Les chroniques de Jamal Berraoui

Covid-19 : et si on évaluait les mesures ?

Face à la pandémie, personne, nulle part, n’a de recette miracle. Ceux qui ont opté pour le confinement l’ont fait pour éviter l’implosion du système sanitaire, avec des coûts économiques, sociaux, psychologiques, colossaux. Il faut se rendre à l’évidence, ce virus est là pour durer et il faut apprendre à vivre avec.

Au Maroc, on se ment depuis le déconfinement. Nous avons confiné alors que la situation était maîtrisée, que les chiffres étaient très bas, les marocains ont adhéré, Etat, ONG, citoyens ont fait preuve d’une grande solidarité. Mais il y a le temps et l’usure. La sortie n’a pas été préparée et les chiffres remontent dangereusement. Il est trop tard pour critiquer des décisions qui ont été prises il y a quelques mois, parce que le temps est accéléré et que cela ne sert à rien.

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Nous avons un taux de létalité élevé, cela n’inquiète pas le ministre de la Santé, selon sa déclaration devant le Parlement. Qu’il soit courageux et qu’il nous dise à quelle barre de morts marocains par jour, il sera inquiet, 100 ? 150 ? Moi, mille morts par mois cela me fait peur, mais je ne suis qu’un citoyen parmi les millions, un pauvre macadam cow-boy.

Nous avons adopté la solution des confinements ciblés. C’est une théorie séduisante. Sauf que cela ne marche pas et pour diverses raisons. A Casablanca,  les chiffres, catastrophiques, sont stables. Pourtant depuis deux semaines, cette ville est censée être sous cloche. Censée, parce que les routes ne sont pas fermées, à part quelques minutes par jour, que les restrictions sont très formelles, parce qu’inapplicables. C’est une ville de 7 millions d’habitants dont la moitié vit de la débrouille, du système D.

Qu’est-ce qu’on fait ? On rajoute quinze jours. C’est juste de la folie. Einstein disait « répéter les mêmes erreurs et attendre d’autres résultats est un signe de folie ». Dans deux semaines la situation sera pareille, voire pire.

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Et si on tentait une autre politique, celle de responsabiliser le peuple ? C’est possible, mais il faut changer de braquet. Les « Al Hamdou Lilah » d’El Othmani ne font pas l’affaire. Il faut dire aux marocains la vérité. Notre capacité hospitalière est très faible, il n’y a ni vaccin, ni médicament, le seul moyen d’éviter la casse c’est le comportement individuel. Dire les choses crûment, en toute transparence, anoblit les politiques. Ces mesures qui ne servent à rien, creusent le fossé entre les institutions et la population, sont débiles.

 
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