Audiovisuel

Couverture des élections législatives, régionales et communales. Le constat de la HACA

La Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) vient tout juste de publier la compilation et la synthèse de toutes les données chiffrées relatives à la couverture des élections législatives, régionales et communales générales du 8 septembre dernier via les services radiophoniques et télévisuels. Les détails.

Un document qui, concrètement, présente les données concernant la couverture médiatique des élections sur une période de 38 jours, englobant la période de la précampagne électorale allant du 1er août au 25 août 2021, la période de la campagne officielle du 26 août au 07 septembre 2021 et le jour du scrutin, à savoir le 8 septembre dernier. Le suivi exhaustif de cette couverture médiatique a permis de faire ressortir les principaux constats suivants :

80% des radios et télévisions ont couvert les élections

Dans le détail, 5 télévisions et 15 radios publiques ainsi qu’une télévision et 12 radios privées ont participé à la couverture des élections législatives générales, régionales et communales de 2021, contribuant à la promotion de la participation et de la mobilisation citoyenne lors de ce processus électoral. Selon la HACA, ces médias ont programmé de nouvelles émissions dédiées aux élections, en vue d’ajuster leur offre d’information.

Ainsi, en dehors des spots de sensibilisation à l’importance de la participation citoyenne et les capsules d’explication relatives au déroulement du scrutin, 2 238 programmes, soit 458 heures de temps d’antenne au total, en lien avec les différents aspects et thématiques du processus électoral ont été recensées, dont 519 éditions de magazines d’information et de débat ainsi que 1 719 journaux et bulletins d’information. Le temps d’antenne quotidien moyen occupé par les interventions audiovisuelles des personnalités partisanes s’est élevé à cinq heures, contre environ une heure en période normale (hors élections).

Quid de l’accès équitable des partis politiques aux médias ?

C’est la décision du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle que de fixer les normes de l’accès équitable aux médias audiovisuels par les partis politiques participant aux élections, et ce, en prenant en considération deux éléments : à savoir la répartition des partis politiques, sur la base de leur représentativité parlementaire, en trois catégories, chacune devant bénéficier respectivement de 50%, 30% et 20% du temps d’antenne des programmes de la période électorale. À cela s’ajoute la répartition du temps d’antenne alloué à chacune des trois catégories, en parts égales entre les partis politiques appartenant à une même catégorie.

Ainsi, la première catégorie de partis, constituée des six formations disposant d’un groupe au sein de l’une des deux chambres du Parlement, a bénéficié de 47% du temps d’antenne global alloué aux partis politiques participant au scrutin. Les neuf partis représentés au Parlement, mais n’ayant pas de groupe propre, dans la deuxième catégorie, ont bénéficié ensemble de 29% du temps d’antenne global. Ce constat montre que les temps d’antenne effectivement utilisés par les partis de ces deux catégories sont très proches des quotas prévus par la décision du Conseil Supérieur fixés respectivement à 50 % et 30 %.

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La troisième catégorie, formée des 17 partis politiques non représentés au Parlement, a quant à elle obtenu 24% du volume global du temps d’antenne, une part qui dépasse le quota de 20% prévu par la décision du Conseil Supérieur en faveur de cette catégorie. Ce supplément de temps d’intervention a été le fait de radios privées qui ont beaucoup sollicité des représentants de ces partis non représentés au Parlement.

Concernant la répartition égale des temps d’antenne des partis appartenant à la même catégorie, et bien que tous les partis participant aux élections aient bénéficié d’un accès aux programmes audiovisuels de la période électorale, la HACA a souligné certaines disparités au niveau des temps d’antenne effectivement utilisés par les partis politiques. Questionnés à ce propos par le Comité Veille et vigilance « ad hoc » de la HACA, les opérateurs audiovisuels ont donné plusieurs explications liées notamment à des difficultés de communication avec certaines formations politiques (un parti politique, par exemple, est resté injoignable pendant toute la campagne), des désistements tardifs de représentants de partis politiques  à des invitations des radios et télévisions, ou encore l’incapacité de certaines formations à désigner des représentants amazighophones pour intervenir dans les médias.

La faible représentativité médiatique des femmes

Les femmes ont représenté 19% du total des 1012 personnalités publiques (politiques, universitaires, professionnels et société civile) qui ont pris la parole dans les émissions de radio et de télévision liées aux élections. Cet effectif se compose de 112 personnalités féminines membres de partis politiques et de 86 intervenantes sans lien avec les partis, dont la moitié se sont exprimées au nom de la société civile. La présence des femmes dans les programmes de la campagne électorale officielle a représenté 32% de l’ensemble des participants à ces programmes.

Il est apparu, à la suite des recoupements effectués par la HACA, que le faible niveau de représentation des femmes dans les programmes audiovisuels de la période électorale n’est pas forcément imputable aux choix éditoriaux des radios et télévisions. La place réelle qu’occupent les femmes au sein des hiérarchies et organes dirigeants des partis politiques et les possibilités qui leur sont permises de se retrouver porte-parole de leurs formations sont des facteurs qui expliquent également cette sous-représentation.

La parole aux jeunes

Le rapport de la HACA a recensé 369 contenus radiophoniques et télévisuels ayant donné la parole à des jeunes à propos de questions relatives aux différentes étapes, opérations et thématiques du processus électoral, soit 20% du volume total des programmes où des intervenants ont pris la parole.

