Shake de la veille sans le moindre regret.

Il suffit de dire que toutes ces scènes se passent dans le tiers-monde pour atténuer leur absurdité. Encore faut-il rappeler que les protagonistes sont des gens qui utilisent des IPhone 5 ? Ils conduisent des voitures allemandes ? Ils font du shopping chez des marques mondialement connues ? Anachronisme vous dites ? Moi je dis faille spatio-temporelle.

 
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