Toujours selon l’analyse de la HACA,  environ la moitié des programmes de la campagne officielle (capsules d’expression partisane directe, invités aux journaux parlés et télévisés et couverture des meetings) ont représenté de jeunes membres de partis politiques.

La prise en compte des personnes en situation de handicap

La HACA dit avoir pris acte des efforts particuliers déployés par les services de l’audiovisuel public, en particulier la chaine de télévision Al Aoula, pour assurer un usage de la langue des signes permettant aux personnes sourdes et malentendantes d’accéder à leur droit citoyen d’accès à l’information électorale. La langue des signes a été intégrée dans 174 contenus liés au processus électoral, dont notamment les journaux d’information de la chaîne Al Aoula. D’autre part, il a été relevé que seul un parti politique a utilisé la langue des signes dans les interventions télévisées qui lui ont été allouées, dans le cadre des programmes de la campagne électorale officielle.

La diversité linguistique et géographique mise en avant

92% des programmes de la période électorale ont été diffusés dans les deux langues officielles, l’arabe et l’amazigh. L’arabe a représenté les trois quarts de ce volume horaire, sachant que 30 services sur 33 l’ont employé dans l’animation de la période électorale, alors que la langue amazighe a été utilisée par 10 services, dont deux radios privées à vocation régionale et locale.

Complémentarité entre médias audiovisuels publics et privés ?

Les chaînes publiques de radio et de télévision ont, dès le début de la période électorale le 1er août 2021, adopté une programmation spécifique comportant plusieurs programmes dédiés aux élections. Au total, 296 heures de temps d’antenne ont été consacrées à ces programmes ayant traité des élections en tout ou en partie.

Le volume horaire global consacré aux élections par les services de radio et de télévision privés s’est élevé à 162 heures, soit 4 heures 15 minutes en moyenne quotidienne. Ces services audiovisuels privés ont par ailleurs diffusé 45% des 190 heures allouées aux meetings et activités des partis politiques participant aux élections (hors rediffusions).

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En ce qui concerne la prise en compte de la dimension locale dans la programmation des programmes électoraux, il a été relevé que certaines radios privées à couverture régionale et locale ont veillé à donner la priorité dans leur programmation, aux questions d’intérêt public et locale.

Toutefois, au regard de la nature des thématiques fréquemment abordées et des statuts institutionnels des intervenants et invités dans les émissions électorales, la HACA souligne que les enjeux économiques, démocratiques, et sociaux locaux ont été peu reflétés. Cela dit, la Haute Autorité souligne qu’uncertain effort de proximité et d’inclusion a été fourni par certains supports, à travers des reportages sur le terrain, quelques débats en présentiel et des interventions à distance notamment de Marocains du monde.

Peu de débats contradictoires

Le suivi des programmes des radios et télévisions consacrés à la question électorale a montré une faible présence de débats contradictoires entre candidats de partis politiques. Même dans les programmes où sont intervenus concomitamment, plusieurs candidats ou représentants de partis, la HACA précise que les échanges ont été peu interactifs et se sont succédé d’une manière qui ne permet pas au public d’accéder à des contre-argumentations susceptibles de l’aider à se forger une opinion précise sur les questions exposées. 

Des initiatives pour contrer les fausses nouvelles

La HACA a relevé certaines initiatives prises par quelques services audiovisuels, visant à démentir deux fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux. La première concernait la nouvelle de l’assassinat d’un président de conseil communal dans la région de Taounate, pour des raisons en liaison avec la compétition électorale. La seconde avait trait à la diffusion d’un document, fallacieusement présenté comme étant le bulletin de vote officiel qui serait adopté lors des scrutins du 8 septembre 2021.

Une plainte enregistrée par la HACA durant cette période

Durant la période des élections, le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle n’a été saisi que d’une seule plainte, déposée par un parti politique participant aux élections à propos d’un contenu électoral diffusé par une chaîne de télévision publique le jour du scrutin. Le Conseil Supérieur a statué sur la plainte et a notifié sa décision au parti plaignant et à la chaine de télévision concernée.

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À noter que le Conseil Supérieur a également décidé de traiter un certain nombre d’auto-saisines concernant divers programmes de radio et de télévision, dont certains diffusés pendant la période électorale et d’autres le jour du scrutin. Toutes ces émissions comportaient des écarts par rapport aux règles édictées par la décision du Conseil Supérieur relative à la garantie du pluralisme de l’expression politique dans les services de communication audiovisuelle pendant les élections législatives, régionales et communales générales de 2021.

La HACA pleinement mobilisée pour ses élections

La HACA souligne avoir mobilisé son effectif et ses moyens techniques etlogistiques pour assurer unecouverture médiatique optimale des élections générales du 8 septembre dernier. Le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle a ainsi siégé en session ouverte tout au long de la période électorale pour pouvoir statuer en urgence sur les questions qui lui ont été soumises en rapport avec le déroulement de la campagne électorale dans les médias audiovisuels. Par ailleurs, une cellule de Veille et d’Accompagnementmobilisant une trentaine de cadres, a été mis en place afin d’assurer un suivi en temps réel de tous les programmes de radio et de télévision pendant cette période électorale, tout en assurant une communication continue avec les opérateurs audiovisuels.

 
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